Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BARBAULT (Jean), graveur, peintre et dessinateur

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 207).

BARBAULT (Jean), graveur, peintre et dessinateur, célèbre dans son temps, puis oublié des biographes jusqu’au jour où M. Dussieux, à qui les annales de l’art national doivent bien d’autres découvertes intéressantes, lui a consacré une courte notice dans les Artistes français à l’étranger. Nous ne pouvons faire mieux que de reproduire les traits essentiels de cette notice, complétée depuis par M. Paul Mantz dans la Chronique des beaux-arts. Jean Barbault naquit en France vers 1705 ; on ignore dans quelle ville. Il fut pensionnaire du roi à Rome, par la faveur sans doute du surintendant des bâtiments royaux, car son nom ne figure point sur la liste des lauréats de l’Académie. Sa vie entière se passa à Rome, et dans une situation honorée. Il paraît avoir été l’ami et vraisemblablement le maître de Subleyras, dont il a gravé l’œuvre capitale, le Martyre de saint Pierre. Barbault s’adonna tout spécialement à l’étude des ruines de Rome, qu’il grava à l’eau-forte et publia sous ce titre : Les plus beaux monuments de Rome ancienne (2 vol. in-f°, Rome, 1761), ouvrage qui lui assure une place fort estimable parmi les peintres graveurs du dernier siècle. Sa pointe a la touche, l’esprit de son pinceau, plus préoccupé de l’effet pittoresque que de la vérité archéologique. En cela, Barbault nous paraît avoir ouvert la voie à Hubert Robert, qui y trouva, lui aussi, une réputation trop grande alors, aujourd’hui trop déchue peut-être. Après la mort de Barbault, arrivée en 1765, suivant le catalogue du célèbre amateur Paignon Dijonval, des graveurs inexpérimentés publièrent, d’après ses nombreux dessins, les deux ouvrages suivants : Monuments anciens de l’Italie (in-f°, 1770), et Anciens bas-reliefs et fragments égyptiens, grecs, romains, étrusques, etc. (1783). Le crayon presque toujours fin et spirituel du maître y est rendu presque méconnaissable. Comme peintre, notre artiste a laissé une série d’Études d’après nature, devenues assez rares, et dont la plupart ont dû lui servir de modèles pour les figurines dont il étoffait ses vues de Rome. M. Léon Gaucherel vient de graver à l’eau-forte douze de ces études, sous ce titre Douze costumes d’Italie, d’après les peintures inédites de Barbault. Mais l’œuvre capitale de son pinceau est au musée de Besançon ; elle représente la Mascarade exécutée à Rome par les artistes français, en 1761, à l’occasion de l’arrivée de M. de Marigny, surintendant des bâtiments royaux. C’est une esquisse formant une frise de 0 m. 40 de hauteur, sur 4 m. de long, libre d’exécution, gaie comme couleur, et rappelant, quoique d’assez loin, les personnages de Panini ou les fêtes vénitiennes de Guardi. Voilà, un peu résumés, les seuls faits connus touchant Jean Barbault et ses œuvres. C’est un petit maître de plus, venant grossir la liste de ces peintres du dernier siècle, à la touche leste, spirituelle et si éminemment française.