Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/COCK ou KOCK (Jean-Conrad DE), révolutionnaire, père de notre romancier populaire Paul de Kock

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Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 2p. 512-513).

COCK ou KOCK (Jean-Conrad DE), révolutionnaire, père de notre romancier populaire Paul de Kock. À juger par les œuvres de l’intarissable conteur, on le pourrait croire issu de quelque paisible bourgeois de Paris, comme il s’en voyait au commencement de ce siècle, modestement renté, d’humeur joviale, vivant et mourant sans éclat et sans histoire. Eh bien, c’est un enfant de l’exil, né dans les angoisses, et son berceau a été arrosé de larmes et de sang.

Son père, Jean-Conrad, qui n’a de notice dans aucune biographie, naquit à Heusden, en Hollande, en 1765, d’une famille riche et distinguée. En 1785, il prit une part active aux troubles des Provinces-Unies et dut se réfugier en France avec les autres patriotes bataves, condamnés à mort par le gouvernement du stathouder. Il se livra avec succès aux opérations de banque et se jeta avec ardeur dans les premiers mouvements de notre révolution. En 1790, il était un des délégués des réfugiés et des patriotes bataves, avec de Capellen, Abbéma et d’autres hommes distingués. Il parut à la barre de l’Assemblée dans les rangs de la fameuse ambassade conduite par Cloots, composée de réfugiés de toutes les nations, et qui obtint par décret une place officielle à la fête de la Fédération. Par reconnaissance, les Hollandais firent acte de citoyens français ; ils lièrent leurs intérêts aux destinées de la Révolution et se portèrent acquéreurs de biens nationaux. Ils achetèrent notamment à Paris l’église du Saint-Sépulcre, et sur son emplacement édifièrent la fameuse cour Batave, rue Saint-Denis.

En 1792, de Cock, principal agent de ses compatriotes et de plus leur caissier, obtint de l’Assemblée législative l’autorisation de lever une légion étrangère. Dès que les troupes républicaines furent maîtresses de la Belgique, il s’offrit au gouvernement et à Dumouriez pour révolutionner la Hollande, prépara nos triomphes en ce pays par une propagande active, s’établit à Anvers avec la caisse et la légion batave, dont il fut nommé lieutenant-colonel, et fit la campagne à l’avant-garde de l’armée, de concert avec Westermann, qui admira sa bravoure éclatante. Enfermé dans Gertruidenberg, après la trahison de Dumouriez, il se défendit vaillamment et obtint de sortir avec les honneurs de la guerre. De retour en France, il collabora avec Cloots au journal le Sans-Culotte batave, et se lia assez intimement avec les révolutionnaires les plus ardents. C’était au moment le plus sombre de la Terreur ; on voyait partout des agents étrangers, et de Cock, dont la tête était mise à prix en Hollande, devint fort injustement suspect au comité do Salut public. Il réunissait souvent dans sa maison de Passy Hébert et quelques autres de ses amis de la Commune, de la Montagne et du journalisme. Ces modestes dîners furent incriminés. Le léger Camille Desmoulins, lancé par Robespierre contre les hébertistes, transforma de Cock en agioteur et en agent de Pitt. Le malheureux patriote hollandais fut arrêté, condamné à mort avec les hébertistes, sans aucune espèce de preuve ni même de présomption, et décapité le 4 germinal an II (24 mars 1794). Son fils, le futur romancier, avait alors trois mois. Voy. Kock (Charles-Paul de). Nous renvoyons sa notice à cette place, parce que c’est l’orthographe qu’il a fait prévaloir pour son nom, qui s’écrivait des deux manières.

Nous avons trouvé les éléments de cet article dans l’Histoire d’Anacharsis Cloots, de M. Georges Avenel, livre rempli, comme on le sait, de recherches curieuses sur les hommes et les choses de la Révolution.