Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/FORBIN (Louis-Nicolas-Philippe-Auguste, comte DE), peintre et archéologue français, membre de l’Académie des beaux-arts (1816)

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 2p. 586).

FORBIN (Louis-Nicolas-Philippe-Auguste, comte de), peintre et archéologue français, membre de l’Académie des beaux-arts (1816), né au château de la Roque-d’Antheron (Bouches-du-Rhône) en 1777, mort en 1841. Il montra, dès sa jeunesse, un goût prononcé pour la peinture, prit des leçons de Boissieu, de Lyon, puis de David, entra au service à l’époque au Directoire, fut quelque temps chambellan de la princesse Pauline Bonaparte (1804), fit les campagnes de Portugal, d’Espagne et d’Autriche, et rentra dans la vie privée avec le grade de lieutenant-colonel, après la paix de 1809. Les arts n’avaient cessé d’occuper ses loisirs ; retiré à Rome, il s’y livra exclusivement. Nommé, à l’époque de la Restauration, directeur des musées royaux, il s’est acquis des droits à la reconnaissance nationale par le zèle éclairé qu’il a déployé jusqu’à sa mort dans cet emploi important. Il réorganisa le musée du Louvre, dépouillé, pendant l’invasion, d’un grand nombre de ses chefs-d’œuvre, l’enrichit de l’Enlèvement des Sabines, des Thermopyles, du Naufrage de la Méduse, etc., créa le musée Charles X, consacré aux antiquités étrusques et égyptiennes, et fonda le musée du Luxembourg, destiné spécialement aux artistes vivants. Pendant les années 1817-1818, le comte de Forbin parcourut aux frais de l’État la Grèce, Constantinople, l’Archipel, la Syrie, l’Égypte, et fit l’acquisition d’un grand nombre de morceaux d’antiquité. Doué d’un esprit vif et enjoué, de beaucoup d’imagination, du désir de plaire, M. de Forbin était extrêmement recherché dans le monde. « Une taille élevée, une tournure élégante et noble, de beaux yeux, des traits réguliers et qui rappelaient les belles têtes du siècle de Louis XV, en faisaient, dit le vicomte Siméon, ce qu’on eût appelé dans l’ancienne cour un gentilhomme accompli. » Parfaitement en cour sous la Restauration, nommé par le roi gentilhomme de la chambre, commandeur de la Légion d’honneur, M. de Forbin conserva, sous le règne de Louis-Philippe, sa place de directeur des musées royaux, avec tous les avantages qui y étaient attachés. Comme peintre, Forbin se distingua dans le paysage ; ses tableaux, dans la plupart desquels les figures ont été peintes par Granet, son ami intime, sont surtout remarquables par l’éclat du coloris, par la puissance des effets de lumière. De 1817 à 1840, il ne cessa d’exposer. Les Salons de 1830 et 1831 furent ceux où il eut le plus de succès. M. de Forbin donnait alors dans les idées romantiques, et son tableau de la Procession de la Ligue partant de Saint-Germain-l’Auxerrois fut très-remarqué au Salon de 1831. Jusqu’en 1835, son talent se soutient ; sa Chapelle dans le Colisée à Rome, aujourd’hui au Louvre, avait été exécutée en 1835 en collaboration de Granet ; elle est très-belle. Dans les dernières années de sa vie, ses tableaux furent tellement mauvais que ses amis cherchèrent, mais inutilement, à le dissuader d’exposer. Parmi ses meilleures œuvres, nous citerons encore : Intérieur d’un ancien monument, dans lequel Gérard a peint une figure (1800) ; l’Éruption du Vésuve, ou la Mort de Pline (1806) ; Inès de Castro (1819) ; Intérieur d’un cloître (1824). On doit au comte de Forbin, comme écrivain, les ouvrages suivants : Voyage dans le Levant (1817, 1818 et 1819, in-fol., avec 80 pl.) ; Souvenirs de la Sicile (1823, in-8o) ; Un mois à Venise (1824-1825, in-fol.) ; le Portefeuille du comte de Forbin, 45 dessins avec texte par M. de Marcellus, son gendre (1843, in-4o). Mme  de Genlis a publié, sous le titre de Tableaux de M. le comte de Forbin, un recueil d’histoires détachées, dont les gravures sont faites d’après des tableaux du comte ; l’une de ces gravures représente la Fin d’Herculanum, d’après un tableau qui est au Louvre, dans une galerie fermée, et qui, on ne sait pourquoi, n’est point porté au catalogue.