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Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/Instruments nouveaux

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INSTRUMENTS NOUVEAUX.

L’auteur de cet ouvrage n’est point obligé, sans doute, de mentionner la multitude d’essais de toute espèce, que font journellement les fabricants d’instruments de musique, leurs prétendues inventions plus ou moins malheureuses, ni de faire connaître les individus inutiles qu’ils veulent introduire dans le peuple des instruments. Mais il doit signaler et recommander à l’attention des compositeurs les belles découvertes que d’ingénieux artistes ont faites, surtout quand l’excellence du résultat de ces découvertes a été généralement reconnue, et quand leur application est déjà un fait accompli dans la pratique musicale d’une partie de l’Europe. Ces producteurs sont au reste peu nombreux, et MMrs Adolphe Sax et Alexandre se présentent à leur tête.

Mr Sax, dont les travaux vont nous occuper d’abord, a perfectionné, je l’ai déjà indiqué ça et là dans le cours de ce travail, plusieurs instruments anciens. Il a en outre comblé plusieurs vides existant dans la famille des instruments de cuivre. Son principal mérite néanmoins est la création d’une famille nouvelle, complète depuis quelques années seulement, celle des instruments à anche simple, à bec de clarinette et en cuivre.

Ce sont les Saxophones. Ces nouvelles voix données à l’orchestre possèdent des qualités rares et précieuses. Douces et pénétrantes dans le haut, pleines, onctueuses dans le grave, leur médium a quelque chose de profondément expressif. C’est, en somme, un timbre sui generis, offrant de vagues analogies avec les sons du violoncelle, de la clarinette et du cor anglais, et revêtu d’une demi-teinte cuivrée, qui lui donne un accent particulier.

Le corps de l’instrument est un cône parabolique en cuivre, armé d’un système de clefs. Agiles, propres aux traits d’une certaine rapidité, presqu’autant qu’aux cantilènes gracieuses et aux effets d’harmonie religieux et rêveurs, les saxophones peuvent figurer avec un grand avantage dans tous les genres de musique, mais surtout dans les morceaux lents et doux.

Le timbre des notes aiguës des saxophones graves a quelque chose de pénible et de douloureux, celui de leurs notes basses est au contraire d’un grandiose calme pour ainsi dire pontifical. Tous, le Baryton et la Basse principalement, possèdent la faculté d’enfler et d’éteindre le son ; d’où résultent, dans l’extrémité inférieure de l’échelle, des effets inouïs jusqu’à ce jour qui leur sont tout à fait propres et tiennent un peu de ceux de l’orgue expressif. Le timbre du Saxophone aigu est beaucoup plus pénétrant que celui des clarinettes en Si et en Ut, sans avoir l’éclat perçant et souvent aigre de la petite clarinette en Mi On peut en dire autant du Soprano. Les compositeurs habiles, tireront plus tard un parti merveilleux des Saxophones associés à la famille des clarinettes, ou introduits dans d’autres combinaisons qu’il serait téméraire de chercher à prévoir.

Cet instrument se joue avec une grande facilité, le doigté procédant du doigté de la flûte et de celui du Hautbois. Les clarinettistes déjà familiarisés avec l’embouchure, se rendent maîtres de son mécanisme en très peu de temps.