Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Henri ii (roi de france)

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 188).

HENRI II, roi de France, fils de François Ier et de Claude de France, né à Saint-Germain-en-Laye, en 1518. Il épousa, en 1533, Catherine de Médicis, et il monta sur le trône en 1547. D’un naturel assez débonnaire et d’un esprit lourd et paresseux, il paraissait, dit Beaucaire, né pour être gouverné, non pour gouverner. Son règne fut, en effet, celui des favoris : le connétable de Montmorency, les Guises, le maréchal de Saint-André, et surtout la fameuse Diane de Poitiers, tels étaient, en réalité, les véritables rois de la France. Passionné pour tous les exercices du corps, Henri II n’eut pas plus tôt déposé son père dans les caveaux de Saint-Denis qu’il se hâta d’autoriser le duel en champ clos de son favori La Châtaigneraye contre Jarnac, que le feu roi n’avait jamais voulu permettre. Les lices furent ouvertes à Saint-Germain, avec une solennité pompeuse et le cérémonial d’un autre âge, et ce combat fameux eut lieu en présence du roi, de toute la cour et d’une partie de la noblesse de France (v. Jarnac). Des persécutions contre les protestants, un soulèvement en Guyenne étouffé dans le sang par le connétable (1548), une guerre contre Angleterre, une expédition en Écosse, le rachat de Boulogne, que les Anglais abandonnèrent moyennant 400, 000 écus (1549) ; des négociations avec les protestants d’Allemagne (pendant que, par une contradiction assez fréquente, on écrasait ceux de la France), la guerre contre Charles-Quint, en Italie et en Allemagne ; la reprise de Toul, de Metz et de Verdun (1552), chefs-lieux des trois évêchés, restés depuis à la France ; la belle défense de Metz par François de Guise contre l’empereur en personne (1553), le ravage de la Picardie par les impériaux, des revers en Italie, l’expédition malheureuse de Guise contre Naples, la désastreuse bataille de Saint-Quentin, perdue par Montmorency contre Emmanuel-Philibert de Savoie (1557); la prise de Calais (que les Anglais possédaient depuis deux cent dix ans) par le duc de Guise, la perte de la bataille de Gravelines par le maréchal de Termes (1558), enfin la honteuse paix de Cateau-Cambrésis (1559) après tant de désastres à peine compensés par quelques succès brillants : tels furent les principaux événements du règne de Henri II, qui fut mortellement blessé dans un tournoi, donné rue Saint-Antoine à l’occasion du mariage de sa sœur Marguerite avec le duc de Savoie (v. Montgomery), et qui expira quelques jours après (10 juillet 1559). Ce règne fut encore signalé par les dilapidations énormes des favoris, par les intrigues et par l’insatiable avidité de la maîtresse du roi, Diane de Poitiers, créée duchesse de Valentinois, par l’augmentation de la dette publique et des impôts, par les cruels édits de Châteaubriant (1551) et d’Écouen (1553), qui prononçaient la peine de mort contre les réformés surpris dans l’exercice de leur culte, par les mesures sévères prises contre l’imprimerie et contre la publication des livres, par les auto-da-fé dont on donna l’horrible spectacle dans les grandes villes, et qui préparèrent les guerres de religion, par les empiétements de l’autorité royale sur les parlements et par des tentatives pour l’établissement de l’inquisition.