Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ÉDOUARD IV, roi d’Angleterre, fils de Richard, duc d’York

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Administration du grand dictionnaire universel (7, part. 1p. 202).

ÉDOUARD IV, roi d’Angleterre, fils de Richard, duc d’York, né en 1441, mort en 1483. Il fut le chef du parti de la Rose blanche. Son père, qui avait pris les armes contre la maison de Lancastre pour appuyer ses prétentions au trône, périt dans une bataille pendant que son parti était décimé (1460). Le jeune Édouard rassembla résolument les débris de la faction d’York, écrasa l’armée de la Rose rouge à Mortimer’s Cross et à Northampton, marcha sur Londres et se fit proclamer roi (1461) à la place de Henri VI, qu’il fit jeter à la Tour de Londres. Mais la femme du roi déchu, Marguerite d’Anjou, véritable chef du parti de Lancastre, rassembla une nouvelle année et tenta de nouveau le sort des combats. Vainqueur à Towton (1461), puis à Hexham (1463), Édouard retourna à Londres, se fit couronner et convoqua un parlement qui le reconnut comme souverain. « Hardi, actif, entreprenant, dit Hume, il était en même temps d’une dureté de cœur et d’une inflexibilité d’esprit qui le rendaient inaccessible à tous les mouvements de la compassion. » Il livra au supplice les hommes les plus considérables du parti de Lancastre, et, délivré de ce côté de toute inquiétude, il s’adonna sans réserve à son goût pour les plaisirs. Malgré ses actes de vengeance cruelle, qui étaient du reste dans les mœurs du temps, il jouit au commencement de son règne d’une grande popularité. Sa jeunesse, sa beauté, le charme de ses manières, le libre accès que les gens du peuple trouvaient auprès de lui le firent particulièrement aimer des habitants de Londres et des femmes, et sa cour offrit le spectacle de fêtes continuelles. N’ayant pu faire sa maîtresse de la belle Élisabeth Woodville, veuve du chevalier Gray, il l’épousa secrètement (1464) ; mais cette union n’était plus un secret pour personne lorsque Warwick, qui avait été chargé de négocier le mariage d’Édouard IV avec Bonne de Savoie, revint en Angleterre pour rendre compte du succès de sa mission. L’altier négociateur, qui avait puissamment contribué à mettre Édouard sur le trône, fut profondément blessé de la conduite du roi. Il se mit à la tête d’une conspiration formidable, dans laquelle entrèrent les partisans de Lancastre et le duc de Clarence, frère du roi. En 1469, la guerre civile éclata avec toutes ses horreurs. Édouard IV, attaqué par le comte de Warwick qui avait réuni une armée de 60,000 hommes, dut s’embarquer à la hâte pour la Hollande pour ne pas tomber entre ses mains. Pendant ce temps, le tout-puissant comte entrait à Londres, tirait de sa prison Henri VI, le faisait proclamer roi et obtenait du Parlement un décret qui déclarait Édouard IV déchu comme traître et usurpateur (1470). Mais, grâce à l’appui de son beau-frère, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, Édouard put recouvrer la couronne l’année suivante, après avoir vaincu à Barnet Warwick, qui perdit la vie dans cette rencontre. Édouard signala son retour par les cruautés qui étaient dans les mœurs du temps et surtout dans les habitudes de cette guerre implacable. Son propre frère, Clarence, accusé de complot, fut mis à mort (1478), et Henri VI, enfermé pour la troisième fois à la Tour, ne tarda pas à être égorgé par les ordres du vainqueur. Édouard se livra alors avec plus d’ardeur que jamais à son goût pour les plaisirs et mourut au moment où il se préparait à une guerre contre l’Écosse