Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CAMBON (Joseph), homme politique

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 1p. 200).

CAMBON (Joseph), homme politique, né à Montpellier en 1754, mort exilé à Bruxelles en 1820. Fils d’un négociant, il accueillit la Révolution avec l’enthousiasme ardent que partageait alors toute la France, et fut nommé député à l’Assemblée législative, où il s’occupa surtout des questions de finances. Élu à la Convention nationale, il vota la mort du roi sans appel ni sursis, s’opposa à la création du tribunal révolutionnaire, combattit d’abord la Commune de Paris, dont il se rapprocha quelque temps après, essaya vainement de faire repousser le décret contre les girondins, entra au comité des finances, puis au comité de Salut public, et dirigea les finances avec beaucoup de capacité et de désintéressement. Parmi ses mesures et ses innovations les plus importantes, il faut citer la création du grand-livre de la dette publique, qui est entièrement son ouvrage. Il fit partie de cette fraction de la Montagne qui contribua à la chute de Robespierre, qu’il attaqua même avec courage dès le 8 thermidor. Il n’en fut pas moins attaqué lui-même par les réacteurs pour avoir défendu Billaud-Varennes et Collot-d’Herbois, mais surtout pour sa résistance à leurs projets contre-révolutionnaires, et fut enfin décrété d’accusation sur la motionde Bourdon de l’Oise, And. Dumont, Tallien, etc. Il échappa aux proscripteurs et vécut caché dans un grenier de la rue Saint-Honoré jusqu’à l’amnistie du 4 brumaire an IV. Il se retira alors dans son département, où il s’occupa d’agriculture, reparut pendant les Cent-Jours dans la chambre des représentants, où il montra beaucoup d’indépendance et prit part aux discussions relatives au budget et aux réquisitions. Exilé par la Restauration comme régicide (1816), il se retira à Bruxelles et ne revit jamais la France. On a de lui de remarquables Rapports sur diverses questions de finances ou de politique.