Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/GUISE (Henri Ier DE LORRAINE, duc DE), dit le Balafré, fils de François de Lorraine

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 4p. 1638).

GUISE (Henri Ier DE LORRAINE, duc DE), dit le Balafré, fils de François de Lorraine, né en 1550, assassiné à Blois en 1588. Il hérita de l’influence de son père sur le parti catholique, se signala contre les protestants à Jarnac et à Moncontour (1560), et dirigea le massacre de la Saint-Barthélémy, pendant lequel il joua un rôle actif. Ce fut lui qui conduisit les assassins à la demeure de l’amiral de Coligny. Il attendit dans la cour jusqu’à ce qu’on eût jeté le cadavre à ses pieds. En 1575, dans un combat contre les huguenots, à Dormans, il fut blessé au visage d’un coup de feu, et reçut, dès lors, ce surnom de Balafré sous lequel il devint si populaire. L’année suivante, il contribua à la formation de la sainte Ligue, dont le but apparent était la défense de la religion catholique, mais dont il comptait se faire un instrument pour arriver au trône. Les Guises prétendaient, en effet, descendre directement de Charlemagne par Lother, duc de Lorraine, et considéraient les capétiens comme usurpateurs. Cette thèse se trouve développée dans quelques pamphlets du temps, et surtout dans un mémoire adressé à Grégoire XIII, et trouvé dans les papiers d’un avocat de la Ligue mort à Lyon. C’est surtout après la mort du duc d’Anjou (1584), événement qui promettait le trône à un calviniste, à Henri de Navarre, que le duc de Guise, soutenu par la puissante association catholique, dissimula à peine ses projets. Fort de l’appui du pape et de l’or de l’Espagne, il se trouva en état de lutter contre Henri III lui-même, devenu un objet de mépris pour les protestants et pour les catholiques, à cause de ses continuelles irrésolutions. Après avoir soulevé la Champagne et la Picardie, et battu à Vimory et à Auneau (1587) les protestants allemands accourus au secours de leurs coreligionnaires de France, Guise entre en triomphe à Paris, malgré la défense expresse du roi, voit le peuple se soulever en sa faveur dans la fameuse journée des Barricades (12 mai 1588), et assiéger Henri III dans son Louvre ; mais l’audace faillit à son ambition, et il n’osa se saisir de cette couronne qu’il convoitait avec tant d’ardeur et qu’un peuple enthousiaste lui offrait. Maître de Paris, pendant que Henri s’en échappait, il négocia au lieu d’agir, et se contenta du titre de lieutenant général du royaume, espérant ressaisir une occasion qui ne renaîtra jamais pour lui. Quelques mois plus lard, il fut assassiné aux états de Blois, par ordre du roi, et dans les appartements mêmes du château (1588). Jusqu'à la fin, il avait méprisé les avis secrets qu’on lui avait fait parvenir sur les projets meurtriers de la cour. « On n’oserait ! » disait-il ; et il alla lui-même au-devant des assassins avec une sécurité insouciante, où il y avait encore plus d’ostentation que de véritable grandeur. « Plus d’orgueil que d’audace, plus de présomption que de génie, plus de mépris pour le roi que d’ardeur pour la royauté, voilà ce qui apparaît dans la conduite du duc de Guise. Il intriguait à cheval comme Catherine dans son lit... Il avait toute une religion et toute une nation derrière lui, et des coups de poignard firent le dénoûment d’une tragédie qui semblait devoir finir par des batailles, la chute d’un trône et le changement d’une race. • (Chateaubriand.)

Guise (l’assassinat du duc de), tableau de Paul Delaroche, V. assassinat.