Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/France (Précis de l’histoire de)
France (Précis de l’histoire de), par MM. Cayx et Poirson (1852, 3e édit., 2 vol. in-8º). Cet estimable et consciencieux ouvrage n’est pas le fruit d’une collaboration, dans le sens ordinaire du mot. M. Cayx, recteur de l’académie de Paris, a rédigé le premier volume, Histoire du moyen âge en France jusqu’à Charles VII, et M. Poirson, proviseur du lycée Charlemagne, l’Histoire moderne jusqu’à Henri IV, qui forme le second velume. C’est le vigoureux livre de M. Michelet, Précis de l’histoire du moyen âge en Europe, ouvrage à la fois si plein et si concis, où rien d’important n’est oublié, où les faits saillants ont tant de relief, malgré la rapidité de la narration, qui a servi de modèle à tous ces résumés, destinés aux études classiques, et parmi lesquels celui de MM. Cayx et Poirson tient un rang honorable. Il présente, sous une forme brève, et cependant avec des développements suffisants, le résultat des nombreux travaux de l’érudition moderne sur l’histoire de France ; il résume à la fois les grands ouvrages qui embrassent l’ensemble de nos annales, comme celui de Sismondi, et les études si savantes d’Augustin Thierry, de Guizot, de de Barante, de Naudet et de Raynouard sur des époques distinctes et quelques points partiels.
Travaillant surtout en vue des études universitaires, les auteurs n’ont cherché qu’à être aussi clairs et aussi complets que possible. Pour des élèves de rhétorique, à qui ce livre est spécialement destiné, l’étude des institutions politiques, des réformes sociales, du développement des libertés, passe nécessairement après ce qui fait le fond de l’histoire proprement dite, c’est-à-dire l’histoire de la royauté, des guerres, de la défense ou de l’extension du territoire, des traités, des alliances. Cependant, il faut rendre cette justice aux auteurs du Précis de l’histoire de France, qu’ils se sont appliqués à insérer, soit dans la trame même de leur narration, soit dans des chapitres à part, écrits avec goût, des considérations judicieuses sur les mœurs, les lois, la religion, les sciences, les lettres, les beaux-arts.
Ce précis est écrit, comme on doit s’y attendre d’un livre universitaire, au point de vue monarchique et religieux. MM. Cayx et Poirson ne cachent pas leurs sympathies « pour cette ancienne monarchie qui a donné au pays son existence et son indépendance de, quatorze siècles, son unité et son étendue territoriale, sa double enceinte de places fortes, son importance en Europe, les éléments de sa législation, sa littérature, ses beaux-arts à deux époques différentes. » En religion, ils sont gallicans plutôt qu’ultramontains, et, malgré leur tendance générale à la tolérance, traitent la Réforme avec une grande sévérité. Le chapitre que M. Poirson a consacré à l’histoire des commencements de la Réforme en France, très-complet, abondant en détails, et même un peu hors de proportions avec le reste de l’ouvrage, mérite d’être lu, comme exposition judicieuse des faits et des doctrines. Le règne de Henri IV, qui termine l’ouvrage, occupe environ la moitié du second volume et présente, non plus seulement un résumé, mais une histoire complète de la France et de ses institutions sous ce prince.