Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/FRÉDÉRIC Ier, roi de Prusse, fils du grand électeur Frédéric-Guillaume

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 2p. 796).

FRÉDÉRIC Ier, roi de Prusse, fils du grand électeur Frédéric-Guillaume, né à Koenigsberg en 1657, mort en 1713. À la mort de son père (1688), il annula le testament qui partageait l’électorat et les autres possessions entre lui et ses frères, s’empara de l’autorité en même temps que de tous les États héréditaires et aspira dès lors au titre de roi. Il secourut Guillaume d’Orange lors de l’expédition qui lui donna le trône d’Angleterre, entra en 1691 dans la coalition contre la France, fournit des hommes et de l’argent à l’empereur dans sa guerre contre les Turcs, et obtint, en échange, d’ériger le duché de Prusse en royaume, à des conditions qui donnaient à l’Autriche une sorte de suzeraineté. Frédéric s’engageait, en effet, à voter comme l’empereur dans toutes les affaires concernant l’empire, à ne donner sa voix qu’à un prince autrichien, lors des élections à l’empire, et à entretenir à ses frais un corps de 10,000 hommes tant que durerait la guerre de la succession d’Espagne. Il se fit couronner à Kœnigsberg, avec un faste inouï, en 1701, après avoir institué l’ordre de l’Aigle noir, et se vit reconnu par tous les rois de l’Europe, à l’exception du pape, des rois de France et de Pologne. Frédéric s’abstint de prendre part aux sanglants démêlés de la Suède et de la Russie ; il s’occupa de donner au royaume qu’il venait de fonder des institutions qui pussent le placer au rang des plus grandes puissances ; il augmenta l’étendue de ses États par l’annexion des comtés de Meurs et de Lingen, de la Gueldre, des principautés de Neufchâtel et de Valengin, du comté de Tectlenbourg, etc. Ce prince protégea les sciences, les arts et les lettres. Ce fut sous son règne que l’illustre Leibnitz alla s’établir à Berlin, où il put enseigner librement et où il devint premier président de l’Académie des sciences. Frédéric embellit et agrandit Berlin, fonda Charlottenbourg et institua l’Académie de peinture (1696) et l’Académie des sciences de Berlin (1707). Frédéric le Grand, son petit-fils, lui reprochait son faste, sa prodigalité et les conditions humiliantes auxquelles il se soumit pour obtenir le titre de roi.