Grammaire et exercices de la langue internationale Esperanto/Introduction

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INTRODUCTION


COMMENT IL FAUT APPRENDRE
« L’ESPERANTO »

Si faciles et si simples que puissent être une science ou un art quelconque, on ne doit pas moins les étudier avec ordre et méthode. C’est un principe qu’il n’est pas inutile de rappeler à propos de l’Esperanto. En face d’une langue qu’ils comprennent hic et nunc à l’aide du dictionnaire, certains adeptes oublient que, même en Esperanto, l’art de parler et d’écrire est forcément moins facile que celui de comprendre. Ils veulent le pratiquer trop tôt. À cause de cette précipitation, ils y trouvent une gêne qu’ils s’éviteraient, s’ils procédaient d’une manière plus logique. Ils n’en iraient pas moins vite et atteindraient le but plus sûrement.

L’expérience nous permettant de le dire, nous garantissons aux adeptes qu’ils se trouveront bien de suivre la marche indiquée ci-dessous :

1° Bien s’assimiler la valeur immuable de chacune des lettres de l’alphabet. Pour cela, après avoir pris connaissance des quelques remarques placées aux pages 14 et 15, faire très attentivement et en articulant chaque lettre les exercices 2, 3, 4 où les syllabes sont séparées et l’accent tonique constamment indiqué.

Les noms attribués aux lettres avant l’exercice 2, n’ont pas une très grande importance ; cependant on fera bien de les employer pour désigner tel ou tel caractère. Ils présentent cet avantage de donner à l’alphabet esperanto sa physionomie propre, nettement distincte de tous les alphabets connus.

Remarquez que le son de la lettre se fait toujours entendre au commencement du nom. Remarquez encore que les lettres ĉ, ĝ, ĵ, ŝ sont chuintantes, c’est-à-dire qu’elles font entendre le son de j ou de ch dans je, chat, soit pur : ĵ, ŝ, soit précédé de d ou de t : ĝ, ĉ.

2° Une fois maître de la prononciation, commencer l’étude de la grammaire proprement dite. La lire attentivement, pour en avoir une idée générale. Puis s’assimiler les règles 1, 2, 3, 5, 6, 7, 8. En d’autres termes acquérir la valeur des 17 caractéristiques grammaticales o, a, e, j, n (non verbales), as, is, os, us, u, i (verbales), ant, int, ont, at, it, ot (participales). En réalité, on peut dire qu’elles constituent le fonds le plus clair de la grammaire esperanto. On ne s’occupera de la règle 4 qu’une fois arrivé à l’exercice 10. La règle 11 se verra avec l’exercice 25 ; la règle 13 avec l’exercice 24 ; la règle 14 avec les exercices 26 et 27.

3o Tout en acquérant les 17 caractéristiques, faire de suite les exercices 5, 6, etc., jusqu’au vingt-sixième, très posément, par écrit[1]. Prononcer l’Esperanto à haute voix, si on le peut ; ceci pour s’exercer à la prononciation, pour bien habituer son oreille aux sons de l’Esperanto, enfin pour mieux retenir les mots, l’ouïe aidant la mémoire.

4o Procéder sans précipitation, car trop de hâte est nuisible en toute chose et spécialement dans l’étude d’une langue, quelle qu’elle soit. Mieux vaut y mettre un peu plus de temps et assurer le résultat. Cette traduction de l’Ekzercaro est la base de votre science en Esperanto, faites donc tout pour qu’elle soit solide.

Ne vous contentez pas d’écrire chaque version à l’aide du vocabulaire placé dessous. Refaites-la immédiatement de mémoire. Ne négligez ni une phrase ni un mot. À quoi vous servirait-il, en effet, de traduire tout ce petit ouvrage grâce au dictionnaire, si ensuite vous étiez incapable de comprendre sans ce secours les exercices qu’il renferme ?

5o Bien que l’étude approfondie et complète des affixes multiplicateurs des mots soit rejetée avec raison dans les 10 derniers exercices et qu’on puisse fort bien ne s’en occuper qu’à partir du trentième, si l’on y voit avantage, nous conseillons d’en prendre au moins une légère connaissance générale, dès qu’on possédera les 17 terminaisons grammaticales. La possession des affixes facilite énormément l’intelligence et le souvenir des mots Esperanto, outre qu’elle vous dispense à chaque instant de recourir au dictionnaire.

6° Nos Thèmes d’application vous fourniront la contre-partie développée et autrement présentée des versions de l’Ekzercaro, plus huit dialogues et thèmes sur le Texte synthétique dont nous parlerons plus bas et des exercices spéciaux sur la formation des mots en Esperanto, à l’aide des prépositions. Si vous travaillez sans maître, nous ne vous engageons pas à faire de Thèmes en Esperanto avant d’avoir atteint la 26e version de l’Ekzercaro parce que, si on doit éviter la précipitation pour la traduction des textes esperanto dans sa langue maternelle, il ne faut pas moins se garder de commencer trop tôt la traduction de textes étrangers en Esperanto. Cette deuxième opération offre, en effet, plus de difficulté que la première. L’entreprendre dès qu’on commence l’étude de la langue, est le plus sûr moyen de contracter pour toujours peut-être de mauvaises habitudes, dont on aura souvent beaucoup de peine à se défaire. Comment bien traduire un texte étranger dans une langue dont on commence l’étude ? Comment imiter ce qu’on ne connaît pas encore ? La nature même condamne ce procédé : l’enfant entend et comprend depuis assez longtemps déjà sa langue maternelle, quand il commence à la parler.

Pour bien s’assimiler et pour bien reproduire les mots, les règles et les expressions d’une langue, quelle qu’elle soit, il faut une observation attentive et un travail d’imitation, dont personne au monde ne peut nous dispenser. Sans doute cette observation et ce travail sont infiniment plus faciles en Espéranto qu’en toute autre langue ; mais, si faciles, si réduits qu’ils soient, ils ont une importance capitale. Sans eux, impossible de bien parler l’Esperanto, car seuls ils peuvent nous empêcher de transporter inconsciemment dans la langue internationale, les bizarreries et les idiotismes des langues nationales. Précisément parce que l’Esperanto est tout entier fondé sur la logique, nous devons nous approprier avec soin les mots justes, les expressions rationnelles qu’il substitue à tant de mots vagues ou faux, à tant d’expressions illogiques employées dans nos langues. C’est d’ailleurs la seule voie que nous puissions prendre pour obtenir entre nous l’unité de formes et le style régulier indispensables à l’entente réciproque. Car, pas plus en Esperanto que dans un autre idiome, il n’est permis à personne de prendre pour guide sa langue maternelle. On doit, au contraire, se demander constamment, surtout au début, si la forme ou le mot qu’on veut employer sont bien admis par l’Esperanto. On comprendra donc facilement que nous recommandions de ne rien traduire en Esperanto avant d’avoir atteint le 26e exercice.

7° Parallèlement à la traduction de l’Ekzercaro, l’étudiant fera celle du Texte synthétique[2]. On peut la commencer aussitôt qu’on sait la valeur des 17 terminaisons grammaticales. On pourrait même la commencer avant, sans aucune préparation antérieure, si l’on pensait que la traduction du texte fût précisément le meilleur moyen d’acquérir sans confusion possible et de retenir fidèlement cette valeur : tous les cerveaux ne fonctionnent pas exactement de même. Mais alors, il faudrait noter très attentivement la valeur de chacune des susdites terminaisons, ce qui est facile à l’aide de la traduction française juxtaposée. Nous indiquons dans l’ouvrage lui-même la meilleure manière d’en tirer profit.

Ceci dit pour quelques-uns, nous pensons que la plupart des adeptes feront mieux de n’adjoindre à l’Ekzercaro ce petit livre, très utile, qu’à partir du 26e exercice.

8° Fort de l’expérience acquise et des aveux reçus nous n’hésitons pas à dire : si vous voulez écrire et parler l’Esperanto avec facilité et correction, ne craignez pas de vous borner à le traduire, jusqu’à ce que vous sentiez que ses formes et ses mots ordinaires vous viennent sans effort à l’esprit. Or ce fait n’est possible qu’au bout d’un certain temps uniquement consacré à le traduire dans votre langue maternelle. Toute autre voie vous exposerait à des désillusions.

En dehors des ouvrages indiqués ci-dessus la revue l’Espérantiste peut vous aider beaucoup à la prompte acquisition de la langue[3].

À tous ceux qui suivront fidèlement les conseils que nous venons de donner nous garantissons une assimilation facile, rapide et complète de l’Esperanto.

  1. Le Dictionnaire Esperanto-Français fournira le sens des mots qui ne sont pas traduits de nouveau, au-dessous de tel ou tel exercice, et dont la signification serait oubliée.

    Le Corrigé de grammaire et exercices permettra à ceux qui travaillent sans maître de s’assurer de l’exactitude de leurs versions, avec d’autant plus de facilité que le corrigé donne la traduction littérale.

  2. Texte synthétique des règles, préfixes, suffixes, expressions de l’Esperanto. Texte esperanto et traduction française en regard. — Prix : 0 fr. 50, à la librairie Hachette, 79, boulevard Saint-Germain, Paris.
    Cet ouvrage a pour complément indispensable le Commentaire sur la grammaire Esperanto auquel il renvoie constamment. Le Commentaire donne avec une multitude d’exemples tous les conseils nécessaires ou utiles à un Français pour acquérir sûrement un style grammatical absolument irréprochable en Esperanto. On le trouve aussi à la librairie Hachette, au prix de 2 francs.
  3. L’Espérantiste est l’organe officiel de la Société française pour la propagation de l’Esperanto. Pour le recevoir, on peut, soit prendre un simple abonnement (3 fr. pour la France, 3 fr. 50 pour l’Étranger), soit se faire inscrire à la Société (4 fr. par an).
    Cette revue mensuelle de propagande (32 pages format 15x22) est rédigée en français et en Esperanto ; tous les membres de la Société qui payent la cotisation de 4 fr. la reçoivent de droit. On y trouve des études sur la question de la langue internationale, des conseils, des remarques et des textes bien propres à faciliter encore l’acquisition de l’Esperanto. La revue relate tous les mois, les progrès de notre idée dans le monde entier et publie les adhésions reçues depuis le numéro précédent. Enfin elle met gratuitement à la disposition de ses lecteurs la Internacia Korespondado Esperanta (Correspondance internationale en Esperanto) qui leur permet de nouer avec une quantité d’Espérantistes, dans le monde entier, des relations en rapport avec leur profession et leurs goûts, ou de faire des échanges de toutes sortes.
    La revue donne aussi chaque mois la liste de tous les groupes espérantistes français et l’état actuel des publications relatives à la langue avec les indications voulues pour se les procurer.
    N. B. — Le secrétaire de la Société, 6, rue du Levant, à Vincennes, près Paris, enverra un numéro spécimen de la revue à toutes les personnes qui en feront la demande par lettre accompagnée de 30 centimes en timbres-poste. Il fournira aussi tous les renseignements dont on pourrait avoir besoin sur notre entreprise.
    On est instamment prié d’écrire très lisiblement les indications relatives au nom de l’expéditeur et à sa résidence, et de vouloir bien les répéter dans chaque lettre, afin d’éviter des recherches longues et parfois infructueuses dans des dossiers volumineux. Adjoindre à toute lettre un timbre pour la réponse.
    Pour entrer dans la Société, on n’a qu’à suivre les indications données par les statuts. (Voir page 8 de la notice qui termine cet ouvrage.) Pour s’abonner à l’Espérantiste, il suffit d’envoyer la somme indiquée à l’administration de l’Espérantiste, Louviers (Eure). — Les abonnements partent du 1er janvier, 1er avril, 1er juillet, 1er octobre.