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Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Exercice 35

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35e EXERCICE
Suffixes pour le membre de, anle chef de, estrle professionnel, istl’homme caractérisé par, ul.
(Voir pages 32 à 37).

La ŝipanoj devas obei la ŝipestron. — Ĉiuj loĝantoj de regno estas regnanoj[1]. — Urbanoj estas ordinare pli ruzaj, ol vilaĝanoj. — La regnestro de nia lando estas bona kaj saĝa reĝo. — La Parizanoj estas gajaj homoj. — Nia provincestro estas severa, sed justa. — Nia urbo havas bonajn policanojn, sed ne sufiĉe energian policestron. — Luteranoj kaj Kalvinanoj estas kristanoj. — Germanoj kaj Francoj, kiuj loĝas en Rusujo, esta Rusujanoj, kvankam ili ne estas Rusoj. — Li estas nelerta kaj naiva provincano. — La loĝantoj de unu regno estas samregnanoj[2], la loĝantoj de unu urbo estas samurbanoj, la konfesantoj de unu religio estas samreligianoj. — Nia regimentestro estas por siaj soldatoj kiel bona patro. — La botisto faras botojn kaj ŝuojn. — La lignisto vendas lignon, kaj la lignaĵisto faras tablojn, seĝojn kaj aliajn lignajn objektojn. — Ŝteliston neniu lasas en sian domon. — La kuraĝa maristo dronis en la maro. — Verkisto verkas librojn, kaj skribisto simple transskribas paperojn. — Ni havas diversajn servistojn : kuiriston, ĉambristinon, infanistinon kaj veturigiston. — La riĉulo havas multe da mono. — Malsaĝulon ĉiu batas. — Timulo timas eĉ sian propran ombron. — Li estas mensogisto kaj malnoblulo. — Preĝu al la Sankta Virgulino.

an membre de, habitant de ; ex. : regno état, regnano citoyen ; Parizo Paris — Parizano (un) Parisien.
regno l’État.
vilaĝano villageois.
provinco province.
severa sévère.
justa juste.
polico police.

sufiĉe suffisamment.
Kristo Christ.
Franco Français,
sama même.
konfesi avouer,
religio religion.
regimento régiment.
boto botte.
ŝuo soulier.
lasi laisser.
droni se noyer.
verki composer, faire des ouvrages (littér.).
ul qui est caractérisé par telle ou telle qualité ; ex. : bela beau — belulo bel homme.
même, jusqu’à,
ombro ombre.
preĝi prier (Dieu),
virga virginal.

Quelques explications sur les trois suffixes ist, an, ul nous paraissent utiles pour bien fixer l’esprit sur l’emploi qu’en fait l’Esperanto. Nous les donnons ci-dessous et les recommandons à l’attention de l’étudiant.

Ist et An.

Le sens intime du suffixe « ist » est : « qui s’occupe spécialement de… », qui fait plus ou moins d’un art, d’une science ou d’un métier sa principale occupation, la grande affaire de sa vie, en un mot sa profession.

Comme on le voit, la considération de gain ne doit pas guider sur ce point, mais uniquement la considération d’occupation ordinaire, habituelle, spéciale. S’il est vrai que le métier comporte une idée de gain ou d’argent, il ne l’est pas moins que la profession ne comporte pas la même idée. Pensons-nous au gain ou au profit, quand nous donnons à quelqu’un le nom de musicien, d’artiste, de légiste, de prédicateur, de linguiste ou de missionnaire ?

Aussi, page 36, n’avons-nous pas dit que ist marque le métier, mais qu’il marque la profession, mot dont le sens est infiniment plus étendu.

Nous appellerons donc pordisto (concierge, portier) l’homme qui a la garde d’une porte d’entrée, car cet homme s’occupe spécialement d’une porte, quoiqu’il ne fasse pas de portes. S’il avait la profession, non pas de garder mais de faire des portes, nous l’appellerions pordfaristo, comme nous appelons bierfaristo (brasseur), brandfaristo (bouilleur), celui qui fait la bière, l’eau-de-vie.

Le sens intime de an est membre de… Ainsi, comme les habitants d’un pays, les adeptes d’une religion, d’un parti, d’une société, etc., sont vraiment membres de ce pays, de cette religion, de ce parti, de cette société, etc., nous pouvons dire landano (un habitant du pays), urbano (citadin), Amerikano (un Américain), Parizano (un Parisien), kristano (chrétien), mahometano (mahométan), luterano (luthérien), partiano (partisan), klubano (clubiste), societano (sociétaire), senatano (sénateur), regnano (un membre de l’État), etc.

Cette explication sur le sens spécial de ist et de an fait comprendre que nous devions dire Esperantistoj et non Esperantanoj, car nous ne disons pas lingvano, propagandano, muzikano, etc. Par essence, l’Esperanto est une langue et on ne peut être membre d’une langue. Mais on peut, par contre, s’occuper spécialement de langues, de l’Esperanto, et être à cause de cela appelé linguiste ou Espérantiste.

Ul.

Ce suffixe sert à exprimer l’idée de « personne caractérisée par... »

Par conséquent, l’homme caractérisé par sa bonté, sa beauté, sa justice, sa force, etc. ; par l’amour qu’il a pour la paix, le babillage, le mensonge, etc., sera bonulo, belulo, justulo, fortulo ; paculo, babilulo, mensogulo.

De même, comme la pauvreté, la jeunesse, l’avarice caractérisent vraiment l’homme qui les possède, nous l’appellerons malriĉulo, junulo, avarulo.

Mais, par contre, comme la lecture, la visite, le travail ne caractérisent pas les hommes qui s’y livrent, nous n’emploierons jamais ul pour les désigner, et nous dirons uniquement leganto, vizitanto, laboranto. Nous agirons naturellement ainsi pour tous les cas analogues.


  1. Le mot exact nous manque. « Sujets » serait faux, puisqu’il représente aussi bien les membres d’un empire que ceux d’un royaume et ne s’applique pas à ceux d’une république.
  2. Pas d’équivalent en Français. Ce mot veut dire membres-du-même-état, concitoyens (du même état).