Gay-Lussac (Arago)/11

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Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciencesGide3 (p. 46-48).
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BAROMÈTRE À SIPHON. — MODE DE SUSPENSION DES NUAGES. — NUAGES ORAGEUX. — DIFFUSION DES GAZ ET DES VAPEURS. — CHALEUR CENTRALE DU GLOBE.


Gay-Lussac publia, en 1816, la description d’un baromètre portatif à siphon qui s’est fort répandu, surtout depuis quelques améliorations que l’artiste Bunten lui a fait subir.

Ce n’est pas le seul service que notre ami ait essayé de rendre à la météorologie.

Dans une Note insérée, en 1822, au tome xxi des Annales de chimie et de physique, il a fait connaître ses idées sur le mode de suspension des nuages. En voyant le mouvement ascensionnel que le courant ascendant atmosphérique donne aux bulles de savon, évidemment plus pesantes que l’air, il croit pouvoir attribuer à ce même courant la suspension des molécules vésiculaires aux élévations les plus considérables.

Avant cette époque, en 1818, dans une lettre adressée à M. de Humboldt, Gay-Lussac avait cherché les causes de la formation des nuages orageux. Suivant lui, l’électricité, habituellement répandue dans l’air, suffit pour rendre compte des phénomènes présentés par ce genre de nuage. Lorsque les nuages orageux sont d’une grande densité ils jouissent des propriétés des corps solides, l’électricité primordialement disséminée dans leur masse se porte à la surface et y possède une grande tension, en vertu de laquelle elle peut vaincre de temps en temps la pression de l’air et s’élancer en longues étincelles, soit d’un nuage à l’autre, soit sur la surface de la terre.

On voit combien ces idées sont différentes de celles de Volta, le maître à tous en matière d’électricité. Quel que soit le jugement que l’on veuille porter sur les théories rivales, on reconnaîtra que dans la discussion de ce que Gay-Lussac appelle ses conjectures, il s’est montré très-habile logicien et parfaitement au courant des propriétés les plus subtiles du fluide électrique.

Parmi les recherches de notre ami, destinées à éclairer les points les plus délicats de la météorologie, nous devons citer aussi celles qui concernent la vaporisation et la dissémination des vapeurs, soit dans des espaces vides, soit dans des espaces renfermant des fluides aériformes.

Je m’aperçois que, malgré un engagement formel je pourrai à peine dire quelques mots des opinions de Gay-Lussac sur les phénomènes volcaniques. Ces opinions ont été publiées, en 1825, sous le titre de Réflexions, dans un Mémoire inséré au tome xxii des Annales de chimie et de physique.

L’auteur ne croit pas que la chaleur centrale de la terre, si cette chaleur existe, contribue en rien à la production des phénomènes volcaniques. Ces phénomènes, suivant lui, sont dus à l’action de l’eau, probablement de l’eau de mer, sur des substances combustibles. Dans cette hypothèse, les torrents de matières gazeuses qui sortent des bouches des volcans devraient renfermer beaucoup d’hydrogène et d’acide hydrochlorique ; il faut voir dans le Mémoire original la manière dont l’auteur explique l’absence de l’hydrogène dans ces émanations aériformes, et les procédés qu’il indique aux Monticelli, aux Cavelli, et autres savants observateurs, convenablement placés pour s’assurer de l’existence de l’acide hydrochlorique.

Je ne pense pas que ce Mémoire, malgré tout ce qu’il renferme d’ingénieux, ait résolu la question tant controversée des phénomènes volcaniques. Au reste, je ne fais en ceci qu’imiter la réserve de Gay-Lussac ; il dit modestement en commençant son Mémoire « Je n’ai pas (en géologie) l’étendue des connaissances qu’il faudrait pour traiter un tel sujet, je ne ferai que l’effleurer. »