Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ARIUS, fameux hérésiarque

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 2p. 639).

ARIUS, fameux hérésiarque, né vers l’an 270, à Alexandrie, suivant les uns, selon d’autres, dans la Cvrénaïque. Après avoir été partisan de Meletîus, évêque de Lycopolis, qui causa un schisme en Égypte, il parut se repentir, et fut ordonné prêtre par Achillas, patriarche d’Alexandrie. Il était alors dans un âge avancé, .et en peu de temps sa science et ses talents relevèrent aux plus hautes dignités. Aussi, à la mort d’Achillas, espérait-il lui succéder ; mais l’événement trompa son attente, et Alexandre, prêtre recommandable par ses vertus, fut élu a sa place. Dès lors, sa jalousie ne lui laissa pas de repos qu’il n’eût trouvé un prétexte pour ruiner l’autorité de son rival. Tel aurait été, d’après les écrivains catholiques, le motif qui porta Arius à attaquer la doctrine de l’Église sur la divinité du Verbe. Nous ne dirons rien ici ni de la doctrine ni des démêlés d’Arius avec

sèment d’Arius, suivi quelque temps après de son rappel, ni. enfin, de sa mort subite dans laquelle les orthodoxes virent un châtiment du ciel. Nous renvoyons, pour tous ces détails, au mot Arukismb.

Arius, d’après le portrait qu’en a laissé saint Epinhane, était doué d’une pénétration extraordinaire et d’une vaste intelligence^ fortifiée par des études incessantes. Non-seulement la philosophie de Platon lui était familière, mais il n’ignorait aucun des secrets de la dialectique péripatéticienne.

Tous ses contemporains s’accordent h voir en lui un homme d’un grand talent et d’un savoir immense. Sa taille était élevée, son maintien grave et sérieux ; la vertu et l’austérité semblaient se peindre sur son visage. Malgré cet air de sévérité et de tristesse, que la méditation imprime au front de ceux qui se dévouent au tourment de la pensée, on se sentait attiré vers lui par sa conversation et ses manières pleines de grâce et d’aménité. Son habillement était modeste ; il consistait en une tunique sans manches et un manteau étroit, tel qu’en portaient alors les philosophes et les

Nul homme ne fut moins épargné par ses ennemis. Obligés de rendre justice aux vertus qu’on voyait en lui, ils l’accusaient de ne s’en servir que pour tromper les fidèles et faire des dupes ; c’était, à leur avis, le plus fourbe des hommes, et un scélérat capable de tous les crimes. Nous n’avons pas besoin de dire que le caractère moral d’Arius ne saurait être jugé d’après ces accusations vagues. Il ne faut pas demander aux orthodoxes un jugement impartial sur leurs contemporains hérétiques. On sait qu’ils ne voient’ ni bonne foi, ni conscience, ni moralité hors de l’orthodoxie.