Frédérique (Mendès)

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PhilomélaJ. Hetzel, libraire-éditeur (p. 165-166).

FRÉDÉRIQUE



Un soir, en visitant la vieille cathédrale
Gothique, dont j’aimais les clochetons sans pairs,
Au bas de l’escalier qui se tord en spirale,
Je te vis, ô ma douce Allemande aux yeux pers !


Lasse, tu t’accoudais à la pierre murale,
Pauvre ange endolori tombé des cieux aperts !
Et ton regard tout plein de candeur aurorale
Éclaira doucement la nuit où je me perds.

Goutte de miel échue à mon âpre calice !
J’aspirai, parmi l’air qu’embaume l’encensoir,
Tes cheveux odorants comme un acacia.

Tu priais, à genoux sur une pierre lisse,
Et près de toi, dans l’ombre, étant venu m’asseoir,
Je te dis : Liebst du mich ? tu me répondis : Ia !