Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN, duc d’Alençon

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 932-933).

JEAN, duc d’Alençon, né à Argentan en 1407, mort à Paris en 1476. Il était fils de Jean, duc d’Alençon, tué à la bataille d’Azincourt (1415). En 1423, il fut nommé membre du conseil du roi et devint parrain du dauphin Louis, qui fut plus tard Louis XI. L’année suivante, il se conduisit vaillamment à la bataille de Verneuil, où, gravement blessé, il tomba entre les mains des Anglais, qui ne le rendirent à la liberté qu’en échange d’une rançon de 200,000 saluts d’or (1427), De retour en France, il se rendit auprès de Charles VII, se trouva à Chinon lorsque Jeanne Darc vint faire part au roi de la mission qu’elle voulait accomplir, et conçut aussitôt une vive sympathie pour la jeune héroïne, qui, de son côté, lui témoigna une préférence marquée. Après la délivrance d’Orléans, le duc d’Alençon fut nommé lieutenant général du roi. De concert avec la Pucelle, il ouvrit la campagne, et, après une série de succès contre les Anglais, il conduisit Charles VII à Reims, l’y arma chevalier et l’assista comme pair lors de la cérémonie du sacre. Pendant que le roi et ses principaux conseillers ne songeaient qu’à faire la paix, le duc d’Alençon voulait, au contraire, poursuivre l’ennemi, et, malgré la cour, il fit avec la Pucella la campagne de Picardie. Tombé en disgrâce et remplacé, comme lieutenant général, par le duc de Vendôme (1430), le duc d’Alençon se retira dans sa vicomté de Beaumont. Bientôt après, ayant vainement réclamé à Jean VI, duc de Bretagne, une créance due par celui-ci, il arrêta le chancelier du duc, Jean Malétroit, évêque de Nantes, qui venait d’une ambassade auprès du roi de France, s’empara de ses bagages et le fit jeter en prison dans le château fort de Pouancé. Assiégé dans cette place, en janvier 1432, par le connétable Arthus de Richemont, le duc d’Alençon se vit contraint de capituler et de payer à l’évêque une indemnité de 10,000 livres de Bretagne, plus 2,000 écus d’or. Il entra plus tard dans la ligue appelée la Praguerie, que Charles VII parvint à étouffer (1440), reprit les armes contre les Anglais en 1449, et ne les déposa qu’après que la Normandie eut été placée sous la domination de Charles VII. £1 revint alors à Alençon ; mais, profondément irrité de voir que le roi ne lui donnait aucune grande charge en récompense de ses services, il s’allia avec ceux qu’il avait toujours combattus jusque-là, se rapprocha du duo de Bourgogne et promit son concours au duc d’York pour une expédition projetée par ce prince contre la France. Malheureusement pour lui, le plan de cette expédition tomba entre les mains du bailli de Rouen, qui le transmit au roi (1456). Arrêté aussitôt à Paris, le duc d’Alençon fut traduit devant la cour des pairs et condamné à la peine capitale pour crime de haute trahison (1458). Néanmoins, la sentence ne fut pas exécutée, et on enferma le duc au château de Loches, où il se trouvait lors de l’avènement de Louis XI (1461). Rendu à la liberté par ce souverain, il ne conspira pas moins contre lui, fut de nouveau arrêté (1473), de nouveau condamné à mort (1474), et enfermé dans la prison du Louvre, d’où il sortit en 1476, brisé par l’âge et la maladie, pour mourir bientôt après.