Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Chapsal (charles-pierre)

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 4p. 969).

CHAPSAL (Charles-Pierre), grammairien, né à Paris en 1788, mort en 1858. Il fut maltre d’études au lycée Louis-le-Grand, et professeur de grammaire générale. Son premier ouvrage est un Dictionnaire grammatical (1808, 2 vol. in-8°), Il publia, en 1817 et en 1819, avec Fr. Noël, ses Leçons anglaises de littérature et de morale (2 vol. in-8°). C’est là sans doute l’origine d’une association qui devait être si fructueuse pour les deux professeurs. La première édition de leur Nouvelle grammaire française parut en 1823, en 2 vol. in-12, dont un de grammaire proprement dite, et l’autre d’exercices. Le nom de Chapsal est en second en tête du livre, bien qu’il soit avéré aujourd’hui qu’il en est le principal auteur ; mais, encore peu connu, il dut abriter son obscurité derrière le nom de Noël célèbre déjà par ses ouvrages, et auquel son titre d’inspecteur général de l’Université donnait une grande influence dans les conseils de l’enseignement. La Nouvelle grammaire réussit. Adoptée par l’Université, mise en usage dans tous les collèges elle régna longtemps sans rivale, et, malgré les attaques vigoureuses dont elle est l’objet depuis vingt ans, elle continue À jouir d’un certain crédit. Il en a été fait plus de 60 éditions sans compter les contrefaçons nombreuses, en France et à l’étranger. Ce succès prodigieux s’explique naturellement. On flottait alors entre les Eléments de Lhomond, petit recueil de formules très-simple, très-clair, mais reconnu insuffisant, et une foule de traités trop abstraits, trop compliqués pour de jeunes intelligences. Arrive la Grammaire de Noël et Chapsal, disposée dans un ordre méthodique, écrite avec clarté, et donnant, tant bien que mal, mais toujours avec une assurance magistrale la raison des choses à côté de la formule naïve. Ce fut comme une révélation, et l’engouement n’eut pas de bornes. Ce qui n’y contribua pas peu, ce fut la série d’ouvrages auxiliaires publiés successivement par les auteurs, et qui forment une sorte de cours complet de notre langue : Corrigé des exercices (1824) ; Leçons d’analyse grammaticale (1827) ; Leçons d’analyse logique (1827), etc. On sait à quoi s’en tenir aujourd’hui sur tout ce bagage grammatical : Noël et Chapsal n’étaient que des compilateurs habiles ; on ne trouve dans leurs écrits aucune science, aucune critique sérieuse. Toutefois, il faut être juste envers eux : ils ont donné une vive impulsion à l’étude du français, et on leur doit, non pas la découverte, mais la vulgarisation de l’analyse, méthode féconde bien perfectionnée depuis. Le succès inouï de la Grammaire de Chapsal s’explique donc parfaitement. Être très-incomplet, mais très-simple, voilà ce à quoi avait visé l’auteur, et le succès est venu lui donner raison ; mais la science grammaticale a marché, et aujourd’hui cette méthode représente, dans le bagage scolastique, le rôle que jouent dans le costume du xixe siècle les culottes de nos grands-pères.