Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Exercice 40

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40e EXERCICE
Préfixes marquant la désunion, la dissémination, le retour, dis, re. — Titre général de politesse, mostsuffixe umExemples de dérivations sur la racine san.
(Voir pages 33 à 37).

Ni ĉiuj kunvenis, por priparoli tre gravan aferon ; sed ni ne povis atingi ian rezultanton, kaj ni disiris. — Malfeliĉo ofte kunigas la homojn, kaj feliĉo ofte disigas ilin. — Mi disŝiris la leteron kaj disĵetis ĝiajn pecetojn en ĉiujn angulojn de la ĉambro. — Li donis al mi monon, sed mi ĝin tuj redonis al li. — Mi foriras, sed atendu min, ĉar mi baldaŭ revenos. — La suno rebrilas en la klara akvo de la rivero. — Mi diris al la reĝo ; via reĝa moŝto, pardonu min ! — El la tri leteroj unu estis adresita : al Lia Episkopa Moŝto, Sinjoro N. ; la dua : al Lia Grafa Moŝto, Sinjoro P. ; la tria : al Lia Moŝto, Sinjoro D. — La sufikso « um » ne havas fiksitan signifon, kaj tial la (tre malmultajn) vortojn kun « um » oni devas lerni, kiel simplajn vortojn. Ekzemple : plenumi, kolumo, manumo. — Mi volonte plenumis lian deziron. — En malbona vetero oni povas facile malvarmumi. —[1] Sano[2], sana, sane, sani, sanu, saniga, saneco, sanigi, saniĝi, sanejo, sanisto, sanulo, malsano, malsana[3], malsane, malsani, malsanulo, malsaniga[4], malsaniĝi, malsaneta, malsanema, malsanulejo, malsanulisto[5], malsanero[6], malsaneraro, sanigebla[7], sanigisto[8], sanigilo, resanigi, resaniĝanto[9], sanigilejo, sanigejo[10], malsanemulo, sa nilaro, malsanaro, malsanulido, nesana, malsanado[11], sanilaĵo[12], malsaneco, malsanemo, saniginda, sanilujo, sanigilujo , remalsano[13], remalsaniĝo, malsanulino, sanigilista, sanilista, malsanulista k. t. p.

atingi atteindre,
rezultato résultat.
ŝiri déchirer.
peco morceau,
moŝto titre commun.
episkopo évêque.
grafo comte.
fiksi fixer.
malvarmumi s’enrhumer.

Dis

Ce suffixe marque essentiellement la désunion. Aussi désunir, se désunir sont-ils rendus en Esperanto par disigi, disiĝi. De même la désunion qu’on opère y est rendue par disigo et celle qui vous frappe vous-même par disiĝo.

Cette désunion, séparation, division peut naturellement s’opérer de bien des manières. Si elle est due à ce fait que les sujets vont dans des sens différents, c’est la disiro dont le verbe est disiri se séparer en allant chacun de son côté. Si elle s’opère par rupture ce sera le disrompo avec le verbe disrompi séparer par rupture. Si elle s’opère par lacération, nous aurons disŝiro avec le verbe disŝiri. Si c’est à l’aide de coups nous aurons disbato avec le verbe disbati qui nous servira par exemple pour rendre l’idée de murs qu’on sépare, qu’on abat à l’aide de projectiles ou même de coups de pioches. Disbati muron signifie donc abattre un mur à l’aide de coups. Si l’objet en question est rompu, brisé, en un mot désuni par une force qui le fait voler en éclats, qui en fait sauter les parties ça et là, cet objet dissaltas. Si la désunion s’opère en semant çà et là nous avons la dissemo et le verbe dissemi répondant rigoureusement au verbe français disséminer qui devrait être dissemer, puisque séminer n’existe pas.

S’agit-il de disperser (séparer en les poussant, en les faisant aller de divers côtés, des choses, des personnes qui étaient réunies), nous aurons dispeli, de peli pousser. Est-il question de distribuer (diviser entre plusieurs en donnant une part à chacun), nous aurons disdoni, de doni donner. Démonter dans le sens de défaire, en le disjoignant, ce qui est sur pied, ce qui se tient par l’assemblage de pièces sera dismeti. Séparer par une cloison se rend par disbari.

En somme, on le voit, dans tous les divers mots où dis intervient comme élément formateur, on retrouve l’idée de désunion, l’idée de mettre d’un côté et d’un autre les objets ou les personnes en cause. Parfois cet élément ne fait que fortifier l’idée de séparation déjà marquée par la racine elle-même. Ainsi entre rompi glason et disrompi glason il n’y a pas de différence essentielle, le second présente seulement l’idée avec plus de force que le premier ; il éveille à l’esprit la pensée de plus de morceaux, si je puis ainsi dire. Mais dans bien d’autres cas le dis apporte à la racine une modification essentielle, puisqu’il lui ajoute une idée de désunion, de séparation, de division ou de dissémination que par elle-même elle n’a pas. Ex. : disbati, dissalti, dispeli, disdoni, et pour la dissémination dissemi, disséminer, disporti porter ça et là, disjeti jeter çà et là, éparpiller.

Re

Ce préfixe marque le retour au lieu ou à l'état d’où on est parti. Par conséquent :

1° Si A a donné quelque chose à B et que l’objet soit de nouveau chez A, nous disons que B l’a rendu (redonis), A l’a repris (reprenis) ; l’objet est revenu à A (revenis). Ainsi un miroir renvoie (reĵetas) les rayons qui sont tombés sur lui. — La balle rebondit de terre (resaltas).

En ce cas re marque le retour vers le point de départ.

2° Si j’ai fait une chose et que je la réitère, je reviens moi aussi (dans mon acte) au point d’où j’étais parti. Par conséquent nous dirons refari faire de nouveau ce que moi ou un autre avons déjà fait, rekanti reprendre un chant (rechanter) ; rejuniĝi rajeunir (redevenir jeune) ; resaniĝi guérir (redevenir bien portant), etc.

Dans ce cas re marque la réitération.

(Cette explication sur le préfixe re a été fournie par le docteur Zamenhof lui-même).

FIN.


  1. À propos de toute la famille du mot sano, notons d’abord qu’il ne s’agit ici que de la santé, aussi bien dans les adjectifs que dans les substantifs, les verbes ou les adverbes dérivés de ce mot. Sana qui se porte bien, saniga qui fait se bien porter. Ex : Cet homme est bien portant, sain : sana. Cet air est salubre, sain : saniga. Cette nourriture est saine : saniga.
  2. Sano c’est la santé en elle-même, comme malsano est son contraire. Saneco c’est la qualité de l’homme qui jouit de la santé (sano), l’heureux état dans lequel il se trouve. Malsaneco en sera le contraire et par conséquent l’état dans lequel vous met la malsano.
  3. Malsana est adjectif, comme l’indique sa terminaison a ; malsanulo, au contraire, est le substantif, comme l’indique sa terminaison o. Ce dernier représente l’homme caractérisé par ce fait qu’il est l’opposé d’un bien portant, c.-à.-d. le malade. Cette phrase française « le pauvre malade est bien malade » se traduit en Espéranto : la mizera malsanulo estas tre malsana.
  4. Malsaniga est le contraire de saniga dont il est question à la note 1 (page 105).
  5. Malsanulisto homme qui s’occupe des malades c.-à-d. un garde-malade ; kuracisto (de kuraci traiter les malades) homme qui traite les malades, c.-à-d. un médecin.
  6. Ce mot ne fait aucunement double emploi avec simptomo (symptôme) qui désigne un des signes indicateurs de la maladie. On peut dire à l’occasion en Esperanto : tel simptomo vient de tel malsanero ou inversement : tel malsanero donne naissance à tel simptomo.
  7. Sanigebla se dira de quelqu’un qui est maladif, mais dont le fonds de constitution est assez bon pour qu’il soit quand même sanigebla. Resanigebla se dirait de quelqu’un qui est malade mais guérissable.
  8. Un saint, par exemple, ou même une autre personne peuvent être appelés sanigisto sans être pour cela kuracisto (médecin).
  9. Resaniĝi redevenir bien portant, se guérir. D’où resaniĝanto celui qui redevient bien portant, qui se guérit, le convalescent.
  10. Littéralement : lieu pour rendre bien portant. Dans un sanigejo, d’après le sens du mot lui-même, on rend bien portants les malades (malsanuloj). Dans un malsanulejo (hôpital) on les traite, sans succès fréquemment. Enfin, dans un sanejo (lieu de santé, endroit bon pour la santé) les gens bien portants mettent leur santé à l’abri de la maladie, en temps d’épidémie, par exemple.
  11. Un exemple fera comprendre la différence entre malsano et malsanado. Cette phrase : « Il ne craint pas la maladie, mais l’état, la situation prolongée de malade est incommode pour lui, par la grande perte de temps qu’elle occasionne » se rend en Esperanto par : li ne timas la malsanon, sed la malsanado estas por li maloportuna per la granda perdado de tempo kiun ĝi kaŭzas.
  12. Exemple, du bon pain représentera un sanilaĵo.
  13. Remalsano c’est une rechute en elle même, sans renvoi de l’esprit au sujet. Remalsaniĝo, au contraire, implique, par sa composition même, réflexion sur le sujet. C’est lui qui devient, se fait malade de nouveau.