Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Abbas ii (supplément 2)
ABBAS II, schah de Perse, ce la dynastie des Sophis (1642-1666), monta sur le trône k l'âge de dix ans.— Les ministres investis de la régence étaient, au dire des contemporains, pieux, austères, désireux d’acclimater de nouveau à la cour la moralité et la retenue dont les grands s’étaient départis sous le règne du triste Scliah-Sephi, père d’Abbas II, En dépit des prescriptions religieuses, les souverains et leurs favoris, qui auraient dû donner l’exemple des vertus, n’avaient jamais pris la peine, même sous le grand Schah-Abbas, de commander à leurs appétits, à leurs instincts ou à leurs vices :] ivrognerie avait acquis droit de cité dans le palais royal. Dès l’a-
vènement d’Abbas H, les chose»changèrent :
on n’arriva plus aux emplois publics sans
être foncièrement, ou en appaence, pieux,
sobre, rigide, honnête. Les 'onctionnaires
prévaricateurs furent révoquéi, les juges recrutés
parmi les sujets répités pour leur
droiture. Malheureusement, i mesure que le
jeune roi grandit, il cherchai plus en plus
à s’affranchir d’une tutelle gênante, et il
abusa de la liberté morale iont il avait été
si longtemps privé. On lui ivait interdit l’usage
du vin : il s’adonna i l’ivrognerie, et
cela à un tel point que, nrtureUement doux
et humain, il en arriva siuvent, sous l’empire
de la boisson, k comnettre les actes les
plus barbares ; c’est ainsi ju’il convoquait les
seigneurs à venir boire-n sa compagnie et
qu’il les punissait cruellement, lorsque, après
les avoir fait enivrer, il.es voyait prendre la
moindre familiarité. Ce déplorables excès,
qui le transformaient pr instant en un tyran
dégradé et abêti par ivresse, n’étaient pas
connus du peuple, qu’aimait son souverain
parce qu’il ne le ju/eait que d’après sa vie
publique ; et il est ortain que l’administration
d’Abbas II futle nature k lui concilier
toutes les sympathes. Lorsqu’il fit la conquête
de Kandahir, prise autrefois par
Abbas 1er, mais reorabée depuis sous la domination
mogole, les paysans furent bien
étonnés de voir -s ofâciers préposés à la
fourniture des viTes payer convenablement
ce qu’ils achetaient, ne laisser le soldat manquer
de rien et Itur éviter ainsi le pillage,
ce fléau jnsépanble de lu guerre. Ce fut la
seule expéditioi militaire d Abbas II qui sut
entretenir avef la Porte des relations pacifiques
et gagmr l’alliance des Uzbeks. Les
nations européennes, les princes de l’Inde et
de la Tartarii accréditèrent auprès de lui
des ambassadeurs. Son règne, en somme, fut
heureux poufla Perse. Encouragés par son
affabilité, de étrangers s’établirent en grand
nombre dans un pays où leur liberté de conscience
étai respectée. • C’est à Dieu, disait-il,
et n-n à moi de juger la conscience
des hommé et je ne me mêlerai jamais de ce
qui appartint au tribunal du grand créateur
— et seigneir de l’univers, » Enfin, il donna des
exemplesle générosité : il renvoya avec des
présents à prince de Géorgie, avec lequel il
avait toujours été en termes hostiles et qui
était p=r hasard devenu son prisonnier.
Commeon l’a dit souvent, il ne fut injuste et
méchait que dans ses heures d’ivresse ; mais
cet ignoble vice ne parait pas de nature à
pallierses fautes, puisque la sobriété les lui
auraitépargnées. Il mourut tant des suites de
ses e : cès que de celles d’une maladie honteuse
en 1666, à l'âge de trente-quatre ans.
Son mccesseur fut Safi-Mirza.