Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/COTTEREAU (les frères), surnommés Chouan

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Administration du grand dictionnaire universel (5, part. 1p. 281).

COTTEREAU (les frères), surnommés Chouan, promoteurs et premiers chefs de l'insurrection à laquelle ils ont laissé le nom de chouannerie.

L’aîné des frères Cottereau était ce Jean Chouan dont le nom devint si fameux dans les guerres de l’Ouest. I1 était né dans la paroisse de Saint‑Berthevin, près de Laval (Mayenne), le 30 octobre 1757. Fils et petit-fils de bûcherons‑sabotiers, il vint au monde dans la forêt de Concise, et fut élevé au milieu des bois. Devenu grand, il se rangea avec ses frères parmi les faux‑sauniers qui faisaient la contrebande du sel. Dans cette vie aventureuse, il fut plus d'une fois arrêté et faillit même être pendu pour le meurtre d'un gabelou ou douanier. Des protections locales le sauvèrent et lui firent obtenir un engagement de soldat. Il déserta au bout d'un an, revint dans son pays, et après de nouvelles équipées et un emprisonnement de deux années à Rennes, il devint gérant d'une petite propriété de son canton. I1 vivait assez paisiblement lorsque la Révolution vint le rejeter dans les aventures. Les agents royalistes et les prêtres ne pouvaient manquer d'enrôler au service de la contre‑révolution ces hommes intrépides, demi‑barbares et demi‑brigands, dont la vie n'avait été qu'une lutte continuelle. Jean Chouan devint un des instruments du prince de Talmont, et, le 15 août 1792, il se mit à la tête des insurgés du village de Saint‑Ouen, près de Laval, qui s'étaient soulevés pour empêcher dans leur canton le recrutement des volontaires. Ce mouvement resta circonscrit dans cette partie du bas Maine. Les insurgés, qui se composaient en partie de contrebandiers, ne faisaient qu'une guerre de surprise et de coups de main, dont l'assassinat des patriotes et le pillage formaient les principaux épisodes. Ils s'appelaient chouans, du nom de leur chef. À l'article CHOUANNERIE, nous avons donné sur l'origine de ce nom la version le plus généralement admise. Trois frères de Jean, François, Pierre et René, ainsi que d'autres de la même famille, s'étaient également jetés dans l'insurrection. Un seul d'entre eux survécut, René, le plus jeune des frères Cottereau ; tous les autres périrent dans cette guerre civile qui précéda la guerre de Vendée proprement dite, se confondit un moment avec elle et se perpétua jusque sous le consulat. Nous en avons esquissé les principales péripéties (V. CHOUANNERIE) ; nous n'avons donc pas à les retracer ici. Nous ajouterons seulement que Jean Cottereau, souvent fugitif et caché au milieu des bois, conserva le commandement de l'une des bandes, et, après une série d'expéditions et de brigandages, fut blessé mortellement dans un combat contre les républicains, aux environs de Laval (juillet 1794).