Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Atticus (lettres de cicéron à)

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 895).

Atticus (Lettres de Cicéron à). Correspondance volumineuse qu« les éditeurs classent ordinairement en seize livres. Ces sortes de mémoires peuvent tenir lieu d’une histoire des dernières années de la République romaine. Le 1er livre renferme d’abord onze lettres, qui ont précédé le consulat de Cicéron. (An de Rome 609.) [1 n’y en a point de "cette année ; Atticus ne quitta pas Cicéron pendant son consulat. La correspondance recommence en 602, et les trois dernières lettres sont de 603. Le 2« livre renferméune partie de cette dernière année, et toute l’année 694. Dans le 3", on trouve les lettres qui se rapportent à la persécution que Cicéron éprouva de la part de Clodius, et celles qu’il écrivit à Atticus pendant son exil. Les lettres du 4e livre sonCdes années 696-699, depuis le retour de Cicéron à Rome jusqu’au consulat de M. Valérius Messala et de Cn. Domitius Calvinns. La correspondance se trouve ensuite interrompue depuis le mois de novembre 699 jusqu’au mots de mai 702, où Cicéron partit pour son gouvernement de Cilicie.— Les lettres écrites pendant son voyage et pendant son séjour en Cilicie forment le 5= et le 6« livre, dont la dernière lettre, du 15 octobre 703, est datée d’Athènes, où Cicéron s’arrêta après avoir quitté sa province. La première lettre du 7" livre paraît encore avoir été écrite à Athènes ; la seconde est datée de Brindes, où Cicéron débarqua le 25 novembre. Le8<* livre contient l’histoire deseize jours de l’an 704, jusqu’à la retraite de Pompée en Grèce. Le 9^ commence*au 6 mars 704, et va jusqu’à la fin du mois. Les lettres écrites depuis le 3 avril jusqu’au 20 mai forment le îoe livre. Ces trois derniers livres nous représentent les anxiétés de Cicéron, et son incertitude sur le parti qu’il devait prendre. À partir du 17 juin, la correspondance s’arrête pendant quelques mois. Les lettres qui furent écrites de l’Emre, du camp de Pompée, et ensuite de Brindes, où Cicéron retourna après la défaite de. Pharsale, depuis le commencement de février 705 jusqu’au mois de juillet 706, lie sont qu’au nombre de vingt-cinq, et forment le ll« livre. Nouvelle lacune dans la correspondance : les quatre premières lettres du 12» ; livre ont été écrites vers le mois de mai 707 ; les suivantes vont jusqu’au milieu de 708. Les six derniers mois de cette année remplissent le 13e livre. La correspondance ne reprend qu’après le meurtre de César, qui eut lieu le 15 mars 709, et les lettres écrites depuis cet événementjusqu’au 15 mai formentle 14elivre. Le 15" va jusqu’au 5 juillet de cette même année ; enfui, le 16", jusqu’au mois de no-Cornélius Népos, contemporain de Cicéron, dit des Lettres à À tticus : • On pourra se passer, après les avoir lues, d’une histoire suivie du même temps. Elles offrent tant de détails sur les hommes célèbres de ce siècle, sur leurs vertus et leurs vices, sur les révolutions de notre patrie, qu’elles semblent nous" en révéler tous les secrets.» Lorsque Pétrarque eut découvert les Lettres familières et les Lettres à Atticus, il s’écria : « Enfin, sur le bord de ma tombe, je connais Cicéron ! » Racine écrivait à son fils aîné : « Vous ne lirez guère d’ouvrage qui vous soit plus utile pour vous former l’esprit et le jugement. » Il en faisait son livre favori et le compagnon de ses voyages. Montesquieu affirme qu’on y voit bien mieux l’état de Rome sous l’usurpation de César, que dans les récits des1 historiens. M. Villemain écrit à son tour ; » Cette collection ne forme qu’une partie des lettres que Cicéron avait écrites seulement depuis l’âge de quarante ans. Aucun ouvrage ne donne-une idée plus juste et plus vive de la situation de la République... Il y respire une inimitable naïveté de sentiments et de style... C’est un nouveau langage que parle l’orateur romain. Il faut un effort pour le suivre, pour saisir toutes ses allusions, entendre ses prédictions, pénétrer sa pensée, et quelquefois même l’achever. Ce que l’on voit surtout, c’est l’âme deCicéron, ses joies, ses craintes, ses vertus, ses faiblesses...»

La correspondance de Cicéron ne renferme pas une lettre de son ami. L’épicurien Atticus fut habile à se ménager d’autres amitiés, par exemjle celle d’Antoine le triumvir. Il dut, après la mort de Cicéron, redemander ses lettres fer Tiron, l’affranchi de l’orateur, et celles-ci furent supprimées sans exception, dans

la crainte qu’elles ne pussent lui nuire ou diminuer son crédit auprès de ses nouveaux maîtres. Pour les autres lettres du grand orateur, Lettres familières, Lettres à Brutus, Lettres à Quintus., V. Lettres de Cicéron.