Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CATHERINE D’ALEXANDRIE (sainte), martyre

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 2p. 583-586).

CATHERINE D’ALEXANDRIE (sainte), martyre, qui vivait au commencement du ive siècle. Elle était, dtt*on, fort savante, et elle confondit plusieurs philosophes païens, dont quelques-uns se convertirent au christianisme. C’est sans doute à cause de cette science qu’on lui attribue, qu’elle a été choisie comme patronne des écoles. Elle fut martyrisée sous te règne de Maximin Daia. Les actes de sa vie et de son martyre ont d’ailleurs paru fort suspects aux écrivains ecclésiastiques. Au vinB siècle, on retrouva, au mont Sinaî, le cadavre d’une femme qu’on prétendit être celui de sainte Catherine. Son culte et sa légende ne se sont répandus en Occident que depuis les croisades. Sa fête se célèbre le 25 novembre.

Si quelques critiques prétendent que cette sainté n’a jamais existé, les tégenoaires ne doutent pas de son existence et entrent dans de longs détails sur tes miracles qu’elle a opérés. Ils assurent que les anges transportèrent son co’rps sur le mont Sinaï. Dans la suite, on découvrit les restes de la sainte, et l’on éleva sur la montagne un monastère qui porte son nom, et où sont enterrés son corps et sa tête, ce qui n’empêche pas qu’à Rome on ne montre sa tête, à Vintimille sa mâchoire, à Bologne son pied et h Assise ses cheveux. Semblable multiplication de reliques ne doit pas étonner ; elle a eu lieu pour presque tous les saints un peu anciens-, et l’on a fait un calcul curieux du nombre de bras et de jambes que possédaient les saints les plus populaires. Un jésuite a répondu à cette apparente contradiction, et il a démontré plus ou moins victorieusement que c’étaient les saints qui multipliaient eux-mêmes miraculeusement le nombre de leurs membres pour satisfaire la piété des fidèles désireux d’en posséder. Parmi les reliques laissées par sainte Catherine, on voit à Rome, dans l’église de Sainte-Catherine del Borgo, une fiole pleine de lait qui sortit du cou de là sainte, lorsqu’on lui coupa la tète. On prétend qu’autrefois les os de la sainte suaient une huile miraculeuse, qui fermait toutes les blessures. Le miracle a cessé au mont Sinaï ; mais à Rome on conserve encore quelques gouttes de cette huile merveilleuse. À Bourges, on montrait la roue sur laquelle la sainte fut étendue avant d’avoir la tête tranchée. En 1562, les huguenots ayant ouvert la châsse qui contenait cette relique, trouvèrent une petite roue de forme singulière, autour de laquelle était écrite cetto légende assez énigmatique :

Quand cette roue tournera

Celle que j’aime m’aimera.

Il est encore une autre relique, sur laquelle, dans la Confession de Sancy, d’Aubigné s’exprime ainsi, avec toute la liberté de langage du xvie siècle.- • À propos de relique, ce méchant comte de La Rochefoucauld, dînant un jour avec les Allés dé là reine, qui le picotoient par ordre exprès et lui demandoient do belles reliques qu’il avoit pilléëii à Tours, il dit s’en être défait comme de bagatelles. Enfin, éfànï importuné, ’ il leur promit que, si elles vêiibiSift to’ùfèS le baiser, il leur ddiineri5it dès’Bràssièrel <fô Siiïîte Catherine ; qui 584

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leur feroient ft toutes revenir les tetnns aussi durs que quand elles êtoient puceiles. » Dans le même ouvrage, d’Aubignê raconte que, près d’Orléans, une maîtresse du grand prieur Salviati ayant découvert, dans les fosses d’aisances, un coffre qu’on y avait caché durant les guerres, y trouva renfermée une boite sur laquelle on avait écrit : r, de côté. De graves docteurs opinèrent que cette boîte devait renfermer des reliques de sainte Catherine, et qu’elle ne devait être ouverte que par les mains sacrées de l’évêque. On lava donc les doigts du prélat avec de l’eau bénite ; après quoi celui-ci fit trois pas à genoux vers le coffre, et, quand il l’eut ouvert, il reconnut qu’il ne contenait autre chose que des confitures de coing. Le plus signalé miracle de sainte Catherine est le suivant : un Irlandais, ayant entrepris un voyage h Jérusalem, fut pris par les Sarrasins et condamné à mort. La veille de son trépas, il implora sainte Catherine, pour laquelle il avait toujours eu une grande dévotion, et dont l’image était suspendue dans son oratoire ; puis il s’endormit, et, le lendemain, à son réveil, il se trouva transporté dans son oratoire, aux pieds de l’image de sainte Catherine. Ce miracle le décida h entrer dans une maison de moines, où il termina sa vie.

Nous n’avons pas abordé, dans cet article, une question fort obscure : Quelle est la sainte Catherine qui fut mariée à Jésus-Christ ? Est-ce Catherine de Sienne ? est-ce Catherine d’Alexandrie ? Les biographes sont divisés sur cette question, les peintres noie sont pas moins. Rien n’empêche, selon nous, do concilier les deux opinions, en admettant deux mariages mystiques, à moins qu’on ne préfère les rejeter 1 un et l’autre.

— Iconogr. Si l’on en croit les hagiographes, la jeune Catherine, fille de Cestus ou Costus, t}ran d’Alexandrie, avait en partage la beauté et la science ; mais, imbue des doctrines des philosophes, elle no voulait pà"s entendre parler du christianisme, et, d’un autre côté, elle témoignait pour le mariage la plus grande

aversion. Un ermite parvint cependant à piquer sa curiosité en fui promettant un époux supérieur a elle en toutes chose», supérieur même à toutes les autres créatures. Désireuse de voir un époux si parfait, Catherine se décida, d’après le conseil de l’ermite, à prier devant une Vierge tenant son fils sur ses genoux. Après sa prière, elle s’endormit et vit en songe le Christ, beau par’dela toute beauté (ultra omnem pulchritudinem speciosum). Marie offrit à son fils ia jeune princesse pour épouse ; il la refusa, «n disant qu’elle n’était point belle. « Catherine s’éveilla, éprise d’amour et s’attrista jusqu’à la mort. » Elle alla trouver l’ermite, qui saisit cette occasion pour l’instruire dans la foi chrétienne et la baptisa. La nuit suivante, nouvelles prières, nouveau sommeil, nouveau songe. Catherine revit le Christ, environné d’anges et plus éclatant que le soleil, qui consentit, cette lois, à la prendre pour épouse et lui mit au doigt un anneau divin, qu’elle y retrouva à son réveil. Telle est la gracieuse légende que les artistes les plus célèbres ont retracée à l’envi, sous le titre de : Mariage mystique de sainte Catherine (v. ci-après). Il est à remarquer que c’est toujours Jésus enfant qu’ils ont mis en scène. « Rien, cependant, ne les empêchait de choisir une autre époque de la vie du Christ, a dit M. Guizot. Ils auraient pu le montrer un

peu au-dessus de l’âge où il parut dans le

temple, au milieu des docteurs étonnés de sa beauté autant que de sa sagesse ; et cette divine adolescence s’unissant, sous les auspices d’une mère, à la pureté virginale, eût offert sans doute le tableau le plus gracieux que l’imagination fût capable de concevoir ; ils auraient pu le représenter dans sa gloire, tel qu’il est assis auprès du trône de son père, et, à la prière de Marie, abaissant ses regards sur son humble épouse. Telle parait même avoir été l’idée du légendaire ; niais, le génie des peintres les a mieux inspirés : ils ont senti que, dans un pareil sujet, la condition la plus nécessaire était d’écarter tout ce qui pourrait arrêter l’esprit sur l’idée d’une union terrestre ; et l’enfanee du Christ a conservé à l’amour do Catherine tout ce qu’il a de mystique, en lui laissant son caractère indéterminé entre l’impression causée par l’objet sensible et le désir d’une possession purement intellectuelle. » Devenue chrétienne, Catherine n’eut rien de plus pressé que de chercher à convertir ses anciens maîtres les philosophes, et elle y réussit, au dire de ses biographes. Ce triomphe a inspiré le distique suivant, placé au bas d’une estampe publiée par Sadler, d’après Martin de Vos, et où la sainte est représentée assise et lisant, près du péristyle d’un temple ;

Faeundn et tapiens vieil Catharinn tyranman, Jtnhuit et Càristi cognitione sojihos.

Une composition de Claude Vignon, gravée par Ch. Andran, nous montre la sainte présentant a la Vierge des philosophes convertis. Sainte Catherine passe, d’ailleurs, pour être la patronne des philosojjlies. C’est le titre que lui donne une belle estampe de N. Bazin, gravée d’après une peinture du Guide (1689), et où la jeune vierge est représentée en riche costume, ayant sur la tête une couronne royale et au doigt l’anneau mystique. Un tableau de Ribalta, qui fait partie de la galerie Esterhazy, à Vienne, nous fait voir sainte Catherine prenant la défense de la religion chrétienne devant l’empereur Maximin, qui donne ordre de Varrêter et de la conduire au

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supplice ; non intrépidité excite l’indignation de trois vieillards et l’admiration d’une jeune femme ; son attitude est un peu théâtrale, mais la figure est charmante. Le même sujet a été traité par le Piuturicchio, dans une peinturer du Vatican, et par un artiste contemporain, M. Gendron (v. ci-après).

Le Martyre de sainte Catherine a été retracé fréquemment par les peintres ; Ce martyre présente deux scènes distinctes : dans la première, la sainte, condamnée à avoir le corps déchiré par une roue garnie de dents de fer, est délivrée tout à coup par un ange, qui fond du haut du ciel, brise la roua et renverse les bourreaux ; la seconde scène est la décapitation de la jeune vierge. Le premier de ces sujets a été traité par Masaccio (avec divers autres épisodes de la vie de la sainte, dans l’église Saint-Clément, à Rome) ; par Jules Romain (tableau de la. galerie Adorno, à ; Gênes) ; Gaudenzio Ferrari (v. ci-après) ; Jacopo Bassano ’tableau du palais Pîtti, gravé par Lorenzini) ; Paul Véronèse (musée des Offices) • le Cerano (église de Sainte-Marie, près Saint-Celse, k Milan) ; Annibal Carrache (palais du Quirinal) ; Bugiardini (gravé par Lasinio) • Lucd délia Robbia (bas-relief en faïence, figures blanches sur fond bleu, musée de Cluny) ; Francesco Xantho du Rovigo (plat en faïence de la fabnuue d’Urbino, signé et daté de 1535, même musée) ; Brebiette, Jérôme Hofifei-, Mario Kartaro (1567) ; 11. Montagna, Bolswert, W. Kilian, etc. Les ouvrages de ces six derniers artistes sont des estampes. Le Martyre de sainte Catherine par l’épét a été peint par Lucas Cranach (musée de Dresde). Un tableau de Gilles de Rye, au musée de Vienne, représente VInMtmation de sainte Catherine : trois anges soutiennent la sainte ; un quatrième descend du ciel et lui apporte la palme et la couronne du martyre. Le même sujet a été traité par Cornelis Cort, dans une estampe datée de 1575, et par Luini, dans un tableau gravé par Michèle Bisi. Un bas-relief de Luca délia Robbia, qui fait pendant, au musée de Cluny, avec celui du Martyre, représente la sainte emportée au ciel par des anges. Cette Assomption de sainte Catherine a été peinte par plusieurs artistes, notamment par Bernardino Luini. F, Bissolo et Jacob de Wit ont représenté le Couronnement de sainte Catherine, le premier dans un tableau qui est à la pinacothèque de Venise, et qui a été gravé par Zuliani ; le second, dans une jolie esquisse que possède le musée de Rotterdam. Un charmant petit tableau du Parmesan, qui est au musée de Parme, etdont il existe une. répétition su musée de Vienne, nous montre ia sainte assise dans un paysage, avec deux anges ; qui cueillent pour elle des feuilles de palmier. Elle tient d’une main la roue, instrument de son supplice, la palme du martyre et un crucifix, dans une peinture du musée Napoléon III, exécutée par «n artiste byzantin, nommé Biktor (Victor), que l’on croit avoir vécu au commencement du xvne siècle.

Le plus souvent, les attributs donnés à la sainte sont la couronne royale, la roue brisée et l’épée, instruments de son martyre, lapalme, et quelquefois un livre, pour rappeler qu’elle est la patronne des philosophes. Son costume est ordinairement celui d’une reine. Tantôt elle s’appuie sur sa roue, tantôt elle la foule aux pieds où elle l’a simplement près d’elle ; cette roue-ou plutôt ce fragment de roue est son attribut spécial, d’où lui est venu le nom de Sainte Catherine de la roue ou à la roue (délia ruota), que lui ont donné les Italiens. Elle a été représentée isolément, avec les divers attributs que nous avons indiqués (sauf quelques suppressions ou modifications peu importantes), par Hubert van Eyck (musée de

Vienne) ; Jean van Eyck (volet d’un triptyque, au musée de Dresde) ; Christophe Sehwartz (musée de Munich) ; Bernardino Luini (musée de Munich, National - Gallery et galerie Esterhazy, à Vienne) ; Lucas de Leydé et Calvi (palais Giustiniani, à Gênes) ; Michel Coxcie (musée de Munich) ; Heemskerk (musée de Munich) ; Lorenzo Pacinelli (pinacothèque de Bologne) ; le Titien (musées de Vienne et de Florence) ; Paul Véronèse (musée des Offices) ; Bernardo Strozzi (galerie Spinola, à. Gênes) ; le Baroche (au Louvre) ; un anonyme de l’école de RaphaËl (musée Napoléon III) ; un anonyme de l’école allemande du xvie siècle (musée de Cluny) ; Carlo Dolci (galerie Schonborn, à Vienne), etc. Citons encore diverses estampes de Séb. Barras, d’après le Bassan ; de V. Benucoi, d’après Fr. Ghirlandajo : de Bolswert et de M. Aubert, d’après Rubens ; de Rubens, lui-même ; de Cl. Mellan, d’après Vouet ; de Th. de Leu, Ganière, Jean Leclerc, Barbé, Martin Zazinger, Albert Durer, Aug. Carrache, Bloteling, d’après un dessin du Corrége ; de J.-G. van Muller, d’après Léonard de Vinci (1817) ; de T. Galle, d’après D. Teniers (jolie figure de Flamande debout, dans un paysage) ; de Collaert, d’après M. de Vos, etc. Une sculpture de l’église de Brou, qui a été lithographies récemment à Lyon, représente sainte Catherine tenant d’une main un livre et plongeant de l’autre main une.épéa dans la tête d’un homme barbu, qui personnifie sans doute la fausse philosophie. Un groupe en bois attribué à Lucas de Leyde, une statue en bois de l’école allemande du xv> siècle, un petit groupe en ivoire de la même époque et une statuette en ivoire du xvne siècle, qui se trouvent au musée de Cluny, nous offrent d’intéressantes représentations de sainte Ca CATH

therine. Le même musée possède une peinture sur bois de l’école flamande, où la légende de la sainte est retracée en plusieurs compartiments. Les principaux épisodes do cette légende se trouvent aussi réunis dans un vitrail du Xii" siècle de la cathédrale d’Angers et dans une grande estampe publiée à Anvers par E. Hoefwinkel (cabinet des estampes, a la Bibliothèque impériale). Enfin, nous retrouvons sainte Catherine dans une foule de compositions où elle joue un rôle plus ou moins important ; c’est une dés saintes que les artistes italiens ont placées le plus souvent près du trône de la Vierge et de l’Enfant Jésus (v.Vibkob et Saintb Familuk). Un tableau de Paul Véronèse, qui est au Louvre et qui a été gravé par Brebiette, nous la montre présentant saint Benoit à la Madone et à l’Enfant. Elle a été représentée aussi en compagnie d’autres saints, par Fra Angelico, dans le célèbre tableau du Couronnement delà. Vierge (Louvre) ; par Bonifazio (Louvre) ; Q. Metsys (musée de Munhih) ; Holbein (musée de Berlin) ; le Guerchin (musée de Milan) ; un anonyme de l’école italienne du commencement du xve siècle (musée Napoléon III, numéro 87), etc.

Catherine d’Alexandrie (SAINTE), tableau de

B. Luira.à la pinacothèque de Munich. Lasainte, représentée de face, à mi-corps, accoudée sur la roue, instrument de son martyre, est richement costumée à la mode milanaise du

xvp siècle. Son visage charmant, qu’anime un délicieux sourire dont Luini semble avoir dérobé le secret à la Joconde de Léonard.de Vinci, est encadré par une chevelure soyeuse, divisée en boucles légères dont deux se joignent et se nouent sous le menton. Sa robe, décolletée et échancrée sur la poitrine, est bordée, autour du col et aux manches, de perles et de pierreries. Sa main droite tient une palme ; la gauche est levée et montre le ciel. Cette gracieuse figure se détache sur un fond de paysage accidenté où l’on distingue quelques fabriques. Le tableau, peint sur bois, a été lithograpnié dans la Galerie de Munich publiée par M. Piloty.

Catherine d’Alexandrie (REPRÉSENTATIONS DIVERSES DU MARUGB DE sainte). Il est peu de sujets qui aient eu plus souvent les Honneurs de la peinture que les noces mystiques de sainte Catherine avec l’Enfant Jésus. Sainte Catherine d’Alexandrie pouvant prétendre, par sa naissance, au plus orillant mariage, ne voulut avoir d’autre époux que le Sauveur. Plusieurs peintres ont cru que la légende se rapportait à sainte Catherine de Sienne, et bien des biograçhes sont de leur avis, affirmant que la sainte se vanta d’être en commerce direct avec Jésus. C’est sainte Catherine de Sienne que Fra Barlolommeo a placée dans son beau tableau du Louvre, que nous décrivons ci-après ; l’artiste, qui était dominicain, devait naturellement préférer l’opinion qui attribuait à une religieuse de son ordre 1 honneur d’avoir épousé... mystiquement le Christ. Le Corrége et la plupart des autres peintres ont pris soin de désigner la fiancée de Jésus par les attributs de son martyre : la roue brisée, l’épée et la palme. Le Calabrese n’a pas manqué de représenter ces fiançailles mystiques dans la série de tableaux qu’il a consacrés à peindre la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie, dans l’église de San-Pietro-a-Majella, à. Naples. Parmi les innombrables compositions que ce gracieux sujet a inspirées aux artistes des diverses écoles, nous nous contenterons de citer les suivantes :

Tableaux du Corrége, de Hans Memling, de Paul Véronèse, du Pordenone, de C. Maratte (v. la description ci-après). — Tableau d’Orazio di Domenico Alfani, au Louvre : sainte Catherine d’Alexandrie, appuyée sur un fragment de roue et tenant une palme, est agenouillée au pied du trône occupé par la Vierge et la Bambino. Saint Antoine de Padoue, tenant une branche de lis d’une main et un cœur de l’autre, et saint François d’Assise, portant un livre et un crueifix, sont debout de chaque côté du trône. — Tableau d’Alexandre Véronèse, au Louvre : la sainte, debout et vue de profil, appuie une main sur la roue et présente l’autre à l’Enfant, Cet ouvrage, qui a fait partie de la collection de Mazarm, a été gravé par Scotin. — Tableau d’un artiste inconnu do l’école siennoise (xive siècle), au musée Napoléon III (numéro 5l) : des anges et des saints entourent le trône de la Vierge ; la sainte est agenouillée devant l’Enfant Jésus, qui lui met l’anneau au doigt. — Autre tableau du même musée (numéro 55) et de la même école : la Madone tient la main de sainte Catherine et la rapproche de celle de Jésus ; plusieurs anges entourent la composition. — Plat en faïence du musée de Cluny, fabriqué à Faenza, au xvi" siècle : la fiancée est sainte Catherine d’Alexandrie.

Tableau d’Alessandro Tiarini, à la pinacothèque de Bologne : le Bambino montre l’anneau à sa mère ; celle-ci prend la main de la mariée, qui semble fort timide. Le fragment de roue que porte un ange ne laisse pas de doute sur le nom de la sainte. Un autre ange porte la tour de sainte Barbe, et un troisième tire par une chaîne le monstre dompté par sainte Marguerite ; on ne voit de ces deux saintes que les têtes dans l’ombre. Saint Joseph est assis au pied du trône de la Madone, dans une attitude méditative. Au fond, une arcade s’ouvre sur un paysage, — Tableau de

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Pompeo Battoni, au Quirinal : figures très-gracieuses.

— Tableau de Scipione Pulzone,

au palais Doria, à Rome. — Tableau de Beltraflio, au musée de Turin : têtes charmantes ; joli effet de lumière. — Tableau de Filippino Lippi, dans l’église de Samt-Dom’miqu%, à Bologne : auprès de la sainte, on voit saint Paul, saint Sébastien, saint Jean-Baptiste et un autre saint Cette peinture, qui, au dire do Vasari, mérite les plus grands éloges, porte l’inscription suivante :

OPVS PHILIPPINI FI.OR. ICT. A. D. MCCCCCI.

Elle a été restaurée avec soin, il y a quelques années. — Tableau de Giovanni Manozzi, au inusée des Offices : il n’y a ici que trois personnages, la Vierge, le Bambino et sainte

Catherine.

Tableau d’Abraham van Diepenbeek, au musée de Berlin : Jésus, debout sur sa mère, met l’anneau au doigt de sainte Catherine, agenouillée ; saint Joseph, saint François et le petit saint Jean, avec son agneau, sont les témoins du mariage mystique. Ce tableau, exécuté dans le style de Rubens, offre une belle lumière et une grande fraîcheur de coloris ; les enfants sont bien modelés ; les deux femmes sont des Flamandes. Bonnes drape» ries ; fond d’architecture. — Tableau de Dietrich, au musée de Berlin : près du groupe formé par la Madone, le Bambino et la sainte, un ange tient le glaive et la roue, instruments du martyre de Catherine d’Alexandrie, et deux autres anges répandent des fleurs. Peinture médiocre. — Tableau de Girolamo Mazzuola, au musée de Berlin : le petit saint Jean, saint Paul, ’sainte Barbe et un saint évêque assistent au mariagé ; dans le fond, trois anges soulèvent un rideau. — Tableau de Thomas Wille bords, au musée de Berlin : la sainte a un vêtement de couleur très-sombre. Fond d’architecture, avec échappée sur la campagne. « Bonne peinture, dit M. Waafen. » — Tableau de Lorenzo Lotto, au musée e Munich : « La Vierge, de face, la téta baissée, nous offre un visage insignifiant, dit M. Lavice ; sainte Catherine, à genoux, n’est

Îias plus attrayante avec ses deux mentons et e profil coupé en deux par les cordons de sa fevronnière ; Jésus, debout sur sa mère, so levé d’une façon peu gracieuse pour poser la bague ; saint Joseph regarde cette scène avec un mouvement de bouche dédaigneux. Coloris vif, dessin sec. ■ M. Viardot dit de cette, peinture qu’elle est ■ très-finement touchée, mais dure et ferme pour un Vénitien, » et qu’on y reconnaît le style de Bellini, dont Lotto fut l’élève plutôt que celui du Giorgione, dont il se fit plus tard l’imitateur. — Tableau de Van Dyck, vendu 2,000 livres à la vente de la collection de Vauge, en 1784. — Tableau du

Cortone, au Belvédère, à Vienne : trois figures seulement, vues jusqu’aux genoux ; la meilleure est celle de 1 Enfant JésuS ; les têtes des femmes sont rondes et sans caractère. Fond de paysage. — Tableau de Lucas Cranach, au Belvédère : la Vierge, assise sous un arbre, tient sur ses genoux le Bambino, qui met Vanneau au doigt de la sainte, assise devant lui. À côté de la Madone est sainte Rosalie, qui embrasse affectueusement Jésus et lui présente une petite corbeille pleine de roses. Derrière elle se tiennent deux autres saintes : l’une, priant ; l’autre, offrant à l’Enfant une grappe de raisin rouge sur un linge blanc. On aperçoit dans la lointain des rochers escarpés et de hautes montagnes, sur l’une desquelles est un château fort. Les figures, vues jusqu’aux genoux, sont d’un style pou élégant ; mais elles ont des expressions naïves et vraies, — Tableau de Domenico Feti, au Belvédère : le mariage a lieu en présence de saint Pierre le dominicain, et de saint Dominique, tenant un lis ; tous deux debout. Fitures de grandeur naturelle, peintes avec eaucoup de vigueur, dans le style du Caravage.

— Petit tableau sur cuivre de Mathieu Gondolach (IGU), au Belvédère : la Vierge, assise sur un trône élevé, tient sur ses genoux le Bambinoj qui montre une bague d’or à sainte Catherine, agenouillée devant lui, et prête à lui baiser le pied. De chaque côté du trône sont : saint Mathias, ayant un livre à la main, et sainte Hélène, portant une croix ; ce sont les portraits de l’empereur Mathias et de l’impératrice Anne, sa femme. En arrière, d’autres saints sont debout ; au ciel est une gloire d’anges. La peinture a poussé au noir.

— Tableau de Giovanni-Giacomo Sementi, au Belvédère : Marie tient par les épaules la sainte, agenouillée, derrière laquelle un grand séraphin est debout. De jolis petits anges regardent la scène du haut du ciel. Le profil de la fiancée est charmant. — Tableau de Giulio-Césare Procaccini, galerie Lichtenstein, à Vienne : la sainte, fort jolie, baisse la tête en souriant ; deux grands anges assistent au mariage.

Tableau du Parmesan, dans la galerie de lord Stafford, à Londres : la sainto présente une de ses mains à l’Enfant, qui lui met au doigt l’anneau nuptial.’et elle appuie l’autre sur une table, près de laquelle est la roue garnie de dents de fer, instrument de son supplice. Saint Joseph est placé près de la Vierge. Ce tableau, qui a fait partie de la galerie Borghèse, a été gravé par Agar, dans le recueil intitulé : British Gallery. Il existe des compositions semblables du Parmesan, dans la galerie de lord Grosvenor, à Londres, et au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Le Louvre en a une qui a été attribuée h CATH

Niceol’odetlAbatè, rflaisqueM.Villot croit être une copie du Parmesan exécutée par un élève de ce maître. — Tableau de l’Ortolano, au musée de Dresde : les personnages sont les mêmes <jtle dans la composition du Parmesan.

— Tableau de Polydore Lanzani, au musée de Dresde : la sainte s’approche du petit Jésus, qui lui tend une couronne de mariée ; derrière le trône de la Vierge, un ange soulève un rideau. Fond de paysage. Saint Joseph présente à Jésus un enfant que tient un personnage agenouillé, sans doute le donateur du tableau.

— Tableau d’Andréa del Sarto, au musée de Dresde : les témoins du mariage mystique sont sainte Marguerite, qui a pour attribut le monstre qu’elle a subjugué, et le petit saint Jean, tenant son agneau par le cou.

Tableau de Murillo placé au-dessus du mattre-autel de l’église des Capucins, à Cadix. : sainte Catherine d’Alexandrie, ayant derrière elle deux grands anges, est agenouillée devant le divin Bambino, qui s’apprête à lui mettre au doigt l’anneau nuptial. Trois autres séraphins se tiennent derrière la Madone, qui se penche un peu en avant pour regarder la jolie fiancée. Deux chérubins folâtrent au pied du trône ; deux autres, dans les airs, tiennent l’un la couronne, l’autre la palme du martyre de la sainte. « Cette grande toile serait d’un magnifique effet, dit M. Lavice, si le temps ne lui avait point enlevé une partie de son coloris. Ainsi, une. plaee plus blanche sur le front de Marie détruit l’illusion qu’a dû produire son beau visage» « — Tableau de Matteo Cerezo, au musée de Madrid : les figures, au nombre desquelles se trouve le petit saint Jean, avec Bon mouton, manquent de noblesse. — Tableau de Coello, au musée de Madrid : Jésus, debout sur les genoux de sa mère, se penche vers sainte Catherine, qui lui baise un pied ; la Madone porte une grande couronne d’or ; les anges qui assistent à l’union mystique ressemblent à déjeunes filles. Cette peinture est exécutée sur liège. — Tableau de Jordaens, au musée de Madrid : la tête de la sainte est magnifique. — Tableau de Palma le jeune, même musée : la scène se passe dans un riant paysage, sous un arbre. Jésus, appuyé sur l’épaule du petit saint Jean, se tourne en souriant vers sainte Catherine et lui tend l’anneau mystique ; son corps est gracieusement posé et bien modelé ; sa tête, offrant un léger raccourci, est délicieuse. La Madone et la sainte sont de jolies blondes, dont la fraîcheur et la jeunesse ont pour contraste la figure décrépite de sainte Elisabeth. À droite, saint Joseph regarde la belle fiancée.

— Tableau de Sébastien Bourdon, au musée d’Amsterdam. — Compositions diverses, gravées par Daniel Hopfer, par Badalocchio ; par Michel-Ange del Moro, d’après le Parmesan ; par Michel Natalis et par Sandrardt, d’après iSéb. Bourdon ; par Pierre de Jode, d après le Titien ; par Ang. Kauffmann, d’après le Corrége ; par Lasinio, d’après Simone Pignone : par H.-S. Lautensack ; par Robert Nanteuil et N. Regnesson ; par Michel Corneille, d’après Louis Carrache ; par Cornelis Cort, d’après le Corrége ; par le Biscaino, etc.

Catherine d’Alexandrie (MARIAGE MYSTIQUE de sainte), chef-d’œuvre du Corrége ;- musée du Louvre. La sainte, les yeux timidement baissés, s’appuie de la main gauche sur la roue brisée, dans laquelle est passée une épée, et elle tend la main droite à l’Enfant Jésus. Celui-ci, assis sur les genoux de sa mère et tenant l’anneau mystique, touche et examine avec une attention naïve le doigt que lui présente sa fiancée. La Vierge, aussi jeune et aussi jolie que Catherine, prend la-main de cette dernière et semble diriger l’action de son fils. Debout derrière Catherine, saint Sébastien, une flèche à la main, contemple d’un air de joie et de complaisance tes divines fiançailles. Dans le fond se déroule un vaste paysage : à gauche, près d’un édifice antique, saint Sébastien est percé de flèches par des soldats ; plus loin, à droite, sainte Catherine est agenouillée à côté d’un bûcher. On ne sait ce qu’il faut le plus admirer, dans ce tableau, de la grâce exquise des figures, de la suavité de l’expression, de la richesse et de l’harmonie de ta couleur. On croit que c’est de ce chef-d’œuvre que parle Vasan dans la Vie de Girolamo Carpi : « Ce dernier, dit-il, étant arrivé à Modène, resta émerveillé à la vue des tableaux du Corrége : l’un d’eux surtout le frappa ; ce fut ce grand tableau, ouvrage divin, qui représente la Vierge avec l’Enfant Jésus s’unissant à sainte Catherine, saint Sébastien et d’autres figures avec des airs de tête si admirables qu’elles semblent faites dans le paradis. Il est impossible de voir de plus beaux cheveux, de plus belles mains et un coloris plus charmant, plus naturel. Ce tableau était eu la possession du docteur Grilenzoni, grand ami du Corrége. Girolamo Carpi, ayant obtenu la permission de le copier, s’acquitta de cette tâche avec tout le soin et toute l’habileté possibles. » L’ouvrage passa ensuite, par l’entremise du cardinal Luigi d’Esté, des mains de Grilenzoni dans celles de la comtesse Santa-Fiora, qui le laissa à sa famille. En 16H, il se trouvait chez le cardinal Sforza, à Rome, comme nous l’apprend une note marginale de l’exemplaire de Vasari qui est dans la bibliothèque Corsini. Vers 1650, il fut apporté en France par le cardinal Antonio Barberini, qui le donna à Mazarin. Il figure sur l’inventaire de ce dernier avec l’estimation de 15,000 livres, et il fut acquis des héritiers par Louis XIV. Il

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existe, d’ailleurs, plusieurs répétitions ou copies de cette peinture. Une des plus célèbres, que quelques connaisseurs considèrent même comme l’œuvre originale, se voit au musée de Naples : la composition offre toutefois de notables différences ; on n’y retrouve pas lahgure de saint Sébastien ; la sainte a pour attribut la palme, outre la roue brisée et l’épée ; le Bambino, au lieu d’examiner la main de sa fiancée, lève ses yeux vers la Madone, comme pour lui demander son adhésion. L’exécution vaut, d’ailleurs, celle du tableau du Louvre. On cite encore un Mariage de sainte Catherine, du Corrége, au musée de l’Ermitage ; un autre au palais de Buckingham, à Londres, provenant de la collection de Charles Ier. Il est question dans Lanzi de deux compositions entièrement conformes sur le même sujet, dont l’une se trouvait, du temps de cet écrivain, à Capomonte (Italie), et l’autre dans la collection du comte de Brulh : Lanzi ajoute qu’on lisait sur ce dernier ouvrage la date de 151". Il a été fait, du reste, d’innombrables copies du tableau de Naples et de celui du Louvre ; celui-ci a été gravé plusieurs fois, notamment par Étienne Picart, par Giovanni Folo, dans le Musée royal, par Lorichon, et tout récemment, d’une façon très-remarquable, par M. Henriquel-Dupont.

Catherine (le MARIAGE DE SAINTE), tableau de Paul Véronèse, au musée du Belvédère, à Vienne. Paul Véronèse a traité plusieurs fois ce sujet mystique. La composition du Belvédère représente la Vierge assise sur un trône, tenant l’Enfant Jésus, qui met l’anneau nuptial au doigt de sainte Catherine agenouillée devant lui. L’ange Gabriel, un lis à la main, soutient la sainte par le bras, À gauche, sainte Agnès à genoux tient une branche de palmier ; son agneau est couché près d’elle. Cette toile, qui n a pas plus de 0 m. 80 de largeur sur 0 m. 70 environ de hauteur, est peinte avec beaucoup de vigueur ; les draperies sont fort belles ; quelques parties ont malheureusement noirci. La galerie Lichtenstein, à Vienne, possède aussi un Mariage de sainte Catherine, peint en petites proportions par le Véronèse ; Jésus et la sainte se penchent l’un vers l’autre de façon que leurs bouches se touchent presque. « Le visage levé de l’Enfant, dit M. Lavice, et celui baissé et a demi éclairé de la Vierge sont charmants. » Sainte Anne et saint Joseph se tiennent par derrière dans l’ombre. À gauche, une gloire d’anges se détache sur un fond jaune.— Une jolie petite esquisse du musée de Francfort nous montre la Vierge et l’Enfant sur un trône élevé, adossé à une colonne ; neuf grands anges les entourent, et d’autres plus petits volent dans l’espace. La sainte a son costume de reine. La galerie Durazzo, à Gênes, et la National Gallery de Londres possèdent des compositions analogues à celles que nous venons de décrire. Un chef-d’œuvre du Véronèse est le tableau du musée des Offices (Florence) ; il représente la sainte debout, regardant avec amour celui à qui elle vient de s’unir par un mariage mystique, ce qu’indique l’anneau passé à son doigt. Le petit saint Jean baise un pied du Bambino, qui est placé sur les

fenoux de Marie. Saint Joseph est à gauche ans l’ombre ; on ne distingue plus que sa tête chauve.

Catherine d’Alexandrie (LE MARIAGE MYS-TIQUE de sainte), chef-d’œuvre de Memling : à l’hôpital Saint-Jean, à Bruges. Ce tableau est en forme de triptyque. Dans la composition centrale, la Vierge, tenant dans ses bras l’Enfant Jésus, est assise sous un dais orné d’une riche tapisserie. Deux anges soutiennent gracieusement une couronne au-dessus de sa tête. À droite, sainte Catherine, en costume de princesse, est agenouillée : son visage, d’une douceur infinie, a une admirable expression de chasteté et d’humilité. L’Enfant Jésus se penche vers elle et lui met au doigt l’anneau nuptial. Derrière la sainte, un ange, d’une physionomie charmante, touche de l’orgue et célèbre les fiançailles par des chants de joie ; plus loin se tient saint Jean-Baptiste avec son agneau. À la gauche delà Vierge, sainte Barbe est à genoux, lisant avec une grande attention ; derrière elle, un ange tient un livre ouvert ; plus au fond, on voit saint Jeanl’Evangéliste, jeune et d’une physionomie douce et pensive. À travers les arcades ogivales qui s’ouvrent aux deux côtés du trône, on découvre un ravissant paysage où s’élèvent plusieurs édifices, parmi lesquels un amphithéâtre, et où sont représentées d’une façon très-pittores 3ue quelques scènes de la vie des deux saints ean. Memling a fait figurer deux fois dans ce tableau son ami le frère Jean Floreins, jaugeur public de Bruges, qui, à ce que l’on croit, lui avait commandé cet ouvrage ; il nous le montre une première fois, dans son costume de frère, derrière sainte Barbe, et il l’a représenté un peu plus loin la jauge à la main, entouré de tonneaux, près d une grue qui a servi a les décharger. Le volet de droite représente divers épisodes de la vie de saint Jean-Baptiste : la prédication dans le désert, la décollation, Salomé recevant la tête du saint dans un plat, le i festin d’Hérode et d’Hérodiade, etc. Dans le volet de gauche sont retracées les principales scènes de la vie de saint Jean I Evangéliste : la vision dans l’Ile de Pathmos, le martyre, etc. ; toute cette composition est merveilleuse, autant par la délicatesse de l’exécution que par la grandeur et la poésie fantastique du sujet. A "extérieur des

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volets sont peints les portraits de Jacques de Keuninck et d’Antoine Seghers, l’un maître directeur, l’autre boursier se l’hospice, contemplant leurs patrons respectifs, saint Jacques de Compostelte et saint Antoine l’Ermite. On y voit aussi les portraits d’Agnès Cazembrood, " supérieure, et de Claire van Hultem, avec leurs patronnes, sainte Agnès et sainte Claire ; ces figures de religieux et de religieuses, peintes avec une naïveté exquise, respirent la ferveur, la piété la plus tendre, et contrastent par leur réalité avec les figures idéales des saints patrons. D’après la place qu’elles occupent dans le triptyque, il y a tout lieu de croire que Memling peignit ce chefd’œuvre à la demande de la communauté

entière de l’hospice, et non pas seulement, comme on l’a dit, pour le frère Floreins. Le tableau est signé : Opus Johannis Memling anno mcecclxxix ; mais cette signature est apocryphe. M. Waagen pense que l’ouvrage a dû être exécuté vers 1486. Voici, sur ce chefd’œuvre, le jugement porté par MM. Crowe

etCavalcaselle (tes Anciens peintres flamands) : « Le Mariage mystique a peut-être le défaut d’être trop symétrique. Le groupe de la Vierge et de l’Enfant est ravissant, et la figure de Jésus la plus belle qu’ait jamais peinte Memling. La douce résignation des deux saints Jean contribue à donner au tableau tout entier un effet vraiment admirable. Cependant, on ne peut s’empêcher de remarquer la forme trop allongée du col et du visage de la Vierge et des saints qui l’entourent, ainsi qu’une sorte de roideur dans quelques-unes des figures. Il est à regretter que ! ange jouant de l’orgue ait été retouché, depuis l’époque de Memling, car si l’on n’y apercevait quelques fautes modernes, on pourrait dire que cette figure atteint la perfection, tant les traits en sont expressifs et extraordinairement beaux. La magnifique tête de saint Jean-Baptiste est un exemple de l’attention et du soin que mettait le peintre a suivre la nature. Il est fâcheux cependant que l’effet général de son attitude grave et pensive soit un peu gâté par les épisodes nombreux qui remplissent l’espace derrière lui. Néanmoins, si l’on examine ces sujets isolément, ils prouvent combien le peintre était habile et heureux dans le fini qu’il savait donner aux petites figures. Hérodias, dansant devant Hérode, l’un de ces épisodes, est un charmant tableau par lui-même ; mais, à l’endroit qu’il occupe, il nuit à l’intérêt général et fatigue l’œil. Dans le volet sur lequel est représentée la Vision de PathmosAa. faut-v dont nous parlons est moins sensible, mais de maladroites restaurations ont détruit l’avant-plan, l’eau et une partie du ciel. Les peintres d’aujourd’hui pourraient étudier avec avantage le ton harmonieux, doux et vrai que Memling a su donner à son coloris. On oublie presque Te défaut inhérent au maître, le manque de clair-obscur et le trop peu d’épaisseur de la couleur. » Les réparations faites à la surface intérieure de ce tableau ne sont rien en comparaison de ce qu’a souffert l’extérieur. Non-seulement le cadre a été repeint en noir, avec addition d’une signature apocryphe, mais les figures des donateurs et de leurs saints patrons ont été’nettoyées et retouchées d’une manière déplorable.

i. Catherine d’Alexandrie (LE MARIAGE DE

sainte), tableau de Memling, collection de M. Gatteaux (Paris). La Vierge, vêtue de bleu, cheveux blonds flottant sur le cou, tient sur ses genoux le Bambino, entièrement nu, qui passe un anneau au doigt de sainte Catherine.. Celle-ci a un costume de la plus grande richesse, comme il convient à la fiancée mystique d’un Dieu : corsage rouge fourré d’hermine, jupe de brocart jaune a grands ramages noirs. Cinq autres saintes entourent la Madone : à gauche, derrière sainte Catherine, sainte Agnès avec son agneau et sainte Cécile jouant de la harpe ; à droite, sainte Barbe tenant un livre ouvert, sainte Marguerite avec le dragon et sainte Agathe ayant a la main un bassin où sont les seins que lui ont arrachés les bourreaux. Trois anges contemplent, du haut du ciel, la sainte assemblée, derrière laquelle s’étend un riant paysage terminé par des montagnes bleuâtres. ■ Toute cette œuvre, d’une délicatesse d’exécution et d’une vigueur de coloris extraordinaires, respire une poésie profonde, a dit M. Chaumelin (Revue moderne) ; les figures ont une noblesse et une grâce exquises. ■ Ce délicieux petit tableau, dont quelques connaisseurs contestent l’attribution à Memling, a figuré à l’exposition rétrospective de 1866, au palais de 1 Industrie.

Catherine (LE MARIAGE DB SAINTE), tableau de Carie Maratte, au Louvre. La sainte, vue de profil, richement parée et la tête coiffée d’une couronne royale, "est agenouillée sur les nuages ; elle présente sa main au divin Bambino, qui se dispose à lui mettre au doigt l’anneau nuptial et qui la regarde avec un charmant sourire. La Vierge, par un mouvement plein de grâce, appuie sa main sur l’épaule de sainte Catherine, qu’elle semble vouloir encourager à s’approcher de son époux mystique. Deux anges et deux chérubins contemplent joyeusement cette scène. Ce tableau, qui de la collection du prince de Carignan est passé dans celle de Louis XV, a été gravé par Vendrami dans le Musée français et par M. Pirodon dans Y Histoire des peintres’ ; il a été reproduit également dans les ouvrages de Landon et de Filhol.

Catherine (LE MARIAGE DE SAINTE), fresque

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du Pordenone, dans l’église de Santa-Mâria di Campagna, à Plaisance. L’Enfant Jésus se pencne vers la sainte, avec une grâce inexprimable, pour lui offrir d’une main Vanneau nuptial et la ceinture dorée, tandis que de l’autre main il semble se retenir à un voila qui tombe des épaules de sa mère. Saint Pierre et saint Paul sont les témoins de l’union mystique. Au bas du. tableau sont groupés trois enfants qui soutiennent un violoncelle. « Toutes ces figures, dit M. Charles Blanc, s’enlèvent sur le fond d’une manière si prestigieuse qu’elles semblent ne pas tenir à la muraille. Le temps a respecté cette peinture digne des grands maîtres. Malheureusement, il a été permis à un vandale de mutiler une des figures pouT faire place à une pierre sépulcrale. • Le Pordenone exécuta cette belle fresque en 1529 ; on croit qu’il a peint le portrait de sa seconde femme dans la personne de la Vierge, et qu’il s’est peint lui-même sous les traits de saint Paul. Canova, dit-on, ne pouvait se lasser de contempler le Mariage de sainte Catherine, quand il venait à Plaisance.

Catherine d’Alexandrie confesttant la fol

chrétienne (sainte), tableau de M. Gendron ; église de Saint-Gervais, à Paris. La scène se passe dans un temple de Jupiter. La sainte, vêtue de blanc et ayant à la main une croix qu’elle montre à ses juges, se tient debout à 1 extrémité d’une table autour de laquelle sont réunis les philosophes ou docteurs païens. L’empereur Maximin, assis a gauche, préside à l’interrogatoire ; près de lui est nonchalamment étendu à terre un jeune nègre agitant un éventail de plumes. Le jour vient d’en haut. On aperçoit, dans le fond du temple, la statue du dieu, a demi cachée par une barrière. Les différents personnages sont habilement groupés, et il y a de la vérité dans leurs attitudes. Les philosophes écoutent avec recueillement la jeune vierge. Celle-ci parle avec une noble assurance, et elle a dans sa tournure la grâce et la simplicité d’une statue. La peinture est sobre de détails, largement et vigoureusement accusée. C’est une des meilleures productions de M. Gendron.

Catherine (LE MARTYRE DE SAINTE), tableau

de Gaudenzio Ferrari, au musée Brera, à Milan. La sainté est nue jusqu’à la ceinture ; ses longs cheveux couvrent en partie sa poitrine, et un manteau rouge cache le bas de son corps. Les yeux levés vers le ciel, les mains tendues dans l’attitude de la prière, elle est âgenouillée entre deux roues armées de pointes, que deux fourreaux s’apprêtent à faire mouvoir au moyen d’une manivelle. D’autres bourreaux et des soldats sont placés au deuxième Îilan, au bas d’une estrade sur laquelle siège e proconsul, entouré de ses officiers et de ses licteurs. Ces divers personnages regardent avec stupeur un ange qui se précipite du haut du ciel, un glaive à la main, pour dégager la sainte. Les hourreaux sont saisis d’effroi, et deux soldats lèvent leur bouclier au-dessus de ^leur tête pour se protéger contre les coups du glaive. Tout à fait au fond, trois charmantes femmes, placées dans une espèce de tribune supportée par des colonnes, se penchent pour voir le supplice. « Tout ce tableau, dit M. Charles Blanc, est d’une étonnante exécu- ’ tion ; c’est une peinture serrée, précise, violente : une fanfare de tons éclatants. Pas de perspective : les fonds sont aussi faits que les devants... Le tableau semble peint d’hier, et peint à l’emporte-pièce. Gaudenzio a fait de la couleur a outrance : si c’était urr chanteur, on dirait qu’il a donné son ut de poitrine. » Selon M. Lavice (Musées d’Italie), « il y aurait bien quelque chose à dire quant à la disposition trop symétrique des acteurs et h la surélévation des derniers plans ; mais si l’ensemble laisse a désirer, chaque figure, prise isolément, est bien traitée. La sainte à-genoux, l’ange et le magistrat romain sont surtout fort beaux et bien éclairés. » Cette composition, qui est certainement une des meilleures de Gaudenzio Ferrari, a été gravée par M. Delangle dans YSistoire des peintres de toutes les écoles.

Catherine Docteur (sainte), pièce de théâtre espagnole. • Les Espagnols, dit La Place dans ses Pièces intéressantes, croient fermement que sainte Catherine a professé la théologie dans l’université d’Alcala, et ils ont fait à ce propos une pièce intitulée : Sainte Catherine Docteur. Le premier acte est rempli par les funérailles d’un professeur d’Alcala ; on y voit, entre autres curiosités, un bailetpantoraime entre les Vertus et les Vices. Le second acte commence par une scènéentre sainte Catherine et le Sauveur du monde. Jésus-Christ parait dans le cintre avec tous les instruments de sa passion. Catherine, lui dit-il, je vous ai choisie pour être un vivant témoignage de ma grandeur ; c’est dans la faiblesse même de votre sexe que je veux faire éclater ma puissance. > Aussitôt, il lui place sur la tête un bonnet qui lui donne la science infuse de la théologie ; il la met au fait de toutes les subtilités scolastiques, lui apprend à disputer catégoriquement et lui donne l’assurance qu’elle peut terrasser le docteur le plus subtil et le philosophe le plus opiniâtre, puis il disparaît. Catherine, remplie de-courage par ces paroles du divin Maître, va demander la chaire de théologie de la ville. Au dernier acte de la pièce, Catherine est au milieu de son école et dispute vivement avec tous les docteurs ; le bonnet divin a opéré sou

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effet, et il n’est pasf an seu’I argumentateur dui puisse résister à : Catherine. Maïs un adversaire redoutable s-’avance : c’est un vieux docteur, dont le visage pâle et le dos voûté ramènent l’espéfanee dans le cœur des vaincus. Tous les regards se portent sar le nouvel arrivant, qui n’est autre que le diable, venu exprès pour contrecarrer les desseins de Dieu. 11 approche à pas lents, avec d’imiwm^es lunettes sur le nez, témoignage irrécusable de sa grande capacité ; il balaye la salle avec une longue robe noire, qui ne peut pourtant dissimuler entièrement la queue énorme qu’il traîne après lui. Tout le monde le reconnaît a ce signe, et l’assemblée attend avec autant d’impatience que de crainte l’issue d’un combat redoutable pour sainte Catherine. Le Malin s’avance ; on lui présente la thèse, qui roule sur l’immortalité de l’Ame. Il sonde d abord le terrain par des arguments captieux, et finit par nier formellement que l’fime soit immortelle. Catherine le laisse longtemps dérouler ses preuves, puis elle le terrasse par le raisonnement suivant : « Orphée est descendu aux enfers : ergo, l’âme est immortelle. » Le diable est confondu, il s’en va au milieu des huées, tandis que Catherine triomphe et est nommée professeur de théologie a l’université. La pièce se termine par un ballet général des citoyens et des citoyennes d’Alcala,

Catherine du mont Sinoï (ORDRE BESaiNTB-). Le martyre de sainte Catherine eut lieu à Alexandrie, et, d’après la tradition, les anges enlevèrent le corps de la sainte et l’ensevelirent sur le mont Sinaï. Vers l’an 1067, sous l’influence des idées que les croisades avaient développées, plusieurs princes Chrétiens créèrent, sur le modèle de l’ordre du Saint-Sépulcre, un ordre militaire qui prit le titre de Sainte-Catherine du montSinat. Les chevaliers suivaient la règle de Saint-Basile, et avaient pour mission de veiller sur le tombeau de la sainte et de protéger les pèlerins qui venaient adorer ses reliques. Lors de la conquête de l’empire d’Orient par les mahométans, cet ordre disparut. La décoration, qui se portait sur le manteatr, consistait en une épée passant par une branche d’épines brodée en rouge.