La nonne (Mendès)

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PhilomélaJ. Hetzel, libraire-éditeur (p. 163-164).

LA NONNE



Le cloître haut bâti, parmi les avalanches,
Élève ses clochers pointus comme des mâts ;
Dieu, par les prés de neige et les champs de frimas,
Fait paître le troupeau de ses ouailles blanches.


Le voile sur le front, la corde sur les hanches,
La procession passe en réguliers amas.
Hélas ! sœur de ma sœur, ô seule qui m’aimas !
Ton lit, comme un cercueil, est fait de quatre planches.

Le scapulaire au col et le cilice aux reins,
Tu savoures la paix gravé du monastère,
Selon le rit, au bruit des lugubres airains.

Moi, je m’enivre encor des choses de la terre :
Souviens-toi du pécheur dans tes rêves sereins,
Ô femme qu’assainit un jeûne salutaire !