Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Exercice 33

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33e EXERCICE
Suffixe des idées concrètes, et suffixe de la qualité abstraite, ec.
(Voir pages 33 et 34).

Vi parolas sensencaĵon, mia amiko. — Mi trinkis teon kun kuko kaj konfitaĵo. — L’akvo estas fluidaĵo. — Mi ne volis trinki la vinon, ĉar ĝi enhavis en si jan suspektan malklaraĵon. — Sur la tablo staris diversaj sukeraĵoj. — En tiuj ĉi boteletoj troviĝas diversaj acidoj : vinagro, sulfuracido, azotacido kaj aliaj. — Via vino estas nur ia abomena acidaĵo. — La acideco de tiu ĉi vinagro estas tre malforta. — Mi manĝis bongustan ovaĵon. — Tiu ĉi granda altaĵo ne estas natura monto. — La alteco de tiu monto ne estas tre granda. — Kiam mi ien veturas, mi neniam prenas kun mi multon da pakaĵo. — La ĉemizojn, kolumojn, manumojn kaj ceterajn similajn objektojn ni nomas tolaĵo, kvankam ili ne ĉiam estas faritaj el tolo. — Glaciaĵo estas dolĉa glaciigita frandaĵo. — La riĉeco de tiu ĉi homo estas granda, sed lia malsaĝeco estas ankoraŭ pli granda. — Li amas tiun ĉi knabinon pro ŝia beleco kaj boneco. — Lia heroeco tre plaĉis al mi. — La tuta supraĵo de la lago estis kovrita per naĝantaj folioj kaj diversaj aliaj kreskaĵoj. — Mi vivas kuna li en granda amikeco.

kuko gâteau.
konfiti confire.
fluida liquide.
enhavi avoir en soi, contenir.
suspekti suspecter, soupçonner.
acida aigre, acide.
vinagro vinaigre.
ovaĵo omelette.
sulfuro soufre.
azoto azote.
gusto goût.
alta haut.
naturo nature.
paki empaqueter, emballer.
pakaĵo bagage.
ĉemizo chemise.
kolo cou.
kolumo faux-col.
manumo manchette.
cetera autre (le reste).
tolo toile.
glacio glace.
frandi aimer les friandises.

frandaĵo friandise.
heroo héros.
plaĉi plaire,
lago lac.
kovri couvrir,
naĝi nager.
folio feuille.

L’importance pratique de ces deux suffixes et l’habitude illogique qu’ont certaines de nos langues et notamment le français, d’employer le même mot pour l’idée concrète et pour ridée abstraite nous engagent à insister sur ce point et à présenter avec plus de développements et d’exemples les explications données sur les deux suffixes et ec aux pages 33 et 34.

Ec et Aĵ.

Le suffixe ec ne se soude qu’à des racines marquant la qualité ou l'état.

Avec ec l’idée est abstraite ; avec elle est concrète. — Exemples : Infaneco (enfance), l’état dans lequel nous sommes pendant la première période de la vie ; infanaĵo (enfantillage), acte ou parole qui conviendraient dans un enfant, qui seraient dignes de lui, mais qui ne conviennent pas dans un homme mûr. Amikeco (amitié), l’état qui existe entre amis ; amikaĵo (une amitié), un acte ou une parole d’amitié, un procédé amical. — Moleco état de ce qui est mou ; molaĵo, partie molle de quelque chose, et, au figuré, acte de mollesse. — Exemples : La mollesse (moleco) de la cire permet d’y imprimer tout ce qu’on veut, mais la dureté (malmoleco) du diamant est proverbiale. — Ce fruit a une partie très mûre et par conséquent molle ; mais il a une partie non mûre et par conséquent dure. Prenez la première, je veux dire la partie molle (molaĵon) et laissez-moi la seconde, c’est-à-dire la partie dure (malmolaĵon). — Le vinaigre est une chose acide, c’est donc un acidaĵo et il possède de l’acidité (acidecon).

Si je suis beau, bon, fort, etc., je possède la beauté (belecon), la bonté (bonecon), la force (fortecon) etc. ; j’ai alors de bonnes choses, des qualités (bonaĵojn). Si, au contraire, je suis laid, mauvais, faible, j’ai de mauvaises choses, des défauts (malbonaĵojn), car évidemment la laideur, la méchanceté et la faiblesse sont par elles-mêmes des qualités non bonnes, mais mauvaises et, partant, des défauts.

Par conséquent, les qualités bonnes sont des bonaĵoj et ce que le français nomme des défauts donne, en Esperanto, des malbonaĵoj. Eco par lui-même n’exprime donc pas plus quelque chose de bon que quelque chose de mauvais. D’ailleurs, même en français, le mot qualité signifie uniquement ce par quoi vous devenez tel ou tel. Ne disons-nous pas en français « de très mauvaise qualité » ?

Remarque. — Pour exprimer l’idée purement en elle-même, c’est-à-dire ni sous la forme d’une qualité abstraite (eco), ni sous la forme d’une chose concrète (aĵo), l’Esperanto emploie la racine seule avec o. C’est ainsi qu’il traduit les mots bien, utile et agréable dans les phrases suivantes : la langue internationale vise le bien de toute l’humanité (bonon). — Joindre l’utile (utilon) à l’agréable (agrablo).

Par tout ce que nous venons de dire, on voit qu’il y a une différence entre bono (le bien en lui-même), boneco (la bonté), bonaĵo (une bonne chose, une qualité). Une même différence existe entre acido (un acide), acideco (l’acidité), et acidaĵo (une chose acide). L’acide sulfurique est acido, mais le vinaigre n’est qu’un acidaĵo, quoique tous deux possèdent l’acideco. Le blanko est la couleur blanche, le blanc en lui-même ; la blankeco est l’état, la qualité d’un objet blanc envisagé au point de vue de la couleur ; enfin blankaĵo est une chose blanche : la lune, la neige sont blankaĵoj (des blancheurs).

Rappelons, en finissant, que l’Esperanto n’emploie le suffixe que lorsqu’il est absolument nécessaire. Si la racine avec o suffit pour exprimer l’idée, il n’ajoute jamais . Citons par exemple : votre dire, votre réponse, votre effort etc. (via diro, respondo, peno). Il n’emploie jamais en pareils cas.