Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BOURBON (Charles Ier, cinquième duc DE)

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 3p. 1111).

BOURBON (Charles Ier, cinquième duc de), né en 1401, mort en 1456, était fils du précédent. Connu sous le nom de comte de Clermont, tant que vécut son père, il était fiancé avec Catherine de France, lorsque Jean sans Peur, l’ayant fait prisonnier à Paris (1408), lui rendit la liberté à la condition qu’il épouserait sa fille Agnès, encore enfant. Après l’assassinat de Jean sans Peur sur le pont de Montereau, Charles de Bourbon, se croyant délié de ses engagements envers lui, renvoya Agnès à son frère Philippe le Bon, et se rendit près du dauphin, qui l'envoya en Languedoc et en Guyenne avec le titre de lieutenant général. Il montra une valeur devenue en quelque sorte héréditaire dans sa famille, mais en même temp3 une rigueur voisine de la cruauté envers les garnisons des nombreuses places dont il s’empara, notamment Aigues-Mortes et Béziers. Après avoir pacifié ces deux provinces, il fut nommé gouverneur du Bourbonnais, du Nivernais, du Lyonnais, du Beaujolais, du Mâconnais et du Forez, et s’efforça, comme dans le Languedoc, d’y faire revivre l’agriculture, tombée dans le plus déplorable état. Le mariage de sa sœur Bonne d’Artois avec Philippe le Bon, en 1425, amena un rapprochement entre lui et ce dernier, et le détermina à renouer son union avec Agnès de Bourgogne. Il n’en continua pas moins à soutenir la cause de Charles VII contre les Anglais, défendit Orléans en 1428, se conduisit de la façon la plus brillante à la journée dite des Harengs (1429), où, grâce à lui, une partie de l’armée échappa à la destruction, et, après avoir assisté au sacre du roi à Reims, il s'empara de Saint-Denis, de Vincennes, etc., dont il expulsa les Anglais. Lorsque son père mourut, en 1434, il prit le titre de duc de Bourbon, et s’efforça, mais vainement, de reconquérir le comté de Clermont, dont Henri VI avait fait don au célèbre Jean Talbot. Bientôt après, il envahit les domaines de son beau-frère Philippe le Bon, duc de Bourgogne, contre lequel il avait quelques griefs ; mais il ne tarda pas à faire sa paix avec lui. C’est lors de leur réconciliation à Nevers, que Charles de Bourbon eut la pensée de rapprocher le duc de Bourgogne du roi de France. Les ouvertures qu’il fit en ce sens amenèrent le célèbre congrès d’Arras et la conclusion d’une paix (1435) désastreuse pour l’Angleterre. Cinq ans après avoir rendu ce grand service à la France, le duc de Bourbon entrait dans le complot de la Praguerie, qui avait pour but de mettre en quelque sorte Charles VII en tutelle. Cette tentative ayant échoué, Charles de Bourbon fut obligé de se rendre à Cusset, en Auvergne, et d’implorer à genoux la clémence royale. Non-seulement il perdit les châteaux de Vincennes, de Loches et de Corbeil, mais encore il eut la douleur de voir son frère, le bâtard Alexandre de Bourbon, mourir d’un ignominieux supplice. Il entra, l’année suivante, dans une ligue aussitôt dissipée que formée. Il n’en maria pas moins son fils aîné avec la fille de Charles VII, Jeanne de France, et se retira dans ses domaines, où il termina sa vie.