Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/GIREY-DUPRÉ (Joseph-Marie), publiciste

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 4p. 1274).

GIREY-DUPRÉ (Joseph-Marie), publiciste, né à Paris en 1769, mort en 1793. Lorsque la Révolution éclata, il accueillit avec enthousiasme l’aurore de notre régénération politique, célébra la liberté dans des poésies qui eurent du succès, et fut nommé, par l’influence de Chamfort, sous-inspecteur des manuscrits de la Bibliothèque royale. Bientôt après, Girey-Dupré entra en relations avec Brissot, qui l’associa à la rédaction du Patriote français. Le jeune publiciste se fit de nombreux ennemis en s’élevant avec une grande énergie contre l’anarchie et la Terreur et en demandant vengeance des massacres de septembre. Enveloppé dans la proscription des girondins, le 31 mai 1793, il se réfugia à Bordeaux, fut arrêté, ramené à Paris et traduit devant le tribunal révolutionnaire. Interrogé sur ses relations avec Brissot, il répondit courageusement : « Le même amour pour la République nous rapprocha. Nos cœurs, tout à la patrie, n’eurent jamais que ce noble sentiment. Brissot vécut comme Aristide, il mourut comme Sidney. J’ai été son ami ; sa mémoire me sera toujours chère. Si je partage le sort de ce martyr de la liberté, je ne serai point indigne et de sa noble vie et de sa mort glorieuse. » Condamné à la peine de mort, il chanta, en marchant à l’échafaud, un hymne qu’il avait composé dans sa prison avec le jeune Bois-Guyon et qui commençait par ces vers :

Veillons au salut de l’empire,
Veillons au maintien de nos droits,
Si le despotisme conspire,
Conspirons la perte des rois !
         La liberté, etc.

Avant de poser sa tête sur l’instrument du supplice, Girey-Dupré poussa à trois reprises le cri de Vive la République ! Ce courageux jeune homme était à peine âgé de vingt-cinq ans.