Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Aar, r. suisse (supplément 2)

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Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 4).

* AAR, rivière de la Suisse, affluent du Rhin. — Hist. Le 17 août 1799, l’archiduc Charles, à la tête de 40.000 hommes, tenta le passage de l’Aar à Dettingen, au-dessous de Baden (Suisse). Dans la nuit du 16 au 17, il fit commencer la construction de deux ponts de bateaux. Un épais brouillard favorisait son entreprise, et 38 pièces de canon de gros calibre, placées sur la rive droite de l’Aar, protégeaient les travaux en balayant en tous sens les plaines basses de la rive gauche.

Le mouvement que tentait l’archiduc était habile : l’Aar franchi, il eût séparé les deux ailes de l’armée française, coupé à M asséna toute communication avec Bàle, Brugg, Aarau, Olten, et eût enfin, par cette manoeuvre hardie, forcé l’armée républicaine à évacuer presque entièrement la Suisse pour aller former ses lignes de défense dans les montagnes du Jura. Le général autrichien prit toutes ses précautions pour assurer la réussite de son projet. Il fit mettre le feu au hameau du petit Dettingen pour masquer les travailleurs et détourner l’attention des Français, qui, en très petit nombre en cet endroit, ne soupçonnaient point les desseins du prince. Mais, quoique bien étudiées, les dispositions qu’il avait prises no furent pas heureuses : les ancres des pontons ne purent mordre sur les roches du lit de la rivière, et lorsque, vers neuf heures du matin, le brouillard se dissipa, les travaux n’étaient pas à moitié faits. Au bruit de la canonnade, Ney avait quitté Nieder-Prick et était accouru au plus vite ; de son côté, Heudelet, campé à Brugg, arrivait en toute hâte. Les deux généraux français, à la tête de 10 à 12.000 hommes, prirent position sur le plateau de Boerstein et dans la forêt qui domine la plaine de Dettingen ; en même temps les troupes de réserve, prévenues, arrivaient à leur secours. L’archiduc comprit l’impossibilité de son entreprise ; il vit avec regret s’évanouir le plan qu’il avait si profondément médité et sur la réalisation duquel il avait fondé les plus belles espérances. Il se retira sans combat, après avoir obtenu la faculté de faire enlever ses pontons.