Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/FRANÇOIS II (Marie-Léopold), ex-roi des Deux-Siciles

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 2p. 775).

FRANÇOIS II (Marie-Léopold), ex-roi des Deux-Siciles, né le 16 janvier 1836. Il est fils du feu roi Ferdinand II et de sa première femme, Christine de Savoie, fille de Victor-Emmanuel Ier, roi de Sardaigne. N’étant encore que duc de Calabre, il fut marié, le 3 février 1859, à la princesse Marie-Sophie de Bavière. Lorsque, quelques mois plus tard (22 mai 1859), il succéda à son père, l’attente de ses sujets, les circonstances favorables, les encouragements de la France, de l’Angleterre et du Piémont, tout, en un mot, poussait le jeune roi à accomplir l’œuvre réparatrice qui semblait être la mission de ce règne. Mais, loin d’adopter une politique libérale, François II, timide, mal élevé, inexpérimenté, mal entouré et plus mal servi, ne fit que continuer le triste règne de son père. Il n’y eut de changé à Naples que le nom du roi.

Dominé par la seconde femme de son père, princesse autrichienne, par son confesseur fanatique, Mgr  Gallo, par la jeune reine, qui contribua à la perte de sa royauté pour des intérêts qui n’avaient rien de national, entouré de prêtres et de gentilshommes nourris d’idées d’absolutisme et de servilité, défiant et soupçonneux, François II passa son règne de dix-huit mois dans l’irrésolution et l’incertitude. Opposé à toute idée de réforme et de liberté, il remit en vigueur, malgré les représentations de la France et de l’Angleterre, l’odieux système de terreur et d’espionnage employé par son père, et les amis de la liberté n’eurent bientôt plus qu’un planche de salut, l’insurrection. Le 29 mai 1859, il repousse l’alliance du Piémont ; le 29 septembre, il fait arrêter les hommes les plus éminents de Naples ; à la fin de 1859, il fait concentrer un corps d’armée dans les Abruzzes, pour donner la main à l’Autriche en cas de guerre ; en janvier 1860, il repousse de nouvelles offres du Piémont ; trois mois après, nouveau refus à M. de Cavour, qui lui proposait de s’emparer des Marches, tandis que le Piémont aurait pris Ancône ; en mars 1860, nouvelles arrestations : telles furent les fautes dont François II doit partager la responsabilité avec son premier ministre, le général Filangiori. Au printemps de 1860 éclata en Sicile une insurrection qui ne fut étouffée que par une cruelle répression. Mais bientôt apparut Garibaldi, et les choses changèrent de face. Un mois après, il n’y avait plus que la citadelle de Messine qui restât au pouvoir de François II. La main forcée, pour ainsi dire, le roi se décida, comme son père (1818) en pareille occurrence, à donner une constitution (25 juin 1860), et à appeler M. Spinelli au ministère. En même temps il fit faire au Piémont toutes les propositions qu’il avait rejetées précédemment. Sans mettre en doute la nécessité de cette conversion de la peur, M. de Cavour demanda à réfléchir jusqu’au moment où le parlement napolitain se réunirait. Pendant ce temps, le 15 juillet, les soldats de la garde royale de François II simulaient une émeute absolutiste ; le 8 août 1860, Garibaldi passait le détroit, débarquait sans résistance au cap dell’Armi, en Calabre, et se dirigeait vers Naples, plutôt en triomphateur qu’en envahisseur ; le 27 août, François II réclamait vainement la protection des escadres française et anglaise. Il demandait des conseils, et son oncle, le comte de Syracuse, lui proposait d’abdiquer en faveur de Victor-Emmanuel ; le 6 septembre, il quittait Naples, en protestant contre la prise de possession de ses États, pour aller se réfugier à Gaëte, où il allait illustrer d’un dernier reflet de virilité inattendue un règne expirant. Après une courageuse défense, il signe la capitulation de Gaëte, le 13 février 1861, et arrive à Rome le 15 février. Sa protestation contre l’adoption du titre de roi d’Italie par Victor-Emmanuel est datée de Rome, 5 avril 1861. Depuis, son rôle politique s’est borné à fomenter le trouble et le brigandage dans les provinces napolitaines.