Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/DUMAS (Alexandre DAVY DE LA PAILLETERIE)

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 4p. 1373).

DUMAS (Alexandre Davy de La Pailleterie), général de division, père de notre romancier, né à Jérémie (Saint-Domingue) en 1762, mort à Villers-Cotterets en 1807. Il était fils naturel du marquis Alexandre Davy de la Pailleterie, riche colon, et d’une négresse. Envoyé par son père à Bordeaux pour y faire ses études, il s’engagea à quatorze ans dans les dragons de la reine, sous le nom de Dumas, qui était celui de sa mère. Les guerres de la Révolution lui fournirent l’occasion de se distinguer et de monter rapidement en grade. À l’ouverture de la campagne de 1792, il entra dans un corps franc, composé en grande partie d’hommes de couleur et commandé par le chevalier de Saint-Georges. Il n’était encore que brigadier lorsque, au camp de Maulde, il tomba dans une embuscade de chasseurs tyroliens, qu’il frappa de terreur par son audace ; il en fit treize prisonniers, qu’il amena au général en chef. Il devint bientôt lieutenant-colonel du régiment dont il faisait partie, général de brigade le 30 juillet 1793, général de division le 13 septembre suivant, puis général en chef de l’armée des Pyrénées-Orientales. Passé peu après à l’armée des Alpes, il enleva le mont Cenis et le Saint-Bernard aux Austro-Piémontais. On lui confia ensuite le commandement de l’armée de l’Ouest ; mais, préférant se battre contre l’étranger à la tête d’une simple division, il alla en Italie servir sous Bonaparte. Employé au siège de Mantoue, il battit Wurmser et l’obligea à se renfermer dans la place. Le général en chef l’envoya dans le Tyrol. Au combat de Brixen, il défendit seul un pont contre un gros de cavalerie, sabra tout ce qui voulut le passer et donna ainsi aux nôtres le temps d’accourir pour reprendre ce passage, qui était de la plus grande importance pour le succès des opérations de l’armée française. Ce trait héroïque le fit surnommer par Bonaparte l’Horatius Coclès du Tyrol. Dumas prit part à la campagne d’Égypte ; mais, contraint de revenir en Europe pour se guérir des nombreuses blessures dont son corps était couvert, il fut retenu deux ans prisonnier à Naples avec Dolomieu. Rendu à la liberté, la vigueur de ses opinions républicaines lui valut la disgrâce du premier consul. Il mourut dans une honorable pauvreté. On le citait pour sa force herculéenne et pour la beauté de sa physionomie, que semblait encore relever son teint de mulâtre.