Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/FRANÇOIS DE PAULE (saint), fondateur de l’ordre des minimes

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 2p. 771).

FRANÇOIS DE PAULE (saint), fondateur de l’ordre des minimes, né à Paule (Calabre) en 1416, mort au Plessis-lez-Tours en 1507. Il était fils de Jacques Martorello ou Martotillo et de Vienne de Fuscaldo, qui le vouèrent, dès son enfance, à saint François d’Assise. Le jeune Martorello fit avec ses parents de pieux pèlerinages à la chapelle de Sainte-Marie-des-Anges, au tombeau des Apôtres, à Rome, au monastère du Mont-Cassin, et, de retour à Paule, entraîné par son goût pour la vie d’anachorète, il obtint de son père la permission de se retirer dans une grotte des montagnes voisines. Là, dormant sur la terre nue, se nourrissant d’herbes, il partagea son temps entre les méditations et la prière, et acquit bientôt une grande réputation de vertu, qui attira auprès de lui plusieurs personnes dégoûtées des vanités du siècle et avides d’austérités.

Ces ermites construisirent un oratoire qui devint comme le berceau de l’ordre que François fonda en 1436, et bientôt l’accroissement que prit la communauté obligea de bâtir au même lieu, près de la mer, un monastère et une église. L’ordre fut approuvé en 1474, par le pape Sixte IV, sous la dénomination Ermites de Saint François d’Assise ; mais, par humilité, François de Paule donna à ses religieux le nom de frères minimes. La renommée du pieux cénobite se répandit en France. Louis XI, alors gravement malade au château du Plessis-lez-Tours, invita celui qu’il appelait le saint homme à se rendre auprès de lui, espérant recouvrer la santé par son intercession. François de Paule consentit, sur les instances réitérées du monarque, à passer en France. Lorsqu’il arriva au Plessis-lez-Tours, Louis XI se jeta à ses pieds en lui disant : « Saint homme, guérissez-moi, je vous supplie. — Dieu ne m’a pas donné un tel pouvoir, répondit le religieux ; je n’ai à vous offrir que les ferventes prières d’un humble serviteur de Dieu. » Louis XI mourut dans les bras du saint homme, qui ne cessa de lui prodiguer les pieuses exhortations. Après la mort du roi, Charles VIII autorisa François de Paule à établir un couvent de son ordre au Plessis-lez-Tours. Dans la suite, le religieux italien fonda d’autres monastères à Amboise et dans divers lieux de la France, et vit son ordre se répandre en même temps en Italie, en Espagne et en Allemagne. François de Paule n’était ni clerc ni lettré. Il était complètement dénué d’instruction, mais il y suppléait par un jugement plein de droiture et par l’élévation de ses sentiments. Il fut canonisé par Léon X en 1510, et l’Église l’honore le 2 avril. Les courtisans de Louis XI désignaient ordinairement saint François sous le nom de bon homme. Cette dénomination passa à ses religieux, qu’on appela indifféremment bons hommes ou frères minimes.

— Iconogr. Le musée de Madrid a trois tableaux de Murillo représentant saint François de Paule : l’un d’eux nous montre le saint, vêtu de l’habit religieux, appuyé d’une main sur un bâton et désignant de l’autre main le mot charitas, qui apparaît dans le ciel au milieu d’une auréole ; la tête respire la bonté et l’amour divin. D’autres figures du. même saint ont été peintes par Crespi (pinacothèque de Bologne), Bernardo Castello (église des Servites, à Gênes), le Monrealese (cathédrale de Palerme), etc.

Les principaux traits de la vie de saint François de Paule ont été retracés en soixante-quatre planches qui accompagnent une biographie du saint, publiée à Naples par Ottaviano Verro, et dans une suite de vingt et une estampes contenant soixante-seize sujets gravés au XVIIe siècle par F. Campion.

L. Pasinelli a peint Saint François de Paule ressuscitant un mort (gravé par Giovannini) ; Gius. Passeri, Saint François de Paule rendant la vue d’un aveugle de naissance (musée de Dijon) ; Fr. Fayet, Saint François de Paule guérissant un possédé (musée de Toulouse) ; Ubaldo Gandolfi, une Vision de saint François de Paule (pinacothèque de Bologne). Diverses figures du même saint ont été gravées par Mac Ardell, d’après Murillo ; Charles Audran, d’après C. Mellin ; Bazin, d’après D. Feti ; G. Benedetti, d’après l’Albane ; Schelte Bolswert, Jean Boulanger, d’après S. Vouet ; le même J. Boulanger, d’après Cl. Mellan ; P. Campana, d’après S. Conca ; Aug. Carrache, J. David, d’après R. Picou ; Michel Lasne, d’après Rubens ; Nic. Lanwers, B. Manini, C. Mogalli, d’après B. Strudel ; Muratori, d’après L. Pasinelli, etc.