Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BOUCHOTTE (Jean-Baptiste-Noël), ministre de la guerre sous la République

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 3p. 1057).

BOUCHOTTE (Jean-Baptiste-Noël), ministre de la guerre sous la République, né à Metz en 1754, mort en 1840. Il entra dans l’armée à l’âge de seize ans, et se distingua par de brillants services ; mais, comme il était de famille bourgeoise, il monta lentement en grade. Il était capitaine de hussards à la Révolution, fit en cette qualité la campagne de 1792, et devint colonel et commandant de la place de Cambrai. La vigueur qu’il déploya, lors de la trahison de Dumouriez, pour empêcher cette place de tomber au pouvoir des coalisés, fixa sur lui les regards de la Convention, qui le nomma ministre de la guerre le 4 avril 1793, en remplacement de Beurnonville, livré par Dumouriez aux Autrichiens. Il peupla ses bureaux de révolutionnaires ardents, parmi lesquels il en était d’ailleurs de très-capables, mais s’attira ainsi la haine des girondins et fut violemment attaqué. À plusieurs reprises, il offrit sa démission. La chute des girondins même ne le mit pas à l’abri des attaques. Cependant il conserva sa place, qu’il n’avait point recherchée, jusqu’au moment où les ministères furent remplacés par des commissions exécutives (germinal an II, 31 mars 1794). Bouchotte fut un des caractères les plus purs de la Révolution ; il en fut aussi un des hommes les plus modérés, bien qu’il appartînt évidemment par ses idées à la fraction révolutionnaire la plus avancée. Son administration tant calomniée fut vigilante et patriote. Probe, actif, administrateur, il eut une part importante à l’organisation des armées républicaines et des services du département de la guerre, se soutint au milieu des circonstances les plus difficiles, et fit admirer l’intelligence de ses choix par ses promotions d’officiers généraux, tels que Masséna, Kléber, Moreau, Dugommier, Marceau, Augereau, Bonaparte, etc. Il sortit pauvre du ministère et se retira dans sa ville natale, où ses concitoyens le nommèrent en 1798 officier municipal. Pendant la réaction thermidorienne, il avait été emprisonné, et, sur les déclamations des réactionnaires, renvoyé devant le tribunal criminel d’Eure-et-Loir qui ne trouva rien à sa charge et ne put le mettre en jugement. Il existe un manuscrit de Bouchotte adressé successivement à Michaud et à M. Thiers, et dont ces écrivains ne tinrent aucun compte, qui rectifie d’une manière péremptoire les accusations passionnées dont son administration fut l’objet. Les auteurs de l’Histoire parlementaire en ont donné de courts extraits. Cette pièce forme 26 pages in-fol. et contient des renseignements curieux et intéressants. Elle fait actuellement (1864) partie du cabinet de M. Gilbert, dont on connaît le beau travail sur Vauvenargue, couronné par l’Académie. Un de nos poètes charmants, Mme  Amable Tastu, était la nièce de l’ancien ministre de la République.