Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Verbe/Paragraphe 70
a Loi phonétique qui a ici son application : en syllabe fermée par la gutturale, la voyelle ◌ַ, homogène aux gutturales, s’introduit : 1) ou violemment, en supplantant la voyelle primitive (§ 21 b) ; 2) ou furtivement, en se glissant entre la voyelle et la gutturale (§ 21 c).
b 1) Les voyelles primitives i, u sont supplantées par a̦ dans les formes relativement plus légères, à savoir : les formes du verbe fini (parfait, futur, impér.) en contexte, l’inf. cst., le participe à l’état construit, p. ex. יִשְׁלַח (opp. יִקְטֹל) ; יְשַׁלַּח (opp. יְקַטֵּל) ; hifil jussif יִשְׁלַח (opp. יַקְטֵל) ; hifil impér. הַשְׁלַח (opp. הַקְטֵל) ; piel inf. cst. généralement שַׁלַּח (opp. קַטֵּל), partic. à l’état cst. שֹׁלַח (opp. קֹטֵל) ; cf. § e.
Exceptions : à l’inf. cst. qal on a presque toujours ọ, par exemple שְׁלֹחַ (de même dans les verbes à 2e gutturale שְׁחֹט, et cf. § 49 c) ; cf. infra, § d.
2) La voyelle primitive i, devenue normalement ◌ֵ, se maintient, mais en subissant l’intrusion du pataḥ furtif, dans les formes relativement plus lourdes, à savoir : les formes du verbe fini en pause, l’inf. abs., le participe à l’état absolu, p. ex. יְשַׁלֵּ֑חַ ; inf. abs. שַׁלֵּחַ ; partic. à l’état abs. שֹׁלֵחַ. La voyelle primitive u ne se maintient qu’à l’inf. cst. שְׁלֹחַ[1].
A fortiori les voyelles longues ī, ū, ọ̄ se maintiennent, p. ex. hifil indicatif יַשְׁלִיחַ ; part. passif שָׁלוּחַ ; inf. abs. שָׁלוֹחַ.
On le voit, les distinctions entre les formes légères et les formes lourdes sont de deux sortes : dans les formes finies la distinction porte sur le contexte et la pause ; dans l’infinitif et le participe sur le construit et l’absolu.
c Au futur qal (et à l’impératif) en contexte et en pause, les verbes d’action se confondent avec les verbes statifs[2] : tous ont la voy. ◌ַ, ◌ָ֑.
d Remarques de détail.
L’infinitif en a est très rare (§ 49 c) et se trouve seulement en liaison étroite avec le mot suivant : Nb 20, 3 גְּוַע ; Is 58, 9 שְׁלַח.
Avec les suffixes l’inf. a soit la voyelle ◌ָ, p. ex. שָׁלְחִי Nb 32, 8, שָׁלְחֶ֑ךָ Gn 38, 17 ; soit la voyelle ◌ִ, p. ex. בִּטְחֵךְ Jér 48, 7, פִּתְחִי Éz 37, 13 ; בִּקְעָם Am 1, 13 ; soit (rarement) la voyelle ◌ַ, p. ex. רַקְעֲךָ Éz 25, 6.
e Il y a quelques exceptions aux normes générales données au § b. Ainsi on trouve comme inf. cst. piel (en contexte) : לְשַׁלֵּחַ Ex 10, 4 ; לְפַתֵּחַ 2 Ch 2, 6.
f À la 2e p. sg. fém. des parfaits on a p. ex. שָׁלַ֫חַתְּ (pour שָׁלַחְתְּ*) avec un pataḥ auxiliaire ne produisant pas la spiration du תּ (§ 19 f).
C’est ainsi que לָקַ֫חַתְּ tu as pris se distingue de לָקַ֫חַת pour prendre (prép. לָ + inf. קַ֫חַת § 72 j).
g Voyelles pausales dans la flexion : Exemples : piel : שִׁלַּח, שִׁלֵּ֑חַ, שִׁלֵּ֑חוּ Jug 1, 25 ; qal : יִשְׁלַח, יִשְׁלָ֑ח, תִּשְׁלָ֑חוּ 2 R 2, 16 ; impér. שְׁלַח, שְׁלָ֑ח*, שְׁלָ֑חוּ.
h Formes avec suffixes : exemples : יִשְׁלָחֵ֫נִי, שְׁלָחֵ֫נִי (envoie-moi ; mais שְׁלָחַ֫נִי il m’envoya) ; אֶשְׁלָֽחֲךָ, אֲשַׁלֵּֽחֲךָ.
- ↑ La voyelle primitive u n’est donc pas traitée comme la voyelle symétrique i. Ainsi la forme pausale du futur d’action est יִשְׁלָ֑ח, non יִשְׁלֹ֑חַ*.
- ↑ Verbes statifs ; גָּבַהּ ê. haut ; שָׁכֵחַ*, שָׁכַח, שָׁכֵ֑חוּ oublier ; שָׂבֵעַ*, שָׂבַע, שָׂבֵ֑עוּ ê. rassasié ; שָׁמַע, שָׁמֵ֑עַ entendre, écouter.