Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Abel de pujol (supplément)

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (16, part. 1p. 15).

* ABEL DE PUJOL. — Il était fils naturel de M. Pujol de Mortry, baron de La Grave, qui émigra au commencement de la Révolution. Le jeune Abel fut élevé à la campagne, près de Valenciennes, par sa mère et par sa grand’mère, qui lui donna sa première in struction. En 1800, il fut ramené à Valenciennes, où il continua ses études. Comme il montrait de remarquables dispositions pour les arts, le directeur de l’école des beaux-arts de cette ville l’admit au nombre de ses élèves. Au bout de quelques années, son père, revenu depuis peu en France, l’envo3>a a Paris, avec une pension de 600 francs, pour y étudier la peinture sous la direction de Louis David. Tout en étudiant sous cet il-lustre maître, il se mit à peindre des tableaux d’enseignes pour suppléer k l’insuffisance do ses ressources, puis il envoya à la municipalité de sa ville natale un tableau, Philopa : men, qui lui fit donner par ses compatriotes une pension de 1,200 francs. À partir de ce moment, il se livra sans entraves à ses études. En 1810, il envoya au Salon Jacob bénissant les enfants de Joseph, tableau qui lui valut une médaille. Cette même année, il obtint le second grand prix de peinture à l’École des beaux-arts, et il remporta, en 1811, le grand prix de Rome. Son père, lier de ce succès, l’appela auprès de lui, le reconnut légalement et lui donna son nom. Il partit ensuite pour Rome, d’où il revint en 1814. À partir de ce moment jusque dans les dernières années de sa vie, Abel de Pujol produisit un grand nombre d’œuvres. En 1835, il succéda k Gros comme membre de l’Académie des beaux-arts. Malgré son grand âge, il épousa en secondes noces, en 1856, une de ses élèves, Mllc Grandpierre, puis il s’occupa de reproduire, dans ta grande salle de la bibliothèque du nouveau Louvre, le plafond représentant la Renaissaiice des arts, qu’il avait peint dans le grand escalier du Louvre. Il venait d’achever ce travail, lorsqu’il fut atteint d’une paralysie qui finit par l’emporter. Il avait obtenu une médaille de 2"= classe en 1810, une de lr« classe en 1814, et avait été nommé chevalier (1822), puis officier de la Légion d’honneur. Abel de Pujol était un peintre de talent. Son dessin était correct, son coloris harmonieux. Il peignait facilement et composait avec goût ; mais ses œuvres sont généralement un peu froides, et ses dernières toiles attestent, par leur faiblesse ou par leur insignifiance, un affaiblissement sensible dans son talent. Parmi les nombreuses toiles qu’il a exposées, nous citerons : la Mort de Britannicus (1814) ; Saint Étienne prêchant l’Évangile (1817), une de ses meilleures œuvres, qui orne l’église Saint-Étiennedu-Mont, à Paris ; la Vierge au tonibeau (1819), k Notre-Dame de Paris ; Jules César se rendant au sénat (1819), toile qui fut brûlée lots de l’incendie du Palais-Royal en 1848 ; Joseph expliquant les songes du panetier et de t’éclianson (1822), an musée de Lille ; la Prise du Trocudéro, le Baptême de Cloois, k la cathédrale de Reims ; Germanicus sur le champ de bataille où ont été massacrées tes légions de Varus (1824) ; Saint Pierre ressuscitant Tabita (1827), à Douai ; Ruth et Noémi (1833), à Rennes ; Achille de Hurlay dans la journée des Barricades j(1843), à Versailles ; Saint Philippe baptisant l’eunuque de lit reine d’Ethiopie (1848) ; Saint Pierre, la Fin du monde (1852), tableaux très-faibles. À l’Exposition universelle de 1855, Abel de Pujol exposa, outre Saint Étienne et la Vierge au tombeau, ses meilleures toiles, une allégorie, la Ville de Valenciennes encourageant les arts, et une grisaille, les Dunaïdes. Enfin, cet artiste avait, exécuté, dans divers monuments, un grand nombre d’œuvres dont quelques-unes comptent pami ses meilleures. Nous citerons particulièrement les belles grisailles de la Bourse, à Paris ; la Renaissance des arts, plafond du grand escalier du Louvre, démoli en 1857 ; 1 Égypte -sauvée par Joseph, plafond de la Salle des antiquités égyptiennes au musée du Louvre ; vingt-deux tableaux dans la Galerie de Diane à Fontainebleau ; le plafond du grand escalier de I École des mines ; quatorze tableaux dans la chapelle des Bames-du-Sucré-Cceur, à Paris ;'la Bienfaisance, à l’hospice Boulard, à Saini-Mandé ; des peintures murales à la Madeleine ; la chapelle Saint-Roch, à Saint-Suipice, etc. — Sa femme et son élève, Mlle Adiienne-Maiïe-Louise Grandpikrru-Dkvkrzy, née à Tonnerre (Yonne) en 1798, a expose quelques tableaux et de nombreux portraits et a obtenu une médaille de classe en 1836. Nous citerons, parmi ses tableaux : Marion Déforme et te chevalier de Grammont (1833) ; la Confidence (1S34) ; Intérieur de l’atelier d’Abel de Pujol (1836) ; Scène du roman de Gil Blas. L’année qui suivit son mariage avec Abel de Pujol, elle exposa un portrait en pied sous son nom de dame (1857). Ce fut son dernier envoi.