Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ALEXANDRE II, empereur de Russie, fils aîné de Nicolas et de Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine, sœur du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 193).

ALEXANDRE II, empereur de Russie, fils aîné de Nicolas et de Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine, sœur du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, et qui reçut comme czarine le nom d’Alexandra-Feodorowna. Élevé d’abord par sa mère et placé sous la direction de l’Allemand Mœrder, il fut confié ensuite aux soins du poëte russe Joukowski, qui acheva son éducation. Ce dernier appartenait, comme le czar Nicolas, au vieux parti russe. Le caractère du jeune prince porta l’empreinte de ces influences diverses. Revêtu dès son enfance de l’habit de soldat et de hautes dignités militaires, formé pour la guerre et pour l’autocratie, il se pliait difficilement néanmoins à la forte discipline que son père imposait autour de lui, et il tomba même dans une mélancolie dont on essaya de le guérir par un voyage en Allemagne, pendant lequel il épousa la princesse Marie, fille du grand-duc de Hesse-Darmstadt (1841). Nicolas mourut, comme on le sait, en mars 1855, au milieu des embarras de la guerre de Crimée. Alexandre, héritant d’une situation qu’il n’avait point faite, suivant l’expression de Napoléon III, soutint quelque temps encore la politique héréditaire des czars et continua la guerre avec assez d’énergie, mais plutôt, à ce qu’il semble, pour satisfaire l’honneur militaire et les vieux sentiments moscovites. Après la prise de Sébastopol, il jugea sagement qu’il était temps d’accepter les conditions que les alliés mettaient à. la paix, envoya ses plénipotentiaires à Paris, et parut dès lors vouloir consacrer toute l’activité de son gouvernement aux affaires intérieures de son vaste empire, qui lui doit d’importantes améliorations, quelques réformes administratives et un développement considérable de l’instruction publique. L’œuvre la plus importante de son règne et de sa politique est jusqu’à présent l’émancipation des serfs, qu’il a courageusement commencée, et qui se complétera sans doute par des mesures ultérieures. Cette noble initiative ne peut malheureusement faire oublier sa conduite récente envers la Pologne. Dans cette question, en effet, il paraît suivre entièrement les inspirations du vieux parti russe. Tout ce que mon père a fait est bienfait, a-t-il dit à cet égard. Et l’on sait combien Nicolas fut impitoyable envers cette malheureuse nation. Dès le début de l’insurrection actuelle (V. Pologne), la répression prit un caractère implacable qui n’a fait que s’aggraver, épouvantant l’Europe par des actes d’une férocité inouïe, dont la responsabilité rejaillit en partie sur le prince qui choisit, qui maintient et qui récompense des généraux comme Mourawiew et autres proconsuls, que sans aucun doute l’histoire flétrira du nom de bourreaux. Comme homme privé, Alexandre est, dit-on, plein de douceur, d’intelligence et d’aménité. On vante même ses tendances libérales, au moins dans les questions qui n’intéressent point la domination russe. Il parait en outre doué de cette habileté moscovite que Napoléon Ier, juge un peu partial, il est vrai, a comparé à la finesse astucieuse des Grecs du Bas-Empire.

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