Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Formation des mots

La bibliothèque libre.

FORMATION ET MULTIPLICATION

DES MOTS
———

L’étude spéciale des affixes (préfixes et suffixes) ne commençant qu’à l’exercice 30, on pourrait à la rigueur sauter pour le moment les pages suivantes qui en traitent. On y reviendrait alors, quand on serait arrivé à cet exercice. Nous croyons cependant que l’élève fera bien d’en prendre connaissance avant, sans s’y appesantir aucunement d’ailleurs, puisqu’il doit s’en occuper spécialement dans les dix derniers exercices. La légère étude qu’il en fera, par une simple lecture attentive, lui permettra de mieux saisir tout de suite la richesse réelle, la logique et la souplesse de l’Esperanto. Ce sera une préparation utile à l’étude fondamentale qu’il leur consacrera à partir de l’exercice 30.

Pour former d’un mot quelconque divers autres mots l’Esperanto emploie :

1° Les terminaisons grammaticales. Ex. :

Am’i aimer, am’o amour, am’ant’o amant ; mort’i mourir, mort’o (la) mort, mort’int’o (le) défunt ; koler’o colère, koler’a irrité ; tuj de suite, tuj’a immédiat ; parol’o parole, parol’i parler, parol’a oral, parol’e de vive voix, verbalement, parol’ant’o (l’)orateur (l’homme en train de parler) ; leg’i lire, leg’ant’o lecteur ; oft’e souvent, oft’a fréquent, etc., etc.

2° La réunion des mots. Ex. :

En’ir’i entrer (en dans, ir’i aller) ; el’ir’i sortir (el hors de, d’entre, ir’i aller) ; al’port’i apporter (al à, port’i porter) ; okul’vitr’o'j lunettes (okul œil , vitr’o verre) ; staci’dom’o gare (staci station, dom’o maison).

3° Les préfixes et les suffixes suivants :

Mal, qui marque les contraires ; ex. : bon’a bon, mal’bon’a mauvais ; fort’a fort, mal’fort'a faible ; estim'i estimer, mal’estim’i mépriser ; ĝoj’i se réjouir, mal’ĝoj’i s’attrister ; ferm’i fermer, mal’ferm’i ouvrir ; supr’e en haut, mal’supr’e en bas ; am’o amour, mal’am’o haine ; amik’o ami, mal’amik’o ennemi, etc.

In, qui marque le sexe féminin ; ex. : patr’o père, patr’in’o mère ; frat’o frère, frat’in’o sœur ; fianĉ’o fiancé , fianĉ’in’o fiancée ; vir’o homme , vir’in’o femme ; sinjor’o monsieur, sinjor’in'o madame ; fraŭl’o célibataire, homme non marié, fraŭl’in’o demoiselle, mademoiselle ; kok’o coq, kok’in’o poule ; bov’o bœuf, bov’in’o vache, etc., etc.

Il, qui marque l’instrument ; ex. : hak’i hacher, hak’il’o hache ; komb’i peigner, komb’il’o peigne ; kudr’i coudre, kudr’il’o aiguille ; tond’i tondre, tond’il’o ciseaux ; tranĉ’i trancher, tranĉ’il’o couteau.

Ad, qui marque durée dans l’action, dans l’idée exprimée par la racine ; ex. : paf’o coup de fusil, paf’ad’o fusillade ; parol’o parole, parol’ad’o discours ; progres’o un progrès, progres’ad’o le progrès continu, la succession des progrès ; ir’i aller, ir’ad’i aller longtemps ; kri’i crier, kri’ad’i crier longtemps ; produire une succession de cris. Toute action de quelque durée est marquée par ce suffixe.

, qui marque quelque chose possédant une certaine qualité ou fait de… ; ex. : mal’nov’a vieux, ancien, mal’nov’aĵ’o une antiquité, une vieillerie ; mol’a mou, mol’aĵ’o (le) mou ; mal’mol’a dur, mal’mol’aĵ’o (le) dur ; pentr’i peindre, pentr’aĵ’o une peinture ; bon’a bon, bon’aĵ’o une bonne chose, une qualité ; mal’bon’aĵ’o une chose mauvaise, un défaut. Avec ce suffixe l’idée est concrète ; avec ec qu’on verra plus loin, elle est abstraite.

An, qui marque le membre, l’habitant, le partisan de… Ex. : regn’o état, regn’an’o citoyen ; vilaĝ’o village, vilaĝ’an’o villageois ; Pariz’o Paris, Pariz’an’o Parisien ; krist’an’o chrétien.

Ar, qui marque une réunion, une collection de… ; ex. : arb’o arbre, arb’ar’o forêt ; ŝtup’o marche, ŝtup’ar’o escalier ; vort’o mot, vort’ar’o dictionnaire.

Bo, qui marque la parenté résultant du mariage, ex. : patr’o père, bo’patr’o beau-père ; frat’o frère, bo’frat’o beau-frère ; fil’in’o fille, bo’fil’in’o belle-fille, bru.

Ĉj, après les 2-5 premières lettres d’un nom d’homme, sert de diminutif caressant ; ex. : Miĥael’o Michel, Mi’ĉj’o petit Michel, Michel chéri ; Aleksandr’o, Ale’ĉj’o ; Aŭgust’o, Aŭgu’ĉj’o, ; Petr’o, Pe’ĉj’o.

Dis = dis, marque désunion et dissémination ; ex. : sem’i semer, dis’sem’i semer çà et là, disséminer ; ĵet’i jeter, dis’ĵet’i jeter çà et là, éparpiller ; kur’i courir, dis’kur’i courir de côté et d’autre, se disperser en courant ; ir’i aller, dis’ir’i aller chacun de son côté, se séparer.

Ebl, qui se peut... ; ex, : kred’i croire, kred’ebl’a croyable ; leg’i lire, leg’ebl’a lisible ; fleks’i fléchir, fleks’ebl’a flexible.

Ec marque la qualité (abstraitement) ; ex. : bel’a beau, bel’ec’o (la) beauté ; jun’a jeune, jun’ec’o jeunesse ; amik’o ami, amik’ec’o amitié ; vir’o homme vir’ec’o virilité ; grand’a grand, grand’ec’o grandeur ; mal’riĉ’a pauvre, mal’riĉ’ec’o pauvreté.

Edz marque le conjoint de.... ; ex. : lav’ist’in’o laveuse, blanchisseuse, lav’ist’in’edz’o mari de blanchisseuse ; doktor’o docteur, doktor’edz’in’o femme de docteur ; forĝ’ist’edz’in’o femme de forgeron.

Eg, augmentatif qui marque le plus haut degré ; ex. : varm’a chaud, varm’eg’a brûlant ; grand’a grand, grand’eg’a énorme, immense ; pluv’o pluie, pluv’eg’o averse ; paf’il’o fusil , paf’il’eg’o canon ; baston’o bâton, baston’eg’o gourdin.

Ej marque le lieu spécialement affecté à ... ex. : kuir’i faire cuire, kuir’ej’o cuisine ; preĝ’i prier, preĝ’ej’o église ; lern’i apprendre, lern’ej’o école ; ĉeval’o cheval, ĉeval’ej’o écurie.

Ek marque une action qui commence ou qui est momentanée ; ex. : kant’i chanter, ek’kant’i se mettre à chanter ; kri’i crier, ek’kri’i s’écrier ; vid’i voir, ek’vid’i apercevoir ; dorm’i dormir, ek’dorm’i s’endormir ;

Em marque le penchant à . . . , l’habitude de . . . ex. : kred’i croire, kred’em’a crédule, kred’em’o crédulité ; venĝ’i venger, venĝ’em’a vindicatif ; si’n gard’i se garder, si’n’gard’em’a prudent, circonspect, si’n’gard’em’o prudence, circonspection ; koler’i se fâcher, être en colère, koler’em’a irascible,

Er ramène à l’élément, à l’unité partielle ; ex. : mon’o argent, monnaie, mon’er’o (une) pièce de monnaie ; sabl’o sable, sabl’er’o (un) grain de sable ; fajr’o feu, fajr’er’o (une) étincelle.

Estr veut dire chef de ... ; ex. : reg’no état, regn’estr’o chef d’état ; ŝip’o vaisseau, ŝip’estr’o capitaine ; lern’ej’o école, lern’ej’estr’o maître d’école.

Et diminutif ; ex. ; ĉambr’o chambre, ĉambr’et’o chambrette ; knab’o garçon, knab’et’o petit garçon, garçonnet ; mur’o mur, mur’et’o petit mur ; mont’o montagne, mont’et’o colline ; rid’i rire, rid’et’i sourire ; dorm’i dormir, dorm’et’i sommeiller, dormir légèrement ; kant’i chanter, kant’et’i fredonner.

Ge réunit les deux sexes ; ex. : patr’o père, ge’patr’o’j le père et la mère, les parents ; mastr’o maître, patron, ge’mastr’o’j les maîtres, les patrons (homme et femme).

Id veut dire enfant de ... , descendant de ... ex. : bov’o bœuf, bov’id’o veau ; kok’o coq, kok’id’o poulet ; Izrael’id’o Israélite ; Napoleon’id’o’j (les) descendants de Napoléon.

Ig veut dire : rendre, faire ... ; ex. : pur’a propre, pur’ig’i nettoyer ; sci’i savoir, sci’ig’i faire savoir, informer ; brul’i brûler, être en feu, brul’ig’i faire brûler ; dev’i devoir, être obligé, dev’ig’i obliger ; mort’i mourir, mort’ig’i faire mourir, tuer ; fianĉ’o fiancé, fianĉ’ig’i fiancer ; ven’i venir, ven’ig’i faire venir ; pli grand’a plus grand, pli’grand’ig’i accroître ; augmenter ; for loin (loin d’ici!) for’ig’i éloigner ; sen sans, sen’ig’i dépouiller.

veut dire : se faire, devenir ... ex. : mal’jun’a vieux, mal’jun’iĝ’i se faire, devenir vieux ; pal’a pâle, pali’iĝ’i pâlir ; fianĉ’o fiancé, fianĉ’iĝ'i se fiancer (devenir fiancé) ; edz’o mari, edz’iĝ’i se marier (devenir marié) ; sid’i être assis, sid’iĝ’i s’asseoir (devenir assis) ; fluid’a liquide, fluid’iĝ’i se fondre ; al à, al’iĝ’i se joindre, adhérer.

Ind signifie digne de ... , qui mérite ... ex. : kred’o croyance, foi, kred’ind’a digne de foi ; laŭd’o louange, laŭd’ind’a louable ; memor’o souvenir, mémoire, memor’ind’a mémorable ; bedaŭr’o regret, bedaŭr’ind’a regrettable ; bedaŭr’ind’e (regrettablement) malheureusement.

Ing marque l’objet dans lequel se met ordinairement, ou mieux s’introduit, la chose exprimée par la racine ; ex. : kandel’o chandelle, kandel’ing’o chandelier ; plum’o plume, plum’ing’o porte-plume ; fingr’o doigt, fingr’ing’o dé à coudre.

Ist marque la profession ; ex. : bot’o botte, bot’ist’o bottier ; kurac’i traiter (les malades), kurac’ist’o médecin ; ŝtel’i voler, ŝtel’ist’o voleur ; instru’i instruire, instru’ist’o instituteur ; mar’o mer, mar’ist’o marin ; komerc’i commercer, komerc’ist’o commerçant.

Moŝt’o, titre général de politesse ; ex. : reĝ’o roi, Vi’a Reĝ’a Moŝt’o, Votre Majesté ; Vi’a Princ’a, Duk’a, Graf’a, Baron’a, General’a Moŝt’o, Monsieur le Prince, le Duc, le Comte, le Baron, le Général ; Via Duk’in’a Moŝto Madame la Duchesse, Vi’a Moŝt’o votre altesse, éminence, excellence, noblesse, etc.

Nj, après les 2-5 lettres d’un nom féminin, sert de diminutif caressant ; ex. : Mari’o Marie, Ma’nj’o petite Marie ; Emili’o — Emi’nj’o ; Aŭgust’in’oAŭgu’nj’o.

Re veut dire : en retour, de nouveau ; ex. : ven’i venir, re’ven’i revenir ; ir’i aller, re’ir’i retourner ; viv’iĝ’i s’animer, devenir vivant, re’viv’iĝ’i se ranimer, ressusciter.

Uj veut dire : qui porte, renferme ..., ex. : cigar’o cigare, cigar’uj’o porte-cigares ; mon’o monnaie, mon’uj’o porte-monnaie ; suker’o sucre, suker’uj’o sucrier ; pom’o pomme, pom’uj’o pommier ; Turk’o Turc, Turk’uj’o Turquie.

Ul marque l’être caractérisé par ... ex. : jun’a jeune, jun’ul’o jeune homme ; mal’jun’a vieux, mal’jun’ul’o vieillard ; mal’riĉ’a pauvre, mal’riĉ’ul’o le pauvre, un pauvre ; tim’o crainte, tim’ul’o le poltron ; avar’a avare, avar’ul’o l’avare.