Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/DUMAS (Matthieu), lieutenant général, député et écrivain militaire français

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Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 4p. 1372).

DUMAS (Matthieu), lieutenant général, député et écrivain militaire français, né à Montpellier en 1753, mort en 1837. Il est un des meilleurs organisateurs et administrateurs militaires qu’aient eus les armées françaises. Entré au service à vingt ans, il fit la guerre d’Amérique en qualité d’aide de camp de Rochambeau, fut chargé, après la paix de 1783, de reconnaître les positions militaires du continent et des îles de la Grèce, remplit une mission délicate auprès des insurgés des Pays-Bas et de la Hollande, devint directeur du dépôt de la guerre, et, en 1789, seconda La Fayette dans l’organisation des gardes nationales du royaume. Lors de l’arrestation de Louis XVI à Varennes, c’est à Matthieu Dumas que l’Assemblée nationale confia le commandement des forces destinées à ramener ce prince à Paris. Promu maréchal de camp, et nommé, peu après, député à l’Assemblée législative, il y fut un des orateurs les plus remarquables de la droite, et ne dut qu’à son caractère de député de ne pas être mis en arrestation après le 10 août 1792. Le comité de surveillance de la Commune, le soupçonnant d’intelligence avec La Fayette, fit une perquisition chez lui et saisit ses papiers ; aussi à l’expiration de son mandat se hâta-t-il de quitter la France. Il y rentra après le 9 thermidor, fut élu au conseil des Anciens, fit partie de la fraction modérée dite de Clichy, et, enveloppé dans la proscription du 18 fructidor, dut regagner la frontière. Le coup d’État du 18 brumaire lui ayant rouvert les portes de la patrie, il organisa à Dijon, en qualité de général de brigade, l’armée de réserve qui devait franchir le mont Saint-Bernard pour triompher à Marengo, entra ensuite au conseil d’État, obtint le grade de général de division en 1805, rendit de grands services dans l’état-major de l’armée pendant la campagne d’Autriche, fut ministre de la guerre de Naples sous le roi Joseph (1806-1808), combattit de nouveau en Autriche en 1809, remplit les importantes fonctions d’intendant général de la grande armée pendant la guerre de Russie (1812), et tomba entre les mains de l’ennemi par suite de la capitulation de Dresde (1813). Redevenu libre à la paix, il s’occupa, sous Louis XVIII, d’apurer la comptabilité de l’armée, et sous Napoléon, pendant les Cent-Jours, de la mobilisation des gardes nationales de l’Empire. La deuxième Restauration le mit à la retraite. En 1818, on fit pourtant appel à sa vieille expérience. Il eut alors une grande part aux travaux de la commission pour la défense générale du royaume ; mais, son indépendance l’ayant fait exclure du conseil d’État en 1822, les Parisiens l’élurent député en 1828.

Le général Dumas est un de ceux qui contribuèrent le plus à l’avènement de Louis-Philippe dans la réunion des 221. Pour la troisième fois il présida à tous les détails de l’organisation des gardes nationales de France. Il rentra au conseil d’État comme président du comité de la guerre et fut élevé à la pairie. Ami de La Fayette, Dumas suivit toujours en politique les traces de cet illustre citoyen, mais avec des convictions moins accusées. On a de lui les ouvrages suivants, qui sont fort estimés : Précis des événements militaires, ou Essai historique sur les campagnes de 1799 à 1814 (Paris, 1816-1826, 19 vol. in-8o et 8 atlas in-fol.), livre, qui, malgré son titre, ne va pas au delà de 1807 ; Histoire de la guerre de la Péninsule et dans le midi de la France, de 1807 à 1814, trad. de l’anglais de Napier, avec des notes du traducteur, pour faire suite au Précis. Il a laissé des Souvenirs, publiés après sa mort par son fils Christian-Léon, général de brigade, ancien aide de camp de Louis-Philippe.