Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/COOPER (James-Fenimore), romancier célèbre, le Walter Scott américain

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Administration du grand dictionnaire universel (5, part. 1p. 60).

COOPER (James-Fenimore), romancier célèbre, le Walter Scott américain, né à Burlington (New-Jersey) en 1789, mort en 1851. Il était fils d’un juge, riche propriétaire, qui a fondé dans l’État de New-York la ville de Cooper’s-Town, Le jeune Fenimore, peu docile au joug scolaire, interrompit le cours de ses études classiques pour entrer dans la marine en qualité de midshipman (1805). Après avoir navigué pendant cinq ans, fait de longs voyages, assisté à plusieurs combats, il revint dans la résidence paternelle de Cooper’s-Town. De 1826 à 1829, il remplit à Lyon les fonctions-de consul des États-Unis ; puis il parcourut l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, se livrant partout à des études de mœurs, et, rentré dans son pays en 1832, il n’en sortit plus. Il avait débuté dans les lettres, en 1821, par le roman de Précaution, médiocre peinture des mœurs anglaises. À la fin de la même année parut l’Espion, où sont retracées, sous les couleurs les plus vives, les glorieuses luttes des héros de l’indépendance américaine. Fenimore Cooper complète ces récits par Lionel Lincoln (1824) et les Puritains d’Amérique (1828). Voilà la principale partie de l’œuvre historique du romancier, œuvre d’un puissant intérêt dramatique, sans doute, mais d’une moindre importance que celle où il nous peint les anciens possesseurs du sol, car c’est là, bien plus que dans certains livres à prétentions sérieuses, qu’il faudra chercher bientôt l’histoire et la véritable physionomie d’une race presque disparue. Cette seconde série se compose particulièrement des romans ci-après : les Pionniers (1822), la Prairie (1825), le Dernier des Mohicans (1826), chef-d’œuvre de l’auteur, le Lac Ontario, le Tueur de daims (1842), les Peaux-Rouges. Toutes les tribus indiennes, sous les noms les plus bizarres, y apparaissent dans leurs mœurs naïves et farouches, disputant leurs foyers aux colons, plus barbares qu’eux, et qui les déciment, ne pouvant les soumettre. Épisodes émouvants, types singuliers, descriptions grandioses d’une nature vierge, tout concourt à tenir le lecteur sous le charme. Cooper n’invente pas : il raconte ce qu’il a vu. Ses romans maritimes forment la troisième catégorie. Ce sont : le Pilote (1823), où les exploits héroïques de Paul Jones sont énergiquement dramatisés, le Corsaire rouge (1828), l’Écumeur de mer (1828), le Feu follet (1842), les Deux amiraux (1842), les Lions de mer (1849), etc. Il donne là les impressions de sa vie de marin, et il parle de la mer, des tempêtes et des abordages en homme du métier. Il a moins réussi dans la peinture de ses impressions de voyages en Europe : le Bravo (1831), qui rappelle Venise, l’Heidenmauer (1832), qui se rapporte à l’Allemagne du XVIe siècle, le Bourreau de Berne (1833), sont des compositions où l’on voit que l’auteur n’est plus dans son élément. On a comparé Cooper à Walter Scott : s’il lui est inférieur pour la finesse des aperçus et l’élégance du style, il le surpasse peut-être pour l’énergie et l’exactitude ; mais tous deux sont également originaux, et leurs ouvrages ont été accueillis avec une égale faveur. La traduction française la plus estimée des Œuvres de Fenimore Cooper est celle de Defauconpret (1838-1845, 25 vol. in-8o). La biographie qui précède du célèbre romancier sera peut-être considérée comme incomplète, par quelques-uns de nos lecteurs ; mais ils changeront d’opinion si, considérant quel est notre plan, ils veulent bien ajouter à l’exiguïté apparente de cette biographie les 1,000 lignes qui sont consacrées aux différents ouvrages du romancier américain. — Sa fille, Susan Fenimore Cooper, a publié, entre autres écrits : Heures à la campagne (1850, in-12), ouvrage dans lequel elle donne la description des sites de Cooper’s-Town, petite ville située sur les bords du lac Ostego, et dont son grand-père, qui possédait en ce lieu un immense domaine, a jeté les fondements ; la Rime et la raison de la vie de campagne (1854, in-4o), recueil de passages des meilleurs auteurs qui ont écrit sur la vie des champs. Ces ouvrages sont estimés.