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Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Corée (royaume de l’Asie)

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CORÉE, royaume de l’Asie, sur la côte orientale de l’ancien continent, formé en très-grande partie d’une vaste presqu’île, qui s’étend au S. de la Mandchourie et au N.-E. de l’empire chinois, entre la mer du Japon et la mer Jaune par 122° 50’ à 128° de longitude E. et 34° 25’ à 42° 40’ de latitude N. Capitale, Hang-Yang-Tching. Superficie, 2,200 myriamètres carrés ; longueur du N. au S. environ 800 kilom. sur 400 kilom. de large. Population approximativement évaluée à 8 millions d’habitants appartenant à la race mongole.

Aspect général ; productions principales. La presqu’île coréenne, séparée de la Mandchourie au N. par des montagnes dont les crêtes atteignent la ligne des neiges éternelles, est formée par un embranchement de cette chaîne, qui traverse le pays en longueur du N. au S., et devient haute et escarpée surtout à l’E. Par suite de la configuration étroite et allongée de cette péninsule et de sa nature montagneuse, elle n’a que des cours d’eau sans importance, excepté dans sa partie septentrionale, où elle est arrosée par le Ya-Lou et le Toumen. En revanche, elle est entourée, surtout à l’O. et au S., d’une grande quantité de petites îles, dont la plus grande est Quoelpart ou Quelpaert, d’une superficie de 715 kilom. carrés. Le cap Clonard au N. et le cap de la Providence au S. terminent cette presqu’île, dont les côtes sont hérissées d’îlots et bordées de bancs de sable. Quoique située à peu près sous la même latitude que l’Italie, la Corée est loin de jouir d’un climat tempéré ; les étés y sont extrêmement chauds et les hivers excessivement rigoureux ; aussi le Hoang-Haï ou mer Jaune, situé entre la Chine et la Corée, gèle-t-il en hiver. La surface solidifiée de ce bras de mer facilite alors les communications entre la Chine et la Corée. Ces deux pays, en effet, communiquent difficilement entre eux à cause des hautes montagnes qui bornent la Corée au N., et parce que, en été, les bas-fonds et le peu d’élévation des côtes de la mer Jaune en rendent la navigation peu praticable.

Des forêts vastes et épaisses couvrent les deux tiers du pays ; elles sont surtout formées de conifères ; les autres essences sont le chêne, l’orme, le micoucoulier, le châtaignier. Les animaux sauvages y sont nombreux ; on y rencontre surtout des tigres, des ours, des loups, des sangliers, des cerfs et des renards. On distingue parmi les oiseaux : le faisan, la caille, la tourterelle, le faucon, que les habitants dressent pour la chasse ; le nombre des reptiles y est considérable, et plusieurs sont dangereux, surtout le trigonocéphale.

L’agriculture est fort négligée par les Coréens. Dans la partie septentrionale du pays, ils cultivent surtout le froment, qu’ils sèment sans avoir fait subir au sol presque aucune préparation. Dans le sud, le riz est la principale culture ; on cultive aussi le maïs et le millet. Ces récoltes suffisent à la consommation locale, mais ne fournissent rien à l’exportation, qui, d’ailleurs, en est interdite. Une plante, qui croît sans culture dans la Corée, constitue la principale richesse de ce pays, c’est le ginseng, auquel les Chinois attribuent les propriétés médicinales les plus extraordinaires. Le cotonnier et la plupart des arbres fruitiers d’Europe, poiriers, pommiers, abricotiers, etc., donnent de très-beaux produits sur le sol coréen, qui renferme, dit-on, des mines de plomb, d’argent et d’or.

Les cornes de cerf, les fourrures de zibeline, de tigre et de renard, les nattes, les pinceaux de queue de loup et surtout le papier sont, après le ginseng, les principaux objets de commerce. Le papier de Corée, qui jouit chez les Chinois d’une grande estime, est formé de libres de cotonnier ; il est épais, souple et soyeux, et sert non-seulement à écrire, mais encore à confectionner des chapeaux, des parapluies, des sacs et même de solides manteaux. Les poteries et les porcelaines figurent aussi parmi les principaux articles de l’industrie des Coréens, qui fabriquent encore des étoffes de coton et de chanvre assez grossières, et des soieries plus épaisses que fines. Les unes et les autres alimentent le commerce d’exportation ; il en est de même de leurs armes, surtout de leurs sabres et de leurs poignards, qui sont vivement recherchés en Chine. Leurs fusils seraient excellents s’ils n’étaient pas à mèche. Bons marins et habiles pêcheurs, les Coréens se livrent aussi à la pêche du hareng et a celle de la baleine. Tout ce qu’on sait de leur constitution politique, c’est que le pouvoir suprême est exercé de la manière la plus illimitée par un roi très-despotique, disposant d’un personnel administratif organisé sur le modèle de celui qui existe en Chine. On dit que ce souverain peut mettre sur pied une armée de 600,000 hommes ; sa flotte est forte de 200 voiles. Tributaire à la fois de l’empereur de la Chine et de celui du Japon, le roi de Corée, par la position géographique de ses États et à cause de la jalousie réciproque de la Chine et du Japon, est à l’abri de l’attaque de ces grands empires, et son indépendance, plus réelle qu’apparente, est une nécessité politique pour les cours de Pékin et de Yédo. Le royaume compte 33 villes du premier ordre, 58 du second, et 70 du troisième, réparties dans 8 provinces qui forment 40 districts. Ces villes sont mal bâties et ne possèdent aucun édifice de quelque importance. « En entrant pour la première fois dans une ville coréenne, dit M. Callery, on est tenté de se demander où sont les maisons. En effet, les rues sont bordées de murs en pisé ou en bambou, qui dérobent entièrement la vue des habitations auxquelles ils servent d’enceinte. Chaque famille a son enclos particulier, la séparant entièrement de ses voisins. Quatre murs, de 3 a 4 mètres de hauteur, recouverts d’un toit de chaume, telle est la maison du Coréen, entourée d’une cour encombrée de bois à brûler, d’instruments aratoires, etc. » Les villes sont environnées d’une muraille crénelée de 8 à 10 mètres, où se retirent souvent les habitants de la campagne avec leurs troupeaux et leur récolte, lorsque le district est envahi par des bandes de pillards que le gouvernement n’a pas toujours la force de repousser. Les Coréens appartiennent, avons-nous dit, à la race mongole, et, par leurs caractères physiques, semblent tenir le milieu entre les Chinois et les Japonais. Leur costume se rapproche de celui des Chinois ; mais ils portent une longue et épaisse chevelure à laquelle ils tiennent extrêmement ; à tel point que, le gouvernement chinois ayant voulu les forcer à se raser la tête, ils soutinrent une guerre désastreuse, plutôt que de se soumettre à cet ordre. Ils sont enclins au mensonge et au vol, et ont des mœurs dépravées. La religion généralement répandue est le bouddhisme. Cependant, dans ces derniers temps, le christianisme a réussi à s’y implanter, et ce sont des missionnaires catholiques qui se chargent de l’y propager.