Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CHARLES-AUGUSTE, grand-duc de Saxe-Weimar-Eisenach

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 4p. 1006-1007).

CHARLES-AUGUSTE, grand-duc de Saxe-Weimar-Eisenach, né en 1757, mort en 1828. Il était fils du duc Ernest-Auguste-Constantin, qui mourut moins d’un an après sa naissance, et auquel il succéda sous la tutelle de sa mère, Amélie de Brunswick. Celle-ci, qui était encore elle-même sous la tutelle de son propre père, mais qui fut peu après déclarée marjeure, administra avec la plus grande habileté son petit État, pendant la période difficile de la guerre de Sept ans, et donna à Charles-Auguste et à son autre fils, Frédéric-Ferdinand-Constantin, né peu de temps après la mort de son père, les maîtres les plus distingués parmi les savants de l’époque. Ils eurent pour gouverneur le comte de Gœrtz, plus tard ministre de Prusse, et pour précepteur d’abord Seidler et Hermann, puis, à partir de 1772, Wieland, qui écrivit pour eux son Miroir d’or. Dans un voyage que les jeunes princes firent à Paris et en Suisse, en 1774, ils eurent occasion de voir Gœthe, et Charles-Auguste, qui avait alors dix-sept ans, contracta avec le poète, qui n’en avait guère que vingt-cinq, une amitié dont l’anniversaire fut fêté cinquante ans plus tard, en 1825, avec la plus grande solennité. Déclaré majeur en 1775, Charles-Auguste prit en main les rênes du gouvernement, et épousa peu après la princesse Louise de Hesse-Darmstadt. Il entra au service militaire de la Prusse en 1786, fit comme volontaire les campagnes du Rhin en 1792 et en 1793, et fut promu au grade de lieutenant général prussien en 1797. Après la bataille d’Iéna, il revint dans ses États, se joignit en 1806 à la confédération du Rhin, et, au mois d’octobre 1808, reçut à Weimar la visite de Napoléon et d’Alexandre, après l’entrevue d’Erfurth. En 1813, il fit partie de la ligue contre Napoléon, entra en 1814 au service de la Russie et conduisit dans les Pays-Bas une armée de 25, 000 hommes. Il se rendit ensuite avec les alliés à Paris, à Londres, puis à Vienne, où le congrès agrandit ses États et en fit un grand-duché. Il prit également part en 1815 à la campagne de France, pendant laquelle il eut à ses côtés son plus jeune fils Bernard, qui se distingua de la façon la plus éclatante à la bataille de Waterloo. À la paix, il reçut une indemnité de trois millions, qu’il employa à répandre le bien-être dans son duché. Il s’attacha surtout à en réformer l’administration judiciaire et fut le premier prince allemand qui accorda en 1816 à ses États la constitution nationale qui avait été promise en 1815 aux pays allemands. Il laissa également une grande liberté à la presse, jusqu’à ce que la fête de Wartbourg et les licences de l’Oppositions Blatt (feuille d’opposition) l’eussent contraint d’y apporter des restrictions. Protecteur éclairé des lettres et des arts, il attira à sa cour la plupart des hommes remarquables de l’Allemagne à cette époque. Parmi eux, il nous suffira de citer les noms de Gœthe, de Voigt, qui furent l’un et l’autre ses ministres, de Herder, de Wieland, de Schiller, d’Einsiedel, de Knebel, de Musaeus, etc. Toutes les branches de l’administration furent réorganisées sur de nouvelles bases pendant son règne. Il s’appliqua surtout à répandre l’instruction publique dans ses États, et fut pour l’université d’Iéna un protecteur généreux et infatigable. Enfin, c’est à lui que la ville de Weimar doit son beau parc, son château ducal, entièrement reconstruit, l’ancien ayant été incendié en 1771 ; son jardin botanique, sa nouvelle école municipale, etc. Une partie de sa Correspondance avec Goethe a été publiée ces dernières années (Leipzig, 1863, 2 vol.).