Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Conquête d’outre-mer (LA GRANDE), Ouvrage historique espagnol du roi Alphonse X de Castille

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Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 4p. 961).

Conquête d’outre-mer (LA GRANDE), Ouvrage historique espagnol du roi Alphonse X de Castille. Cet ouvrage, le plus important de ceux qu’a laissés ce savane roi, est un récit des guerres de la terre sainte, qui ont une relation intime avec les destinées des chrétiens espagnols, en lutte continuelle pour leur propre existence, dans leur croisade contre l’ennemi intérieure. Il débute par l’histoire de Mahomet, et se continue jusqu’à l’année 1270 ; une grande partie est extraite de la vieille traduction française du livre de Guillaume sur le même sujet, et le reste, d’autres sources moins dignes de foi. Certaines parties de cette narration n’ont rien d’historique. Le grand père de Godefroy de Bouillon, le héros principal, est le fantastique et bizarre chevalier du Cygne, représentant l’esprit de la chevalerie autant qu’Amadis de Gaule, avec des aventures non moins merveilleuses ; en combattant sur le Rhin comme un chevalier errant, il est miraculeusement averti par une hirondelle de la manière dont il doit délivrer sa dame, qui vient d’être faite prisonnière. Malheureusement, dans l’unique édition de ce curieux ouvrage imprimé en 1503, le texte a reçu de telles additions qu’elles nous rendent incertains sur la part qu’on peut avec certitude assigner au temps d’Alphonse X, sous le règne et par les ordres duquel la plus grande partie semble avoir été préparée. Le principal mérite de ce livre, c’est qu’il nous donne un spécimen authentique de la vieille prose castillane. La grande conquête d’Outre-mer fut imprimée à Salamanque par Hans Giesser, in-folio. Les additions qui y ont été faites commencent au liv. III, chap. cxxx, où se trouve une relation de la destruction de l’ordre des templiers. L’histoire du chevalier du Cygne fut, croyons nous, glissée dans la Conquête d’outre-mer, au moment où l’on en préparait la publication, pour rehausser et ennoblir l’histoire de Godefroy de Bouillon, son principal héros. Mais ce n’est pas là la seule partie de l’ouvrage postérieure à sa date. Le dernier chapitre, par exemple, rapporte la mort de Conradin de Hohenstauffen et l’assassinat dans l’église de Viterbe, au moment de l’élévation de l’hostie, de Henri, le petit-fils de Henri III d’Angleterre, par Guy de Montfort, événements relatés tous deux par Dante, qui n’ont rien à voir avec l’ouvrage principal et semblent pris dans quelque chronique plus moderne.