George Sand et l’amour/Texte entier

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Librairie ancienne Honoré Champion.




L. VINCENT


GEORGE SAND


ET

L’AMOUR



PARIS

LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION

ÉDOUARD CHAMPION

5, Quai Malaquais, 5


1917


GEORGE SAND


ET


L’AMOUR

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR


George Sand et le Berry, avec quatre cartes et de nombreuses illustrations, 2 vol. (Chaque volume se vend séparément.)

La Langue et le Style rustiques de George Sand dans les Romans Champêtres, 12 fr.


Portrait de George Sand
Portrait de George Sand
George Sand (Mme  Dudevant).

Imp. P. Bincteau, 1840.

Galerie des contemporains illustres, rue des Beaux-Arts, 15.

Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale.

En abordant le sujet d’une thèse, George Sand et le Berry, je n’avais nullement l’intention de traiter la question qui va nous arrêter dans ce petit volume. Mais au cours de l’enquête, à laquelle j’ai dû me livrer pour éclairer quelques points obscurs, j’ai été amenée à consulter un certain nombre de documents concernant la vie intime de G. Sand. Leur rapprochement a rendu intelligibles des passages, auxquels on avait voulu donner un sens symbolique.

En réunissant ici les principales de ces citations, empruntées aux œuvres ou à la correspondance de G. Sand, il m’a paru qu’on pouvait se faire une idée assez exacte du tempérament de l’auteur de Lélia et de l’influence qu’il a pu exercer sur la conduite générale de sa vie.

On comprend mal G. Sand quand on ne connaît pas le tourment qui a été le motif déterminant d’une foule d’aventures, de changements, de décisions, d’actions soit dans sa vie intime, soit dans sa carrière littéraire. Son tempérament, c’est pour ainsi dire la clé, au moyen de laquelle on découvre tous les mystères de son existence, qu’elle se passe à Paris, à Venise, en Berry.

Aujourd’hui, on tient à savoir tout ce qui touche à la vie des grands hommes. On veut connaître leur psychologie, découvrir le mobile de leurs actes, pénétrer jusqu’au plus intime de leur âme, les disséquer en un mot. Tout ce qui concerne ces rois de l’intelligence et des autres facultés humaines excite notre curiosité et notre intérêt.

Ceux qui recherchent la vérité, en ces questions, excuseront cette étude, dont le sujet est scabreux et, par là, difficile à traiter : Tout dire en pareille matière, c’est trop, et ne rien dire, ce n’est pas assez. J’exposerai donc en toute simplicité les données, sur lesquelles je m’appuie pour expliquer G. Sand.

Ce travail, d’ailleurs, ne s’adresse qu’à un nombre de lecteurs bien restreint. Ne pouvant le faire entrer dans G. Sand et le Berry, comme chapitre préliminaire, à cause du développement que je lui ai donné, j’ai pris le parti de le faire éditer à part. Tel qu’il est, je le considère comme une introduction au travail plus important qui étudie G. Sand dans ses rapports avec sa chère province.

CHAPITRE Ier

LES DOCUMENTS

I

G. Sand était en compagnie de plusieurs amis, au nombre desquels se trouvait le docteur Favre. On essayait, comme toujours, de résoudre quelque problème social ou philosophique[1]. Le docteur prétendait que chacun agissait sous l’influence d’une inclination dominante, et que de celle-ci dépendaient tous les actes importants de la vie : « Je ne m’explique pas cependant, ajoutait le docteur, en s’adressant à G. Sand, comment votre vie a été si mouvementée, car enfin vous n’êtes pas sensuelle. — En effet, avait-elle répondu, après un instant de réflexion, mon inclination dominante, si je ne me trompe, est l’amour maternel. » Quand je m’examine, disait-elle plus tard à Mme  Adam, « je vois que les deux seules passions de ma vie ont été la maternité et l’amitié. »[2].

G. Sand n’était pas sensuelle, quel paradoxe au premier abord ! Les partisans de l’illustre auteur avaient maintes fois cherché à nous montrer en elle une nature de feu : son impétuosité naturelle, des passions débordantes d’un ordre très élevé, l’auraient entraînée, comme malgré elle, dans une série d’aventures romanesques.

Un mariage, regardé comme la plus grave erreur de sa vie, l’avait unie à un homme infidèle, brutal, avare, ivrogne, repoussant. Cette union mal assortie aurait été, pour beaucoup de ses biographes, le point de départ de tous ses désordres.[3]. N’était-elle pas excusable, cette femme jeune et belle, admirable par les qualités du cœur et de l’esprit, de se soustraire à cet affreux lien ? Le briser, c’était prendre son vol vers les hauteurs, reconquérir la liberté qui devait donner l’essor à son génie.

G. Sand avait fait fausse route en épousant M. Dudevant, soit. C’était, à la vérité, un honnête homme, bon, dévoué, mais d’intelligence et de sens moyens ; pas du tout un homme de génie, c’est certain[4]. Mais ceux qui lui succédèrent furent-ils plus heureux ? Ajasson de Grandsagne, Sandeau, Mérimée, Musset, Michel de Bourges, Mallefille, Chopin, pour ne parler que des plus connus, appartiennent tous, à des titres différents, aux sciences, aux lettres et aux arts. Ce sont des hommes de talent. Malgré leur valeur intellectuelle ou morale, la liaison de chacun d’eux avec G. Sand, au bout d’un certain temps, se brise.

Le terrible désespoir, qui l’empêche d’elle à chacune de ces ruptures, ne l’empêche pas de donner presque immédiatement un successeur à celui qu’elle vient de quitter. Souvent même plusieurs amants, à la fois, se disputent son cœur.

Elle est encore la maîtresse d’Ajasson de Grandsagne qu’elle s’enamoure de Sandeau. Après Sandeau, c’est Mérimée. Planche, dit-on, lui succède. Celui-ci est bientôt écarté pour Musset. Musset cède la place à Pagello. Michel de Bourges est remplacé par Mallefille. Elle éloigne ce dernier pour Chopin. Si l’on en croit les gens qui connaissent l’histoire, Chopin dut se retirer devant Clésinger.

Parmi ces hommes tous remarquables, et tous différents par la tournure de leur esprit, leurs talents, leurs aptitudes, aucun n’avait donc pu répondre à l’idéal que s’était créé G. Sand ! Dans ce fait bizarre, le pauvre Dudevant devait trouver quelque consolation à son insuccès.

Quant aux admirateurs de G. Sand, une pareille remarque n’était pas faite pour les embarrasser. Eh bien ! était-ce la faute de cette femme illustre ? Tourmentée du mal de l’infini, agitée par des passions d’un ordre très élevé, elle était restée incomprise : Sandeau l’avait trompée, Mérimée l’avait écœurée ;[5] Musset s’était moqué d’elle, Michel de Bourges l’avait tyrannisée, Chopin, le neurasthénique, avait mis sa patience à bout. C’est ainsi que la plupart des biographes de G. Sand, et des plus sérieux, ont essayé d’expliquer les désordres de sa conduite.

Cet enthousiasme, cette soif de l’idéal rêvé, qu’on lui prêtait si généreusement ne cachaient-ils pas plutôt une sensualité dépravée, pleine de caprices et d’extravagance, un besoin insatiable de jouissances ?[6]. Fantasque dans ses goûts, G. Sand ne subissait-elle pas l’entraînement des sens et ne leur obéissait-elle pas en aveugle ? La nature et ses capricieuses exigences, telle aurait été, pour quelques critiques, l’unique règle de sa conduite.

Un excès de tempérament, un désir immodéré de jouissances variées, désir qu’elle n’avait pas su réprimer, l’aurait conduite à l’abîme : G. Sand était sensuelle, il ne fallait pas en douter.

C’était là une explication de sa vie désordonnée, moins indulgente que la première. Mais ne paraissait-elle pas plus vraisemblable ? Et n’était-ce pas pour dissimuler sa sensualité qu’on avait tant parlé de ses élans passionnés ?

Et cependant comment expliquer ces cris de détresse que nous entendons à chaque page de Lélia,[7] cris répétés dans la correspondance de G. Sand, datant de cette même époque, et dans une foule de circonstances ?

Il n’est question que de froideur, de désespoir sombre, de découragement, de cruelles déceptions. L’ivresse des sens ne parait nulle part. C’est l’impossibilité à éprouver des jouissances qui cause sa détresse.

En rapprochant les passages les plus significatifs, tirés de Lélia, de certains autres que nous trouvons dans la correspondance de G. Sand, il deviendra assez facile d’arriver à une conclusion définitive.

Lélia ne peut plus aimer. Elle se maintient dans une vertu forcée. Elle boit tantôt avec de douloureux regrets, tantôt avec un orgueilleux mépris, son calice d’amertume. Dans ce délire romantique, dans cette exaltation d’une imagination féminine qui revendique d’une manière hautaine les droits de la femme, au milieu du lyrisme le plus hardi qui nous révèle en Lélia la femme incomprise, l’exception morale, nous découvrons aussi l’exception physique.[8].

Tout est froid en Lélia : sa main, sa bouche, son sourire, son haleine, ses mouvements, ses paroles. Elle est morte et froide comme une statue. « Le marbre… monte jusqu’à ses genoux et la retient enchaînée comme le sépulcre retient les morts. »[9].

Lélia apparaît à Sténio comme une énigme : « Dis-moi si tu as la puissance d’aimer, si ton âme est de feu ou de glace ; si en me donnant à toi, comme j’ai fait, j’ai traité de ma perte ou de mon salut. »[10]. — « Vous souffrez, répond Lélia…, mais quelle noble et précieuse souffrance que celle d’aimer ! De combien de poésie n’est-elle pas la source ! Qu’elle est chaleureuse, qu’elle est productive la souffrance qu’on peut dire et dont on peut être plaint. »[11].

Un mystère plane sur Lélia dès le début. Elle est dévorée par un mal qu’elle ne peut avouer. Le forçat vient de faire devant le jeune poète le portrait de son amie : beauté physique, puissance des facultés intellectuelles, générosité de caractère : Oui, elle a « tout, hormis l’amour ! », s’écrie Sténio. « Trenmor, vous qui connaissez Lélia, dites-moi si elle a connu l’amour ? Eh bien, si cela n’est pas, Lélia n’est pas un être complet… Cette étincelle divine, ce reflet du Très-Haut… sans lequel la beauté n’est qu’une image privée d’animation, l’amour ! Lélia ne l’a pas ! Qu’est-ce donc que Lélia ? Une ombre, un rêve, une idée tout au plus. Allez, où il n’y a pas d’amour, il n’y a pas de femme. »[12].

Sténio, par sa jeunesse, son ingénuité, sa candeur, son enthousiasme, a charmé Lélia, elle l’aime et vient de le déclarer à son confident le forçat : « Vous aimez Sténio ! Cela n’est pas et ne peut pas être… Encore une fois laissez l’enfant croître et vivre… Ne jetez pas votre haleine glacée sur ses belles journées de soleil et de printemps. N’espérez pas donner la vie, Lélia : la vie n’est plus en vous, il ne vous en reste que le regret ; bientôt, comme à moi, il ne vous en restera plus que le souvenir. »[13].

Malgré ses soupçons, Sténio est de plus en plus fasciné par la grâce et par le charme de Lélia. Il l’aime avec passion, avec délire, mais le désespoir entre de nouveau dans son âme, quand il croit entendre dans ses rêves de bonheur les mots lugubres de son amie : « Souviens-toi, Sténio, que je ne puis t’aimer. »[14].

Cependant, touchée vivement des élans et des soupirs de son jeune poète, Lélia s’exalte ; son imagination s’échauffe. À force de désirer l’amour elle croit l’éprouver, et enchaîne le poète par ses regards et ses caresses. Mais hélas ! ces caresses ne sont que des caresses maternelles : « Je me plais à vous caresser, à vous regarder comme si vous étiez mon enfant »[15], lui dit-elle avec tendresse.

Son cœur plein d’amour est « moins ardent que son cerveau et ses espérances plus faibles que ses rêves » : voilà pourquoi la vie lui paraît si amère. « Hélas ! dit-elle, d’une voix irritée et le regard sombre, heureux ceux qui peuvent aimer ! »[16]. Elle retombe dans la douleur et l’abattement. Son découragement et sa souffrance deviennent parfois si aigus qu’elle s’en prend à Dieu :

« Qu’ai-je donc fait pour être frappée de malédiction ? Pourquoi vous êtes-vous retiré de moi ? Vous ne refusez pas le soleil aux plantes inertes, la rosée aux imperceptibles graminées des champs ; vous donnez aux étamines d’une fleur la puissance d’aimer, et au madrépore stupide la sensation du bonheur. Et moi qui suis aussi une créature de vos mains, moi que vous aviez douée d’une apparente richesse vous m’avez tout retiré… Ô mon Dieu, si c’est une destinée de prédilection, faites donc qu’elle me soit douce et que je la porte sans souffrance. Si c’est une vie de châtiment, pourquoi me l’avez-vous infligée ? Hélas ! étais-je coupable avant de naître ? »[17].

Dieu lui a tout retiré ! mais il lui a donné une âme « plus vagabonde que le vent », que rien ne peut calmer, ne peut satisfaire, qui cherche au dehors d’elle les aliments de sa flamme, qui les épuise sans qu’elle ait pu les goûter : « Ô vie ! ô tourment ! tout aspirer et ne rien saisir, tout comprendre et ne rien posséder ! arriver au scepticisme du cœur, comme Faust au scepticisme de l’esprit ! »[18].

Lélia est donc un être à part. Il lui manque quelque chose. Elle a enfin compris qu’elle ne peut combler les vœux de Sténio. Elle lui persuade de s’éloigner pendant quelque temps.

Elle-même cherche à reprendre courage dans la solitude, mais en vain. Après avoir savouré avec amertume les beautés que la nature étale à ses yeux, elle se demande « à quoi bon cette âme curieuse, avide, inquiète, incapable de rester ici-bas pour aller toujours frapper à un ciel d’airain, qui jamais ne s’entr’ouve à son regard, qui jamais ne lui répond par un mot d’espoir ! ».[19].

Puis, elle ajoute ces paroles mystérieuses : « Quand je saurais, je n’en serais que plus à plaindre, ne pouvant pas. »[20].

Bientôt la solitude qu’elle est venue demander à une chartreuse abandonnée lui pèse. Plutôt souffrir que vivre seul, car la souffrance excite, ranime, irrite les nerfs ; au désert toutes les facultés s’endorment : « Eh bien souffrons, cela vaut mieux que de dormir. »[21]. Et Lélia quitte le désert, descend de la montagne pour se mêler de nouveau à la société.

C’est à la villa Bambucci, à la fête du prince, qu’elle rencontre sa sœur, la courtisane Pulchérie.

Leur entretien va nous éclairer davantage sur l’état de Lélia. Au fond de cette éloquence, de ces plaintes, de ces gémissements, nous allons voir s’affirmer plus nettement encore l’impuissance physique d’aimer, l’impossibilité matérielle de jouir de la vie.

« Si Dieu m’a créée dans un jour de colère ou d’apathie, dans un sentiment d’indifférence ou de haine pour les œuvres de ses mains, c’est ce que je ne sais point. »[22]. Sortie incomplète des mains du Créateur, elle est à la fois puissance et néant : « J’étais pourtant née en apparence sous d’heureux auspices. Mon front était bien conformé, mon œil s’annonçait noir et impénétrable comme doit être tout œil de femme libre et fîère ; mon sang circulait bien et nulle infirme disgrâce ne me frappait d’une injuste, et flétrissante malédiction. »[23].

Que lui manquait-il donc ? Etait-ce une intelligence vive, une âme aimante ? Elle va nous répondre encore :

« Comme la beauté se développait en moi, tout me souriait, hommes et choses. Tout devenait amour et poésie autour de moi, et dans mon sein chaque jour faisait éclore la puissance d’aimer et celle d’admirer. Cette puissance était si grande, si précieuse, et si bonne, je la sentais émaner de moi comme un parfum si suave, et si enivrant, que je la cultivai avec amour. »[24].

Mais cette puissance d’aimer ne se développait que dans son cœur et dans son imagination. Le passage, qui suit, signale la disproportion qui existe entre son tempérament de glace et son cœur de feu. Chez elle, tout est brûlant au dedans, tout est froid au dehors. Des désirs violents la consument, mais la satisfaction de ses désirs étend comme un manteau de glace sur cet embrasement.

« Loin de me défier d’elle (de cette puissance d’aimer) et de ménager sa sève pour jouir plus longtemps de ses fruits, je l’excitai, je la développai, je lui donnai cours par tous les moyens possibles. Imprudente et malheureuse que j’étais. Je l’exhalais alors par tous les pores, je la répandais comme une inépuisable source de vie sur toutes choses… Ainsi agrandissant de jour en jour ma puissance, excitant ma sensibilité, et la répandant sans mesure au-dessus et au-dessous de moi, j’allais jetant toute ma pensée toute ma force dans le vide de cet univers insaisissable. »[25].

Dans ces dispositions « un homme vint, dit-elle, et je l’aimai… » Quelle déception ! « Vous avez raison de dire que la poésie a perdu l’esprit de l’homme : elle a désolé le monde réel, si froid, si pauvre, si déplorable au prix des doux rêves qu’elle enfante. Enivrée de ses folles promesses, bercée de ses douces moqueries, je n’ai jamais pu me résigner à la vie positive.

La poésie m’avait créé d’autres facultés immenses, magnifiques et que rien sur la terre ne devait assouvir. »[26].

Les passages suivants, appartenant à l’édition de 1833, sont encore plus précis :

… « Hélas ! cet homme n’avait pas vécu des mêmes idées. Il connaissait d’autres plaisirs, d’autres extases : il eut voulu les partager avec moi. Mais moi, nourrie d’une manne céleste, moi dont le corps était appauvri par les contemplations austères du mysticisme, le sang fatigué par l’immobilité de l’étude… j’oubliai d’être jeune, et la nature oublia de m’éveiller. Mes rêves avaient été trop sublimes ; je ne pouvais plus redescendre aux appétits grossiers de la matière. Un divorce complet s’était opéré à mon insu entre le corps et l’esprit. J’avais vécu en sens inverse de la destinée naturelle… Je m’étais enivrée de méditations et de spiritualisme, et j’avais prononcé l’anathème des vieillards sur tout ce que je n’avais pas encore éprouvé. Quand vint l’âge de vivre, il fut trop tard : j’avais vécu. » [27] Lélia ne vit que par l’esprit et par le cœur ; nul plaisir, nulle joie ne vient adoucir l’amertume de son sacrifice.

« Mais si la jeunesse des sens, si la vie du corps n’a qu’un jour, qu’il faut saisir et qui ne revient plus, la jeunesse de l’âme est longue et la vie de l’esprit est immortelle. Mon cœur survivait à mes sens, et je me dévouai en pâlissant et en fermant les yeux. » [28].

Le sacrifice et l’abnégation de Lélia étaient d’autant plus durs qu’ils n’étaient pas compris, et qu’on ne lui en témoignait aucune reconnaissance.

« Ce qui m’était le plus cruel…, c’est qu’il méconnaissait l’étendue de mes sacrifices. Comme s’il eût rougi de la reconnaissance, il écartait toujours l’importune idée de ma résignation. Il feignait de me croire abusée par un sentiment d’hypocrite pudeur… [29]. Il riait durement de mes larmes… O misère et asservissement de la femme ! Vous êtes tellement dans la nature, que la société aurait dû s’efforcer au moins de vous adoucir ! »[30].

Lélia, cependant, ne pouvait rendre personne responsable de son malheur, puisqu’elle avait choisi elle-même l’homme auquel elle s’était donnée :

« Pourtant, je l’aimais avec passion, ce maître de mon choix, que j’acceptais comme une nécessité fatale, que je vénérais avec une secrète complaisance pour moi-même, parce que je l’avais choisi. Je l’aimais follement. Plus il me faisait sentir sa domination, plus je la chérissais, plus je mettais d’orgueil à porter ma chaîne. Mais aussi je commençais à maudire Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/37 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/38 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/39 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/40 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/41 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/42 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/43 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/44 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/45 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/46 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/47 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/48 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/49 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/50 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/51 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/52 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/53 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/54 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/55 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/56 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/57 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/58 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/59 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/60 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/61 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/62 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/63 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/64 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/65 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/66 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/67 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/68 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/69 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/70 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/71 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/72 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/73 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/74 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/75 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/76 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/77 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/78 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/79 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/80 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/81 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/82 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/83 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/84 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/85 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/86 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/87 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/88 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/89 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/90 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/91 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/92 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/93 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/94 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/95 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/96 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/97 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/98 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/99 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/100 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/101 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/102 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/103 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/104 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/105 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/106 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/107 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/108 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/109 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/110 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/111 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/112 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/113 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/114 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/115 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/116 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/117 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/118 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/119 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/120

Portrait de George Sand
Portrait de George Sand
Mme  George Sand.

Lith. de Thierry père.

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CHAPITRE II

CONSÉQUENCES DE LA PSYCHOLOGIE AMOUREUSE DE GEORGE SAND


I

Le tempérament de G. Sand nous éclaire sur sa conduite morale, mais il nous explique encore des sentiments et des manières de penser, qui chez elle, paraissent très étranges au premier abord. En outre, il a exercé une influence considérable sur son caractère, sa vie et son talent. Jetons un coup d’œil sur les conséquences de ce tempérament frigide.

G. Sand ne pouvant aimer en amante, offrait ce qu’il y avait de meilleur en elle, c’est-à-dire un cœur maternel et fraternel, à tous ceux dont elle aurait voulu être amoureuse.

Tous ses amants ont été ses enfants ou ses frères[31].

Son cœur était très chaud, très enveloppant. D’une mère, elle avait la tendresse, le dévouement, l’oubli d’elle-même. Elle fut presque héroïque dans les soins qu’elle a prodigués à ses chers malades. Pour eux, elle savait lutter contre la fatigue physique, souffrir toutes sortes d’incommodités, en un mot se transformer en sœur de charité.

« On m’a accusée de n’avoir pas su aimer passionnément, écrivait-elle à Louis Ulbach, il me semble que j’ai vécu de tendresse, et qu’on pouvait bien s’en contenter. »[32].

Pour cette raison, G. Sand n’a pas compris le sentiment de révolte qu’allait inspirer Madeleine Blanchet, mère adoptive du Champi, lorsque cédant, par complaisance, aux instances de son cher enfant, elle accepterait de devenir sa femme.

En réalité, G. Sand n’est pas sœur, mère et amante à la fois ! elle n’est que sœur et que mère. Ces derniers sentiments sont les seuls qui vibrent en elle, l’autre ne donne rien. Voilà, sans doute, pourquoi elle associe avec tant de facilité ces trois sortes d’amour.

Je ne dirai pas avec M. Rocheblave que « c’est par ce côté fraternel et maternel (pour trancher le mot délicat) que sa passion composite devient intéressante »[33]. Ce qui est plus intéressant, à mon avis, c’est de constater qu’elle était sans passion, et que le mot d’amante n’était que dans son imagination et dans sa bouche[34].

II

Le mot de vierge, que G. Sand emploie quelquefois, en parlant d’elle-même, n’est-il pas bien singulier ? Que veut-elle dire par là ? Prétend-elle imposer à ses amis ? Mais tous connaissent sa vie irrégulière. C’est après une série d’aventures qu’elle écrit à Sainte-Beuve la phrase déjà citée : « Moi austère, et presque vierge, j’étais hideuse dans mon égoïsme et mon isolement… »

Plus tard, en 1847, elle se servira de la même expression, à l’occasion de sa rupture avec Chopin :

« Il y a sept ans que je vis comme une vierge avec lui et les autres. »[35].

Dès 1836, G. Sand faisait cette confidence à Zoé Leroy : « Quoi qu’on fasse sur moi les contes les plus absurdes, au milieu d’une vie Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/136 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/137 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/138 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/139 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/140 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/141 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/142 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/143 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/144 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/145 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/146 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/147 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/148 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/149 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/150 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/151 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/152 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/153 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/154 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/155 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/156 à quels désastres elle eût échappé sans l’intervention du vice, qui a tué toutes les énergies de père en fils, de mère en fille. »[36].

On ne peut donc se contredire d’une manière plus formelle.

En maudissant le mariage, G. Sand a d’abord envisagé son cas particulier[37].

Son sentiment est tout subjectif[38]. C’est le moi qui est en pleine révolte ; et dans sa fureur, pendant la période la plus aiguë de ses tourments, elle semble, en effet, avoir considéré le mariage comme un des malheurs de la société : « J’ai beaucoup gagné en faisant reconnaître à Mme  Dudevant la nécessité du mariage, écrivait Balzac en 1838. Elle y croira ; j’en suis sûr, et je crois avoir fait du bien en le lui prouvant[39]. »

À la longue, les idées de G. Sand se modifièrent. Le bon sens reprit le dessus, et elle comprit, au point de vue social, la nécessité de la fidélité dans le mariage. Elle considéra alors sa situation comme exceptionnelle, « ayant été jetée par le sort, suivant son expression,

Portrait de George Sand
Portrait de George Sand
George Sand, 1842.

Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale. dans des nécessités contraires à ses instincts et à ses convictions. »[40].

VI

On a souvent reproché à G. Sand d’avoir voulu, dans ses romans, attaquer directement l’institution du mariage.

« L’amant, selon l’expression de M. Nisard, n’est-il pas le roi des livres de George Sand » ? Pas toujours. Elle a protesté énergiquement, plusieurs fois, contre cette accusation. En cela, je la crois sincère.

Il serait intéressant de chercher à résoudre cette question. Toutefois, comme une étude un peu longue, sur ce sujet, ne peut trouver place ici, je me permettrai seulement quelques remarques.

G. Sand a jeté le discrédit sur le mariage, dans Indiana, Valentine, Lélia, Jacques, Léone Léoni, Horace, Lucrezia Floriani, etc. Ces ouvrages appartiennent, en général, à la période la plus troublée de son existence.

M. Nisard, vers 1836, avait signalé le Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/163 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/164 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/165 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/166 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/167 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/168 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/169 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/170 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/171 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/172 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/173 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/174 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/175 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/176 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/177 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/178 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/179 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/180 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/181 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/182 Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/183 Page:Vincent - 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TABLE DES MATIÈRES



CHAPITRE PREMIER
Les documents 
 5-117


CHAPITRE II
Conséquences de la psychologie amoureuse de G. Sand 
 121-263
Appendices 
 215-261

Grande Imprimerie de Blois, place de l’Ave-Maria — 8656

    toujours une mère ou une sœur pour son amant. « C’est parmi les femmes, remarque Babou, qu’on trouve uniquement le type de la force intelligente, généreuse et sainte, le type de cette protection céleste, qui est à la fois providence et amour, le type de la mère ! Toutes les héroïnes de Mme  Sand sont des mères, que dis-je ? des prêtresses de cette maternité suspecte dont Mme  Sand a fait sa Vénus : Mater Saeva cupidinum. » H. Babou : Les confessions de deux enfants du siècle (Revue contemporaine, juillet 1859, p. 416).

  1. Je dois les détails qui suivent à M. Amic. G. Sand lui avait plusieurs fois raconté cette conversation avec le docteur Favre.
  2. Mme  Adam. Mes sentiments et nos idées… 170.
  3. Il est hors de doute, dit W. Karénine, que si Dudevant eut compris sa femme et lui eut été égal, s’il ne s’était pas manifesté, deux ans à peine après le mariage, grossier et brutal, le sentiment qui s’était éveillé en elle se serait probablement épanoui en un éclat splendide, aurait brûlé d’une flamme ardente. » (G. Sand, sa vie et ses œuvres, I, 238). M. Doumic est du même avis.
  4. Cf. George Sand et le Berry ; une petite étude sur M. Dudevant se trouve à l’appendice.
  5. Rien de ce qui se passa entre G. Sand et Mérimée ne saurait être écrit.
    Sur les rapports de G. Sand et de Mérimée, Cf. Mérimée et ses amis par Auguste Filon.
  6. « Les sentiments qui l’entraînaient, dans ses affections, dit M. Édouard Ganche, n’avaient aucune élévation, il faut en convenir ; ils résultaient simplement d’un esprit romanesque et d’un tempérament sensuel. » (Frédéric Chopin, 194).
  7. Il y a eu deux éditions de Lélia, celle de 1833 et celle de 1839 ; c’est de cette dernière que je me suis servie en général. Cependant, j’ai eu quelquefois recours à la première : dans ce cas chaque fois je l’ai indiqué. Les deux éditions sont différentes. Les divergences sont parfois nombreuses et les coupures importantes. Ces changements et ces coupures suppriment en général des expressions très fortes, des tableaux d’un réalisme tel, qu’ils provoquèrent d’amères critiques.
  8. « Enlevez à Lélia la souffrance honteuse et même ridicule de son impuissance physique et il n’y aura plus en elle aucun élan de douleur que n’aient exprimé René, Manfred, Obermann. » (Paul de Molènes, Mélanges, 93).
  9. Lélia, I, 149.
  10. Id., I., 19.
  11. Id., I., 26.
  12. Lélia, I, 57-58.
  13. Lélia, I, 63-64.
  14. Lélia, I, 69.
  15. Lélia, I, 110.
  16. Lélia, I, 110.
  17. Lélia, I, 116-117.
  18. Lélia, I, 117.
  19. Lélia, I, 147.
  20. Lélia, I, 148.
  21. Lélia, I, 149.
  22. Lélia, I, 178.
  23. Lélia, I, 179.
  24. Lélia, I, 179.
  25. Lélia, I, 179.
  26. Lélia, I, 180.
  27. Lélia, Edition 1833, II, 9.
  28. Edition de 1833, II, 10. Dans cette édition, II, 9-30, il y a de nombreux passages significatifs. Il y en a même un certain nombre qu’il n’est pas possible de citer.
  29. Les phrases qui suivent ne peuvent être transcrites.
  30. Lélia, Edition 1833, II, 23-24.
  31. La femme, dans les romans de G. Sand, est
  32. H. Vie. IV, 491.
  33. Lettres à Alfred de Musset et à Sainte-Beuve. Introduction. XIII.
  34. Beurdeley, contrairement à l’avis de M. Rocheblave, estimait que dans les lettres de G. Sand à Alfred de Musset, « on retrouve, avec la beauté et l’abondance du style cette affectation de protection et d’amour maternel qui s’allie si mal avec l’expression d’un amour de nature toute différente ». (Revue des grands procès contemporains, 1897, 207. Au sujet du livre de Mariéton, Une Histoire d’amour.)
  35. W. Karénine : G. Sand et ses œuvres. Lettre de G. Sand au comte Grzymala, III, 571.
  36. Correspondance, IV, lettre à M. Amic, 10 novembre 1873.
  37. M. Nisard avait adressé à l’auteur de Lélia et de Jacques des reproches sérieux sur ses théories au sujet du mariage : « Il serait peut-être plus héroïque, avait-il dit, à qui n’a pas eu le bon lot, de ne pas scandaliser le monde avec son malheur en faisant d’un cas privé une question sociale. » (Lettres d’un voyageur. À M. Nisard, 140.) G. Sand avait refusé de donner les explications qui « pouvaient la concerner personnellement ». Ne connaissant que Jean-Jacques qui, jusqu’alors, avait fait en public sa confession, elle ne croyait pas devoir imiter son exemple.
  38. L’article de G. Sand, À propos de la femme dans la Société politique, où elle défend le mariage, date de 1848. On peut s’étonner que dans l’Histoire de ma vie, achevée en 1854, l’auteur ait dénigré le mariage, nous ramenant presque aux théories des premiers romans. Il ne faut pas oublier que ces confidences sont un plaidoyer en sa faveur, et que son cas particulier fait l’objet constant de ses discussions.
  39. Lettres à l’Étrangère, I, 463.
  40. L’homme et la femme dans Impressions et Souvenirs, 271.