Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BONAPARTE (Louis-Lucien), second fils de Lucien

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 3p. 954).

BONAPARTE (Louis-Lucien), second fils de Lucien, né le 4 janvier 1813, dans le comté de Worcester, à Thorngrove, pendant la captivité de son père, vécut longtemps tranquille aux États-Unis, n’ayant d’autre occupation que ses études sur les langues et la chimie, et la publication d’ouvrages scientifiques. Lorsque la révolution de 1848 fit rapporter le décret d’exil contre la famille Bonaparte, la Corse le choisit pour son représentant à l’Assemblée constituante qui annula son élection le 9 janvier 1849. L’union électorale l’ayant patronné quelques mois plus tard, il fut élu député de la Seine à l’Assemblée législative, où il siégea au côté droit jusqu’en 1851. Il adopta alors la politique de l’Élysée, dont il se montra l’un des plus zélés partisans. Après le coup d’État du 2 décembre, il fut nommé sénateur et reçut les titres de prince et d’altesse royale, ayant rang à la cour. La vie du prince Louis-Lucien s’écoule dans le calme et la culture des lettres et des sciences, qui causent moins de désillusions que la politique. Docteur de l’université d’Oxford, membre honoraire de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, il a fait partie des jurys de l’Exposition de Paris en 1849, et de celle de Londres en 1851. Récompensé de l’activité qu’il déploya dans cette mission honorifique par la croix de la Légion d’honneur, le 10 décembre 1849, il a été fait grand-officier le 13 janvier 1860.

Des travaux de linguistique très-sérieux ont signalé le prince Louis-Lucien à l’attention du monde savant ; ses principaux ouvrages sont : Spécimen lexici comparativi omnium linguarwn europœarum (Florence, 1847) ; Parabola de seminatore ex Evangelio Mattœi in lxxii europœos linguas ac dialectes versa et romanis characteribus expressa (Londres, 1857) ; Prodromus Evangelii Matthœi octupli, seu Oratio dominica hispanice, gallice et omnibus Vasconiœ linguae dialectis reddita (Londres, 1857) ; Dialogues basques, guipuzcoans, biscaïens, labourdins, souletins, accompagnés de deux traductions espagnole et française (Londres, 1857) ; Celtic Herapla, being the song of Salomon in all the living dialects of the Gaëland Cambrian languages (Londres, 1858) ; Canticum canticorum Salomonis tribus Vasconiœ linguae dialectis in Hispania vigentibus versum, en collaboration avec J.-A. de Uriarte (Londres, 1858) ; Canticum trium puerorum in XI Vasconiœ linguae dialectos versum (Londres, 1858) ; la Sainte Bible traduite pour la première fois en langue basque du Labourd (Londres, 1859) ; il Vangelo di San Matteo volgarizatto in dialetto genovese (Londres, 1860) ; Langue basque et langues finnoises (Londres, 1862) ; Deuxième catalogue des ouvrages destinés à faciliter l’étude comparative des langues européennes et édités par le prince Louis-Lucien Bonaparte (Londres, 1862).

Comme on a pu en juger par cette énumération, les travaux de linguistique du prince sont considérables ; en les examinant et en se rappelant ceux de son frère aîné, le prince Charles-Lucien, on remarquera que tous deux ont vaillamment soutenu la réputation littéraire de leur père et de leurs ancêtres, car déjà au XVIIIe siècle un écrivain d’Italie s’exprimait en ces termes : « Dans cette famille, il y a toujours eu quelqu’un d’illustre en l’art d’écrire. »