Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/GUISE, ville de France (Aisne)

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 4p. 1637).

GUISE, ville de France (Aisne), ch.-l. de cant., arrond. et à 23 kilom. de Vervins, sur l’Oise ; pop. aggl., 5,099 hab. — pop. tot., 5,289 hab. Place de guerre de 3e classe. Carrières de grès, eaux ferrugineuses, fonderies de fer et de cuivre, tanneries, corroieries, fabriques de sucre et de châles ; filature et tissage de coton. Le château, bâti sur une hauteur escarpée qui domine la ville, date du XVIe siècle ; il offre de beaux souterrains. On remarque à Guise un familistère pour 400 familles : c’est un immense édifice, qui a l’aspect d’un palais. Patrie de Camille Desmoulins.

Guise, fondée au IXe siècle, était la capitale de la Thiérache. Elle fut d’abord érigée en comté. Ce comté faisait partie des domaines de la maison de Châtillon ; il entra dans la maison de Lorraine, en 1333, par le mariage de Raoul, duc de Lorraine, avec Marie de Châtillon, fille de Gui, comte de Blois, et de Marguerite de Valois. René II, duc de Lorraine, comte de Vaudemont, de Guise, d’Aumale, d’Harcourt, etc., issu de ce Raoul au cinquième degré, eut pour fils puîné Claude de Lorraine, qui est le fondateur de la maison de Guise. Celui-ci se fit naturaliser en France, servit avec distinction sous François Ier, et obtint en récompense, en 1527, l’érection du comté de Guise en duché-pairie. Il mourut en 1550, ayant eu d’Antoinette de Bourbon, sa femme, fille de François, comte de Vendôme, et de Marie de Luxembourg : 1° François, dont on va parler ; 2° Charles, dit le cardinal de Lorraine, archevêque et duc de Reims ; 3° Claude, auteur de la branche des ducs d’Aumale ; 4° Louis, dit le cardinal de Guise, archevêque de Sens ; 5° François, grand prieur et général des galères de France ; 6° René, auteur de la branche des ducs d’Elbeuf ; 7° plusieurs filles, dont l’aînée, Marie, veuve de Louis d’Orléans, duc de Longueville, épousa Jacques V Stuart, roi d’Écosse, et devint la mère de l’infortunée Marie Stuart. François de Lorraine, duc de Guise et d’Aumale, prince de Joinville, marquis de Mayenne, ministre et lieutenant général du royaume, mort en 1563, des blessures qu’il avait reçues devant Orléans, avait épousé Anne d’Este, fille d’Hercule II d’Este, duc de Ferrare. Il en eut : Henri, qui a continué la filiation ; Charles, duc de Mayenne, auteur de la branche qui porte ce nom, et Louis, cardinal de Guise. Henri Ier de Lorraine, dit le Balafré, duc de Guise, prince de Joinville, etc., général des armées de France, assassiné à Blois, en 1588, laissa de Catherine de Clèves, entre autres enfants : Charles, qui a continué la filiation ; Louis de Lorraine, cardinal de Guise, archevêque de Reims, et Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, mort en 1657, sans avoir eu d’enfants mâles de sa femme Marie de Rohan, veuve du connétable de Luynes. Charles de Lorraine, duc de Guise, de Joyeuse, etc, fils aîné de Henri Ier, épousa, en 1611, Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse, comtesse du Bouchage, veuve de Henri de Bourbon, duc de Montpensier, dont vinrent, entre autres, Henri II de Lorraine, duc de Guise, mort sans alliance en 1664, et Louis de Lorraine, duc de Joyeuse et d’Angoulême, colonel général de la cavalerie légère, dont le fils, Louis-Joseph, duc de Joyeuse et d’Angoulême, devint duc de Guise à la mort du duc Henri II, son oncle. Louis-Joseph, duc de Guise, épousa, en 1667, Élisabeth d’Orléans, duchesse d’Alençon, fille puînée de Gaston-Jean-Baptiste, duc d’Orléans, et de Marguerite de Lorraine, et mourut en 1671, ne laissant qu’un fils, mort à l’âge de cinq ans, avec lequel s’éteignit la maison de Guise. Le rameau des comtes d’Harcourt, issu de la branche des ducs d’Elbeuf, a relevé le nom de Guise, en faisant ériger en comté, par le duc de Lorraine, en 1718, sous le nom de Guise-sur-Moselle, quelques terres que ce rameau avait acquises en Lorraine. Mais cette nouvelle maison de Guise, formée pur Anne-Marie-Joseph de Lorraine, comte d’Harcourt, s’est éteinte, dès la premier degré, en la personne de Louis-Marie-Léopold de Lorraine, prince de Guise, colonel d’un régiment d’infanterie française, tué en Italie, en 1747, sans avoir été marié.

En septembre 1870, pendant la guerre avec la Prusse, la place de Guise fut évacuée par ordre du ministre de la guerre, et l’ennemi l’occupa sans coup férir le 4 janvier de l’année suivante.