Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN-BAPTISTE (saint), fils du prêtre juif Zacharie et d’Élisabeth

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 927-929).

JEAN-BAPTISTE (saint), fils du prêtre juif Zacharie et d’Élisabeth, né quelques mois avant Jésus, dont il devait être le précurseur et qu’il devait annoncer comme étant le Messie, Nous ne connaissons sa vie que par les Evangiles, et voici les principaux faits qu’on y trouve rapportés. Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y eut un prêtre juif nommé Zacharie, dont la femme, Elisabeth, descendait des JEAN

filles d’Aaron. Ils étaient arrivés l’un et l’autre à un âge assez avancé, et ils n’avaient pas d’enfants. Un jour que Zacharie remplissait dans le temple les fonctions de son ministère, un ange lui apparut et lui annonça qu’Elisabeth allait bientôt devenir mère d’un fils qui devait être nommé Jean. Zacharie ayant paru douter de la réalisation de ces paroles de l’ange, celui-ci lui déclara qu’à partir de ce moment il allait devenir muet, et qu’il ne recouvrerait l’usage de sa langue qu’après la naissance de son fils. Cependant Elisabeth devint enceinte, et elle alla se cacher pendant plusieurs mois. Au sixième mois de sa grossesse, elle reçut la visite de Marie, " sa parente, qui elle-même portait déjà dans son sein 1 enfant miraculeux qu’elle avait conçu par l’opération du Saint-Esprit. Dès que Marie l’eut saluée, Elisabeth sentit tressaillir le fruit de ses entraillep, et l’Église a depuis expliqué ce tressaillement en disant qu à ce moment même l’enfant qui devait être nommé Jean fut purifié du péché originel par la présence du Sauveur, que Marie portait dans ses flancs : ainsi Jean n’avait pas été conçu sans péché, mais il vint au monde purifié, et de tous les enfants des hommes, il est le seul à qui l’Église ait formellement reconnu ce privilège, bien que

quelques théologiens enseignent que !e même avantage fut accordé au prophète Jérémie. L’Évangile ne nous apprend rien sur les premières années de Jean ; mais, dès qu’il fut sorti de l’enfance, Jean se retira dans le désert, pour y prêcher le baptême da la pénitence, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, n’ayant pour vêtement qu’une peau de chameau. Ses prédications produisirent un effet extraordinaire ; un gjrand nombre de Juifs venaient à lui pour 1 entendre et pour se faire baptiser dans les eaux du Jourdain. On le prit même pour le Messie, et sur la question qu’on lui adressa pour savoir s’il était le Christ, il répondit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ; je baptise dans l’eau, mais il y en a un au milieu de vous, que vous ne connaissez point, et je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers. » Jésus lui-mèine vint de la Galilée pour se faire baptiser par Jean, qui refusa d’abord en disant : « C^JSt moi plutôt qui dois être baptisé par vous. » Mais comme Jésus insistait, Jean consentit enfin à le baptiser, et c’est alors qu’on entendit du ciel une voix qui disait : t Voici mon fils bien-aimé en qui j ai mis toutes mes complaisances. >

Puisque Jean venait de reconnaître Jésus pour le Messie, il semble qu’il aurait dû cesser dès lors ses prédications, et qu’il aurait dû dire à ses disciples : Ce n’est plus moi qu’il faut suivre, ce ne sont plus mes paroles qu’il faut entendre, mais celles du Christ, de celui que j’ai proclamé moi-même l’agneau de Dieu, et par qui seul peuvent être effacés les péchés du monde. Cependant, il continua longtemps encore de prêcher dans le désert, jusqu’à ce que, n’ayant pas craint de critiquer hautement la conduite d’Hérode, parce qu’il vivait publiquement avec Hèrodiade, la femme de son frère, il fut arrêté et conduit en prison, par ordre d’Hérode. Celuici voulait même le faire mourir, mais il était retenu par la crainte du peuple, fui regardait Jean comme un prophète. Mais le jour où l’on célébrait au palais l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la tille d’Hérodiade dansa devant ce prince et le charma tellement par sa beauté, par l’élégance voluptueuse de ses mouvements, qu’il promit par serment de lui donner tout ce qu’elle lui demanderait. Or la fille d’Hérodiade, instruite d’avance par sa mère, demanda qu’on lui apportât dans un bassin la tête de Jean-Baptiste. Cette demande contrista Hérode ; cependant il n’osa pas manquer à sa promesse, et il donna l’ordre que la tête de Jean fût coupée dans la prison, mise dans un bassin et présentée à la jeune fille, qui la porta à sa mère.

Tel est le récit des Évangiles ; nous n’avons fait que l’abréger un peu, et nous n’avons pu le contrôler par d’autres récits, puisque aucun historien ne parle de Jean-Baptiste, si ce n’est Josèphe, qui se borne à dire que ce fut un homme de mœurs austè-" res, et qu’il prêcha avec force contre les vices de son temps.

Placé sur les confins du mosaïsme et du christianisme, Jean a été comme le trait d’union de l’un et de l’autre, supérieur au premier, inférieur au second. Le dernier des prophètes, il n’en fut pas moins le plus énergtilUe, le plus ardent et le plus pur de tous. Dans son pressentiment instinctif des nécessités et des besoins de son époque, il eut presque l’intuition de ce qui se passeruit après lui ; et c’est pourquoi, renonçant à la vie de famille et à tout bien-être matériel, il s’exerça à la pratique des mortifications qu’il devait prêcher un jour. À l’exemple de tous les hommes véritablement influents sur les multitudes, il commença pur faire, puis il enseigna.

Il quitta donc la société ; car le meilleur moyen de ne pas se laisser asphyxier par une atmosphère pestilentielle, c’est de ne pas vivre dans son milieu. Il se retira dans un désert, dont la situation n’est pas bien connue. Là, seul avec lui-même, avec ses vagues aspirations, avec la nature, il mena la vie la plus dure. Des pays d’alentour, les foules accouraient vers lui ; et sa vie austère

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faisait une telle impression sur elles, qu’il passait à leurs yeux pour le véritable Messie. Le purisme austère de Jean fut supérieur à celui de Jésus. Le fils de Zacharie n’alla jamais à des noces ; on ne le vit jamais manger tranquillement avec les pharisiens, les publicains et les grands ; il n’eut point à sa suite des femmes belles et riches ; et îe château de Béthanie ne fut jamais i luminé en sou honneur. Jésus fut plus homme du monde ; il ndinettuit auprès de lui Marie-Madeleine, de qui sept démons étaient sortis ; et par deux fois, cette femme aux passions ardentes vint arroser les pieds du Sauveur de ses larmes et les essuyer avec ses longs cheveux. Aussi bien Jésus le proclamait hautement en présence de ses ennemis : « Jean est venu ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : ■ Il est possédé du démon, à Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : « C’est un homme insatiable et udonnè au ■ vin, ami des publicains et des pécheurs. >

L’austérité que Jean fit paraître dans sa vie extérieure, personnelle, il la montra aussi sévèrement dans sa prédication. Les anathèmesqu’il proférait en plein vent sont empreints d’une énergie audacieuse. Il prêcha contre les saducéens de son époque, contre ceux qui n’espéraient et ne voyaient rien au delà, des horizons terrestres ; il traita les hommes du jour de race de vipères ; il reprocha aux pharisiens leurs mœurs dissolues, leur orgueil et leur hypocrisie ; il s’éleva contre les publicains concussionnaires et n’oublia point de faire aussi la leçon aux soldats romains avides de pillage, insolents et sans pudeur. Et l’on ne s’étonne plus si Tertûllien, dans son langage africain, a écrit que le Précurseur • vociférait dans la solitude, votiferabatur in solitudine ; « c’est-à-dire que, selon notre manière de parler, il y eut dans Jean-Baptiste la voix du tribun et de l’énergumène : « Vox clamantis. à II y eut ansM dans sa morale quelque chose qui sentait l’égalitaire, car il disait : • Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n’en a point, et que celui qui a de la nourriture fasse de mèine. •

Jean et Jésus furent contemporains, et, à quelques mois près, du même âge, selon le texte de saint Luc : • Et l’ange dit à Marie : Voilà qu’Elisabeth, ta parente, a conçu un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de sa grossesse. > Peut-on conclure de tetta qualité d’ainé, que Jean fut le maître de Jésus, et que Jésus fut son disciple ? Nous ne le pensons pas.

Pour résoudre cette question, il faudrait affirmer avant tout que les deux cousins vécurent ensemble, qu’ils s’entendirent, et, de concert, se distribuèrent les rôles. Or, sur ce point, les opinions sont partagées, et les raisons affluent de part et d’autre. Les uns, s’appuyant sur le texte des Évangiles, qui séparent Jean et Jésus dès leur plus tendre enfance, les font vivre, celui-là dans le désert de la Judée, celui-ci à Nazareth dans la ' boutique d’un charpentier. De plus, l’historien sacré fait entrevoir qu’ils ne se connaissaient point avant de se rencontrer sur les bords du Jourdain, puisque Jean dit : « J’ai vu l’Esprit descendant du ciel comme une colombe et se reposant sur lui, et je ne le connaissais point, s

Les autres prétendent qu’il ne faut pas trop prendre à la lettre ia parole de l’évangéliste ; que, puisque les deux cousines, Mûrie et Elisabeth, se visitèrent avant la naissance de leurs tiis, elles durent se visiter dans la suite ; qu’il n’y a pas de raison pour supposer le contraire. Il est très-probable, disentils, que dès le berceau, Jean et Jésus vécurent ensemble, voisins l’un de l’autre ; et cette opinion est conforme à la tradition ; les peintres catholiques ne manquent jamais, quand ils représentent la sainte Famiile, d y faire figurer Marie, Elisabeth et les deux enfants. En supposant que Zacharie ne se fût point rapproché de la demeure de Joseph le charpentier, rien ne prouve qu’à partir du moment où Jésus, alors âgé de douze ans, resta quelques jours à Jérusalem sans que Joseph et Marie sussent ce qu’il était devenu, les- deux jeunes gens n’aient pu se voir fréquemment, et qu’ainsi, grandissant au milieu d’une société tyrannisée de toutes les manières, au dehors par les Romains, au dedans par des princes et des prêtres orgueilleux et corrompus, ils ne se soient entretenus souvent de la nécessité d’une prédication et d’une réforme radicales, et ne se soient mutuellement exaltés dans de fiévreuses conversations.

Dans l’Église catholique, on vénère et l’on invoque avec une ferveur remarquable saint Jean-Baptiste. Deux fêtes ont été instituées en son honneur : l’une, nommée sa Nativité, 24 juin ; l’autre, sa Décollation, 29 août. Beaucoup d’églises ont été érigées sous le vocable de Saint-Jean.

■*- Iconogr. « Le culte de saint Jean-Baptiste, dit M. l’abbé Martigny, fut très-répandu, dès les premiers siècles, dans les Églises grecque et latine. Les baptistères, toujours érigés sous le vocable du Précurseur, renfermaient ordinairement un autel en son honneur, des statues et des peintures reproduisant sa figure. > Suint Épiphane dit qu’aux personnes qui recherchaient la délicatesse dans le vêtement, on montrait les images de saint Jean-Baptiste vêtu d’une peau de chameau, et c’est ainsi, en effet, que nous le voyons représentu dans les anciens monuments retraçant lu 928

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Baptême de Jésus-Christ, par exemple, dans la peinture si connue du cimetière de Pontien, dans plusieurs mosaïques, dans quelques pierres gravées et médaillons de bronze. Il y avait aussi des images du Précurseur montrant du doigt le Messie, soit en personne, soit sous le symbole de l’agneau. Quelquefois, mais plus rarement, à a été représenté en costume dit apostolique, avec la tunique et le pnllium, par exemple, sur un fond de coupe publié par Buonarruoti, et dans une mosaïque du vu» siècle publiée par Ciampini. On a trouvé, il y a quelques années, près d’Etaples (Pas-de-Calais), une curieuse médaille en plomb du xive siècle, représentant un prêtre escorté de deux acolytes, et portant une espèce de disque où s’épanouit la lune ; autour sont écrits les mots : A’cce signum faciei beati Joins Baptiste. Par cette représentation de la face de Jean-Baptiste sous la forme symbolique de la lune, • on voulait, disent certains iconographes, exprimer que le Précurseur n’était que le reflet de la lumière éternelle (Non erat lux), et qu’il était, pur rapport k Jésus, ce que la lune est par rapport au soleil. • On pense que les médailles comme celle dont il s’agit se vendaient, à Amiens, aux pèlerins qui allaient vénérer dans cette ville le chef de saint Jean.

Parmi les monuments consacrés à la gloire du Précurseur, un des plus célèbres est le Baptistère de Florence, que décorent plusieurs chefs-d’œuvre artistiques retraçant son image ou des épisodes de son histoire. L’une des trois portes de bronze de l’édifice, celle du midi, exécutée vers 1330 par Andréa de Pise, représente en bas-relief les principaux traiis de la vie de saint Jean-Baptiste. Ces compositions, d’un style simple et qui ne manque pas de grandeur, se ressentent de l’influence exercée par Giotto ; quelques connaisseurs supposent même que ce maître en

a fourni les dessins. Au-dessus des portes du Baptistère, trois groupes, composés chacun de trois statues, figurent la Prédication de saint Jean, le Baptême de Jésus et la Décollalion du Précurseur. Les statues de la Prédication et celles de la Décollation sont en bronze, et ont été exécutées, les premières par Gio.-Fr. Rustici, les secondes par Vinc. itanti ; celles du Baptême sont en marbre, et ont pour auteurs Andréa Contueci da Monte-Sansovino et Innocenzio Spinazzi. À l’intérieur du Baptistère, l’image de saint Jean et divers traits de son histoire figurent parmi les compositions, exécutées en mosaïque, par Fra Jacopo, Gaddi, Andréa Tafi, Baldovinette, Dom. Ghirlandajo. Deux ouvrages d’une date plus récente, Saint Jean-Baptiste enlevé au ciel par les anges, groupe en marbre de Girolamo Ticciati IL732J, et la statue en marbre du saint, sculptée par Gius. Piamontini (1G88), décorent, l’un le maitre-autel, l’autre les fonts baptismaux. Enfin, un petit autel d’argent massif, à l’exécution duquel ont travaillé les plus célèbres orfèvres florentins de la fin du xiv» siècle et de la première moitié du xve, entre autres Maso Finiguerra, Antonio dei Pollaiuolo et Andréa Verrocchio, est orné de douze bas-reliefs relatifs a la rie de saint Jean-Baptiste, et surmonté d’un tabernacle contenant sa statue, également <n argent, par Michelozzo di Bartoloinmeo. Ce magnifique ouvrage n’est exposé qu’une fois par an, le jour de la l’été du Précurseur.

Florence possède plusieurs autres chefsd’œuvre de sculpture et de peinture consacrés k saint Jean-Baptiste. De ce nombre sont les fresques du cloître de la confrérie dello Scalzo, par Andréa del Sarto, les fresques du chœur de Sunta-Maria-Novella, par Dom. Ghirlandajo, et la statue de bronze de Donatello, au musée des Offices, œuvres célèbres dont nous donnons ci-après la description.

Les fonts baptismaux de l’église San-Giovanni, de Sienne, sont décorés de bas-reliefs en bronze justement admirés : Jacopo délia Quercia y a représenté la Naissance et la Prédication de saint Jean ; Ghiberti, le Baptême de Jésus et Saint Jean conduit en prison ; Donatello, la l’ête de saint Jean apportée à Hérode, composition qui lui fut payée 180 florins. À ce dernier maître on attribue encore une statue en bronze du Précurseur, qui se voit dans la cathédrale de Sienne.

Lu Vie de saint Jean-Baptiste a été gravée en dix planches, par C. Galle, d’après J.Stradanus, et par Hans Liefrinck, d’après J. Floris ; elle a été retracée en bas-relief sur un petit oratoire d’ivoire, connu sous le nom d’Oratoire des duchesses de Bourgogne, précieux monument de l’art français de la fin du X’vu siècle, qui appartenait autrefois k la | Chartreuse de Dijon, et qui fait aujourd’hui | partie du musée deCluny. Parmi les sujets des beaux vitraux de l’église de Gouda (Hollande), exécutés à la fin du xvie siècle par les frères G’rabelh, on remarque la Naissance et la Prédication de saint Jean-Baptiste, Saint Jean, réprimandant Hérode et la Décollation. Un : peintre contemporain, M. Bouguereau, a re- ! présenté, dans une chapelle de l’église Saint-Augustin, à Paris, la Prédication dans le désert, Saint Jean baptisant le Christ et la Tète de saint Jean I émise à Hérodiade. Il y a quelques années, enfin, un sculpteur, M. N. Perrey, u décoré le portail centrai de l’église de Believille, k Pans, de bas-reliefs remarqua- ! blés, retraçant les principaux épisodes de la vit ; de s^iiiu Jean ; sur le piiier qui divise ce puriail eu deux, il a placé une statue du saint, :

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vêtu de la robe traditionnelle de poil de chameau, foulant aux pieds l’Esprit des ténèbres, et tenant un médaillon où est figuré l’Agneau sans tache.

Les divers épisodes de la vie du Précurseur ont été traités séparément par beaucoup d’artistes. Un petit tableau de l’école de Giotto, de l’ancien musée Napoléon III (n° 30), représente la Naissance de saint Jean. Le même sujet a été peint par Fra Angelieo (musée des Offices), L. Carrache (pinacothèque de Bologne), Luca Giordano (inusée de l’Ermitage), le Tintoret (même musée), et gravé par Fr. Horthemels(pourIe Cabinet Cruzat), Santi di Tito (église de Saint-Jean-de-Jérusalem, à Florence), Fr. Metieses y Osorio (ancienne galerie Las Marismas), Rivalz le Jeune (musée de Toulouse), le Pontormo (musée de3 Offices), Artemisia Gentileschi (musée de Madrid), un maître primitif de l’école allemande (musée de Bàle), etc. Le tableau de L. Carrache, le plus important de ceux que nous venons de citer, nous montre Elisabeth, assise sur son lit, et tenant son nouveau-né ; la vierge Marie s’entretient avec elle ; une charmante jeune femme se penche en souriant vers l’enfant, qui est déjà muni de son mouton ; une autre, agenouillée vers la gauche, tient un vase de terre ; près d’elle, Zacharie est debout ; en l’air, des anges agitent des encensoirs ; d’uutres font un concert. La Naissance ou Nativité de saint Jean fait encore le sujet d’une estampe de Diana Ghisi. Carlo Dolci a peint le Sommeil du petit saint Jean (v. ci-après la description de ce tableau). Une charmante peinture du Guide, Saint Jean à genoux devant l’Enfant Jésus, a été gravée par R. Earlom. Une composition analogue de Van Dyck a été gravée par Arn. de Jode, en 1666. Les images de Saint Jean enfant sont nombreuses ; elles le représentent ordinairement accompagné de son

agneau et tenant une petite croix ; il nous suffira de citer les tableaux de l’Albane (musée des Offices), du Dominiquin (musée de Besançon), de J.-A. Kscalante (ancienne galerie Las Marismas), Geronimo Espinosa (musée de Madrid), Seb. Gomez (galerie Las Marismas), Murillo (musées du Belvédère, de Madrid, etc., gravé par Val. Green et par Bartsch), Palomino (inusée de Madrid), B. Schidone (ancienne galerie Giustiniani), B. Strozzi [ ?] (au Louvre, tableau qui a été attribué k Murillo) ; les estampes de M.-A. Bellaria, A. Bioeinaert, Bourgeois de La Richardière (d’après Luini), J. Grandhomme le Vieux, Mat. Greuter (d’après.iEneas Salmatia Berga), Gius. Marri (d’après Ann. Carrache), A.-L. Moeglich (d’après le Guerchin), H.-C. Muller (d’après Luini) ; les statues de Rossellino ou Michelozzo (musée des Offices), Mino da Fiesole (même musée), Canova (v. la description ci-après), J.-B. J. Debay (bronze au Salon de 1852, et marbre en 1855), Ant. Galii (marbre k l’Exposition universelle de 1855), Giov. Luini (marbre, même Exposition), Paul Dubois (v. ci-après).

Strozzi a peint Saint Jean déclarant sa mission aux lévites et aux docteurs (musée du Belvédère) ; Ph. de Champagne, Jean entouré de ses disciples et saluant ^arrivée de Jésus (ancienne galerie Fesch) ; Jean Restout, JeanBaptiste s’Iiumiliant devant Jésus (chapelle du séminaire de Plombières). Michel Corneille a gravé, d’après Annib. Carrache, Saint Jean interrogé par ses disciples ; C. Bloemaert a gravé Saint Jean-Baptiste montrant le Christ à ses disciples. Nous décrivons cr-après le tableau de Poussin, Saint Jean baptisant les pharisiens, qui est au Louvre. Quant k la scène du Baptême de Jésus, qui a été si souvent retracée par les peintres et les sculpteurs, nous en avons l’ait, au mot baptême, une iconographie très-détaillée, à laquelle nous renvoyons le lecteur.

La Prédication de saint Jean-Baptiste a été représentée par une foule d’artistes. Parmi les peintres, nous citerons l’Albane (gravé par Q. Fonbonne), Alessandro Allori (palais Pitti), Dom. Ambrogi (musée des Offices), le Baohiohe (gravé par B. Lepicié pour le Cabinet Crozat), F.-J. Beich (musée de Munich), H. de Blés (musée de Vienne), A. Bloemaert (gravé par J. Falck, 1661), Bon Boulogne (autrefois dans l’église des Petits-Pères, a Paris), P. Breughel le Vieux (inusées de Bàle et de Munich), LucaCambiaso (église de l’Escurial), Ann. Carrache (gravé par J.-B. Corneille et par Michel Corneille), L. Carrache (gravé par D.-M. Bonavera), Bern, Castello (fresque de l’église du Gesù, à Gènes), J.-B. de Champagne (gravé par Ch. Audran), Séb. Cornu (Salon de 1836). Ad. Eizheimer (musée de Munich), Ciro Ferri (gravé par C. Bloemaert), le Guide (gravé par R. Morghen), M. van Heemskerk (musée du Belvédère, à Vienne), H. de Hess (fresque de l’église de Tous-les-Saints, à Munich), Jacopo da Empoli (église San-Niccolo, à Florence), J.-P. Laurens (Salon de 1S68), Al. Magnasco (aux Offices), P.-F. Mola (gravé par P.-S. Bartoli), L. Pasinelli (gravé par Lorenzini), H. van der Goes (musée de Munich, attribué par d’autres k Memling), Dom. Passignano (gravé par Cecchi), Rembrandt (autrefois dans la galerie Fesch), Séb. Ricci (gravé par P.-A. Kilian), Salvator Rosa (gravé par Jos. Goupy et par John Browne), Massimo Stanzioni (musée de Madrid), A. Tassi (palais Pitti), T. van Thulden (musée de Besançon), etc. Des estampes sur le même sujet ont été gravées par J.-W. Baur (1630), Jac. de Bie,

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Hans Bol, P. Brebiette, Nicolas de Bruyn (1619), J. Callot, D. Campagnola (gravure sur bois), Ch.-N. Cochin, Léo Daris ou "Thiry, Bart. Dolendo, F. Ertinger, Gio.-B. Franco, H. Hondius le Vieux (d’après O. de Saen), Johann Jenet (1G21), Hans Kim (vers 1530), L. Pasinelli, Hugo da Carpi (clair-obscur, d’après Raphaël), etc. Le tableau d’Allori, qui est au palais Pitti, nous montre saint Jean debout sous un palmier et haranguant la multitude qui l’entoure ; son agneau repose k ses pieds, et il tient une croix à la main ; parmi ses auditeurs, on remarque des scribes et des pharisiens ; un paralytique, couché dans une brouette, se soulève à demi pour voir le Précurseur ; au fond, dans un charmant paysage, on aperçoit Jésus et deux autres personnages. Cette façon de représenter la Prédication de saint Jean a été suivie par beaucoup d’artistes. Quelques-uns, comme Breughel le Vieux et Callot, n’ont vu dans la scène évangéliqiie qu’un prétexte à exhiber des types d’auditeurs plus ou moins grotesgues ; d’autres ont réduit le nombre des personnages a cinq ou six. M. Laurens, dans

son tableau du Salon de 1868, a pris à la lettre le Vox in déserta et montré le Précurseur, seul, parmi les rochers, préchant en face de la mer.

Le petit saint Jean, Giovannino, disent les Italiens, est souvent représenté ussocié k la Sainte Famille, partageant les jeux du bambino Jésus, lui apportant des fruits ou des fleurs, recevant humblement ses caresses en le contemplant avec une admiration naïve. V. Famille (sainte).

Nous n’en finirions plus si nous voulions énumérer toutes les images du Précurseur ; on le représente, d’ordinaire, vêtu d’une peau de mouton ou d’une peau de chameau, portant une croix formée de deux roseaux ou de deux branches d’arbre, quelquefois assis ou debout près d’une source jaillissant d’un rocher, et dont il reçoit l’eau dans une tasse ou dans une coquille, le plus souvent accompagné de son agneau. Parmi les peintres qui l’ont ainsi représenté, nous nommerons : l’Albane (musée de Berlin), Al. Allori (musée de Montpellier), Crist. Allori (palais Pitti), Andréa del Sarto (même palais), P. Battoni (galerie de Dresde), Baudry (Salon de 1857), Belloc (Salon de 1827), Beltraffto (musée Brera, gravé par Michèle Bisi), J. Blanchard (gravé par A. Garnier), S. Botticelli (musée de Dresde), Buffalinacco (gravé par Matt, Carboni), Giulio Bugiardini (pinacothèque de Bologne), H. Burgkraair (musée de Munich), G. Canlassi (au Louvre), le Caravage (musée de Lille), Ag. Carrache (gravé par Crist. Bianchi, 1593), Annibal Carrache (musée de Londres, gravé par Boyer d’Agnelles), Champmartin (Salon de 1835), Cignani (gravé par W. Eason), le Corrége (gravé par M.-E, Kluge, par W. Hollar), Michel Coxcie (musée do Munich), le Dominiquin (gravé par F. Muller, S. Amsler, BersenefT, Augusta Huessener, J.-F Badoureau), Ad. Elsneimer (gravé par W. Hollar, 1650), le Giorgione (palais Pitti), Fr. Granacci (musée de Munich), le Guerchin (pinacothèque d» Bologne, galerie du Vatican, musées du Belvédère et du Louvre), le Guide (musées de Turin, du Louvre et du Belvédère), C. Lotti (gravé par Moitte), Bern. Luini (musée de Naples), Manfredi (gravé par Boyer d’Agnelles), Memling ( ; iu Louvre), Mengs (à I Ermitage), Mignard (musée de Madrid), Pacheco (même musée), Palma le Vieux (au Belvédère), Palma le Jeune (aux Offices), Raphaël (v. ci-après), Ribera (musée de Madrid), Riminaldi (musée de Naples), J. Romain (musée de Munich), A. Schiavone (musée du Louvre), le Titien (gravé par Cipriani), le Trévisan (gravé par Àliehelis), P. Véronèse (au Belvédère, gravé par C. Boel), J.-M. Vien (musée de Montpellier), L. de Vinci (au Louvre), B. West (gravé par J. Landseer), F. Zuccaro (gravé par Ch.-Alberti), etc. Citons encore les estampes de Baumgartner, Stefano délia Bella, J. Bellangé, Fr. von Bocholt (xv« siècle), J. Bouchier, Bon Boulogne, J. de Bray, Is. Briot, Th. de Bry, Sim. Cantarini, Aug. Carrache, Hans Collaert, Jean Deshayes, Ant. Fantuzzi (clair-obscur, d’après le Parmesan), B. Gauthier, Jul. Goltzius, H.-B. Grûn, Guerchin, Séb. Le Clerc, A. Le Mercier, H. Mauperché, Gir. Mozetto, Nicoleto da MocFena, etc. ; et, parmi les statues, celles de Puyenbroeck (église de Saint-Jean-Baptiste, k Bruxelles), du Bernin (gravé par Lindeman), de Parodi (église Notre-Dame-des-Vignes, à Gênes), Guichard (Salon de 1819), Vital Dubray (Salon de 1842), J.-A. Barre (Salon de 1845), Malknecht (Salon de 1852), Farochon (Salon de 1852), G. Crauck (marbre, Salon de 1863), Debay père (cathédrale de Nantes), etc.

La Décollation de saint Jean-Baptiste a fait l’objet d’un article spécial, auquel nous prions le lecteur de se reporter. V. décollation.

Jeun-Baptiste (histoire de), célèbres fresques de Doinenico Ghirlandajo, dans l’église de Santa-Maria-Novella, à Florence. Ces fresques couvrent la muraille de droite du choeur et font face à l’Histoire de la Vierge, peinte par le même artiste. Elles comprennent sept compositions disposées sur quatre rangs dans une vaste ogive, suivant 1 ordre qui va être indiqué.

Dans la rangea inférieure sont représentées VApparition de l’ange à Zacharie et la Visitation ; dans la seconde, la Naissance de

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saint Jean et Zacharie désignant te nom dt son fils ; dans la troisième, la Prédication de saint Jean-Baptiste et le Baptême de JésusChrist ; dans la quatrième, au sommet de l’ogive, te Souper d’Hérode.

lt> Apparition de l’ange à Zacharie. La scène se passe dans le temple, dont Zacharie était l’un des prêtres. L’ange se présente au vieillard placé au fond sur les degrés de l’autel. À droite et à gauche sont groupées vingt-cinq figures, hommes et femmes, qui sont autant de portraits de l’époque. Un des groupes est composé de quatre jeunes femmes dont une, en robe verte, so fait remarquer par sa charmante tournure. Les autres figures forment cinq groupes distincts, dont l’un, placé en avant, comprend quatre personnages bien connus de l’histoire florentine : le poète Ange Politien, le philosophe Marsile Ficin, Gentile dé Becchi, évêque d’Arezzo (ou, selon quelques autres, Démétrius Chalcondyle) et Christophe Landini. Parmi les autres figures, on reconnaît le bouffon Benedetto Dei, Federigo Sassetti, Andréa Medici et Gio-Fr. Ridolfi. Tous les autres personnages appartiennent, dit-on, k la famille Tornabuoni, aux frais de laquelle Ghirlandajo exécuta ces peintures en 1190.

2° La Visitation. La Vierge et sainte Elisabeth, toutes deux vues de profil, se rencontrent sur une espèce de rempart ou de

large terrasse, d’où l’on voit apparaître, au loin, les tours d’une ville. Marie, vêtue d’une robe bleue, prend les mains de la vieille Elisabeth, qui a la tête encapuchonnée et les épaules couvertes d’un manteau jaune. A

fauche, derrière la Vierge, se tiennent trois e ses suivantes ; celle qui regarde le spectateur avec une grâce des plus séduisantes passe pour être le portrait de Ginevra de Benci, une des beautés de son siècle. Cinq autres Florentines sont groupées derrière Elisabeth : l’une d’elles, blonde, vêtue d’une robe de brocart jaune et tenant un mouchoir à la main, a un sourire qui rappelle celui de la Joconde ; une autre, placée en arrière, à côté d’une duègne, a une physionomie douce et mélancolique. Ce cortège de femmes d’honneur ne convient guère, sans doute, à la femme d’un charpentier et à l’épouse d’un simple prêtre ; mais le spectateur ne songe pas k se récrier. Ghirlandajo, avec un tact exquis, a corrigé la solennité de la mise en scène par la simplicité et la grâce incomparable des attitudes. Un détail ajoute k l’intérêt de cette admirable peinture : an fond, trois hommes, vus de dos, sont accoudés sur le parapet de la terrasse et regardent la campagne. La tradition veut que ces petites figures, d’une remarquable élégance, aient été peintes par Michel-Ange, élève de Ghirlandajo.

30 La Naissance de saint Jean-Baptiste. Au fond, Elisabeth est assise sur son lit, près duquel se tient une jeune servante. En avant, une matrone tient sur ses genoux le nouveauné, k qui une autre femme tend les bras. Au milieu, une belle jeune femme, suivie de deux duègnes, se diriye vers l’accouchée en tournant vers nous Son gracieux visage. À droite, une servante portant sur sa tète une corbeille de fruits et portant k la main une bouteille florentine, garnie d’osier, s’avance d’un pas rapide ; son mouvement est d’une vérité et, en même temps, d’une élégance extrêmes. 4° Zacharie écrivant le nom de Jean-Baptiste. Le vieillard, vêtu d’un manteau rouge, est assis devant le portique d’un palais ou d’un temple. Une jeune fille, en robe bleue k manches collantes et crevées au coude, suivant la mode florentine, lui présente le bambino. Zacharie, que l’ange a frappé de mutisme, pour avoir douté de ses promesses, écrit sur son genou : Giovanni sara il suo nome (Jean sera son nom). Deux hommes, bizarrement accoutrés, sont placés près du vieillard. À droite, la scène se complète par un de ces groupes féminins dont on ne sait comment varier la description et dont le maître, lui, varie à l’infini les lignes toujours harmonieuses.

50 La Prédication de saint Jean. Les auditeurs forment deux groupes symétriques : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre ; celles-ci réunies deux k deux ou trois k trois, dans des attitudes d’une merveilleuse élégance.

6° Le Baptême de Jésus. Jean verse l’eau sur la tête de Jésus qui est debout, les pieds dans le Jourdain. Dieu et ses anges assistent, du haut du ciel, k la cérémonie. Parmi le.personnes venues pour recevoir le baptême, on distingue un jeune homme, vu de dos, qui vient de sortir de l’eau et un homme prêt k s’y plonger, et qui, un genou en terre, détache vivement sa chaussure.

70 Le Festin d’Hèrode. L’artiste n’a pas mieux respecté ici que dans ses autres fresques la couleur locale et la vraisemblance historique. Dans un édifice orné de colonnes, de vastes tables sont disposées eu fer k cheval : d’un côté sont les femmes, de l’autre les hommes ; cotte séparation îles sexes pouvait plaire aux dévots de Florence, mais, à coup sur, elle n’existait pas dans le palais d’Hèrode lu Débauché. Un petit nègre difforme assiste au festin. En avant danse Saloiné, qui ressemble assez bien k une bacchante antique. Rien de plus pittoresque, d’ailleurs, que cette composition qui donne un avant-goût des festins évaugéliques du Véronèse.

Ces fresques sont regardées, à bon droit. comme des chefs-d’œuvre de l’école florentine du xve siècle : l’accentuation savante du dessin et l’énergie de la couleur sont dignes des plus grands maîtres ; les nombreux portraits que l’artiste a introduits dans ses compositions n’en compromettent pas l’harmonieuse unité ni le caractère religieux ; la gravité de certaines physionomies, la beauté sereine de quelques autres, la dignité et la noble élégance des attitudes inspirent le respect et l’admiration.

Les peintures de Ghirlandajo ont été gravées par Carlo Lasinio. Le gouvernement français doit, dit-on, en faire exécuter des reproductions pour le musée des Copies, fondé récemment à Paris.

Jean-Baptiste dans le désert (SAINT), chef-d’œuvre de Raphaël, au musée des Offices (Florence). Le Précurseur, âgé d’environ quinze ans, à demi vêtu d’une peau de panthère qui lui couvre la cuisse droite et qui vient s’enrouler autour de son bras gauche, est assis sur une pierre garnie de mousse, près d’une fontaine, dans un désert des plus sauvages. De la main droite, qu’il élève, il montre une petite croix de roseau d’où jaillissent des rayons de lumière ; de la main gauche, il tient une banderole de parchemin où on lit le mot Dei.

Vasari rapporte que Raphaël peignit ce tableau pour le cardinal Colonna, qui en fit présent à son médecin Jacopo da Carpi, après une maladie grave dont celui-ci l’avait guéri. Il existe plusieurs répétitions ou copies de cette peinture, notamment dans les musées du Louvre, de Berlin, de Bologne, de Darmstadt, dans les palais Borghèse et Spada, à Rome. Vasari regardait le Saint Jean des Offices comme étant l’original. Ce dernier musée possède un dessin à la sanguine, qui est incontestablement de la main de Raphaël et qui est une étude faite en vue du tableau. Passavant prétend que « le mouvement de la figure est plus beau dans le dessin que dans la peinture, c’est-à-dire plus vivant et plus simple. » Il ajoute : « Les contours et le modelé, dans l’étude faite d’après le modèle, ont tout le charme d’une nature juvénile et florissante, tandis que dans le tableau on a exagéré l’ampleur des formes et le jeu des muscles ; on regrette aussi de ne pas y trouver l’habile raccourci du pied droit, lequel est posé de telle sorte qu’on voit le dessus et le dessous en même temps, ce qui, sans être impossible dans la nature, n’est cependant pas agréable à l’œil... Toutefois, quelques détails, encore bien conservés, révèlent ça et là le pinceau du Raphaël, notamment le torse, qui est d’un modelé supérieur. La couleur aussi montre encore, par places, les tons chauds du maître. »

Le Saint Jean de Raphaël a été gravé par C. Bervic, Vinc. Biondi, Fr. Chereau, H. Gutenberg, Vendramini, Höfel, Fr. John, etc. Le dessin à la sanguine a été gravé en clair-obscur par Hugo da Carpi.


Jean-Baptiste (saint), tableau de Léonard de Vinci, au Louvre. Le saint, vêtu d’une peau d’agneau qui laisse son torse à découvert, montre le ciel de la main droite et tient de l’autre main une croix de roseau.

On pense que cette peinture est celle qui, d’après le P. Dan, faisait partie de la collection de François Ier, et fut donnée par Louis XIII à Charles Ier, roi d’Angleterre. Après la mort de ce dernier, le tableau fut acheté par le banquier Jabach, qui le céda à Louis XIV. Il a été gravé par Jean Boulanger, N.-F. Bertrand et P.-F. Bertonnier. Il en existe une copie à la bibliothèque Ambrosienne de Milan. Le musée de l’Ermitage possède aussi un Saint Jean-Baptiste attribué à Léonard.


Jean (LE SOMMEIL DU PETIT SAINT), tableau de Carlo Dolci, galerie du palais Pitti, à Florence. Sainte Élisabeth, soulevant de la main gauche le voile qui couvrait son fils endormi et appuyant la main droite sur son cœur gonflé d’affection, lève les yeux vers le ciel et lui adresse une fervente action de grâces ; sa bouche entr’ouverte en prononce les paroles. La tête et les mains de l’enfant posent sur une croix autour de laquelle s’enlace une banderole portant ces mots prophétiques : Ecce agnus Dei. Ses traits sont d’une grande beauté de formes et de caractère. Derrière Élisabeth et lui tournant le dos, Zacharie est occupé à lire. Trois jolis chérubins remplissent le côté opposé de la composition.

Suivant Baldinacci, ce tableau, un des meilleurs de C. Dolci, fut exécuté pour la grande-duchesse de Toscane, Victoire de La Rovère. Il a figuré au Louvre, sous le premier empire, et a été gravé dans le Musée royal par V.-M. Langlois.


Jean-Baptiste (HISTOIRE DE SAINT), fresques d’Andréa del Sarto, dans le cloître de l’ancienne confrérie de lo Scalzo, à Florence. Ces fresques sont célèbres, non-seulement à cause de leur beauté, mais aussi parce que, exécutées par Andréa del Sarto à différentes époques, elles montrant les progrès que ce grand artiste fit dans la peinture. Il les commença au sortir de l’atelier de Piero di Cosimo, les continua quand il s’était déjà acquis une grande réputation et les acheva à son retour de France. Elles sont malheureusement aujourd’hui dans un état de dégradation déplorable, par suite de l’humidité des murailles sur lesquelles elles ont été exécutées et des injures du temps. Les Guides italiens ajoutent qu’elles ont eu aussi à subir les outrages d’un Français qui, soit qu’il fût fou, soit qu’il fût poussé par l’envie (non si sa si fossé matto, o che da impulso d’invidia mosso), les couvrit d’encre ou de bitume... La restauration maladroite que la confrérie de lo Scalzo leur fit subir, en 1617 et en 1720, ne contribua pas peu d’ailleurs à leur altération. Les sujets représentés par Andréa sont au nombre de dix : l’Ange annonçant à Zacharie la naissance de son fils ; la Visitation ; la Naissance de saint Jean (dernière peinture exécutée par l’artiste dans ce cloître) ; le Baptême de Jésus ; la Prédication ; Saint Jean baptisant les Juifs ; Saint Jean garrotté en présence d’Hérode ; la Danse de Salomé ; la Décollation ; la Tête de saint Jean présentée à Hérodiade. Andréa a peint, en outre, les figures de la Charité, de la Justice et de l’Espérance. Deux autres fresques ont été peintes, pendant qu’il était en France, par Franciabigio ; elles représentent : Saint Jean recevant la bénédiction de son père avant d’aller dans le désert et Saint Jean rencontrant la sainte Famille.

Ces fresques ont été gravées par Domenico Falcini.


Jean-Baptiste (LA PRÉDICATION DE SAINT), tableau de Carle Maratte, au Louvre. Saint Jean, debout et les bras élevés, est entouré de Juifs qui écoutent sa parole. Derrière lui, un homme du peuple est accoudé sur un tertre, la tête appuyée sur ses deux mains. À droite, un auditeur explique à un vieillard le sens des paroles du Précurseur. Plus loin sont groupés cinq personnages à mine austère, dont l’un appuie son menton sur une béquille.

Ce tableau, que Louis XIV reçut en présent du cardinal Gualterio en 1701, a été gravé par Charles Dupuis pour le Cabinet Crozat. Il a été gravé, depuis, dans les recueils de Filhol et de Landon.

Le Louvre possède plusieurs autres tableaux de la Prédication de saint Jean. Il en a un d’Annibal Carrache, qui a été acheté à Rome par le cardinal Mazarin ; un autre de Francesco Mola, qui a été gravé par P.-S. Bartoli, et un troisième peint par Taunay en 1818.


Jean-Baptiste baptisant le peuple sur les bords du Jourdain (SAINT), tableau de Poussin, au Louvre. Saint Jean, debout, vêtu d’une peau d’agneau, verse de l’eau sur la tête d’un Juif agenouillé devant lui. Un autre néophyte s’apprête à recevoir le baptême et un jeune homme regarde attentivement le saint. Au premier plan à droite, est un groupe de quatre femmes dont l’une tend son enfant vers le Précurseur. Du côté opposé, deux hommes se dépouillent de leurs vêtements ; plus loin, trois vieillards s’entretiennent gravement de ce qui se passe, et un jeune homme à cheval considère la cérémonie. De l’autre côté du fleuve, qu’une barque pleine de monde va traverser, le paysage se termine à de hautes montagnes.

Ce tableau fuit partie de la collection de Louis XIV. Le catalogue du Louvre se trompe en disant qu’il fut peint par Poussin pour le chevalier Cassiano del Pozzo. La peinture exécutée pour ce dernier, et qui représente le Baptême de Jésus, appartient aujourd’hui au duc de Rutland. Le tableau du Louvre a été gravé par Gérard Audran, Benoit Audran, et dans les recueils de Landon et de Filhol.


Jean-Baptiste (STATUE DE SAINT), chef-d’œuvre de Donatello, au musée des Offices (Florence). Le Précurseur est debout, à peine vêtu d’une peau de chameau, tenant une croix de la main droite et regardant un papyrus qu’il a dans sa main gauche. Son corps, exténué par le jeûne, donne plutôt l’idée d’un êcorché que celle d’un saint ; mais le visage a une admirable expression de tristesse. « Il y a loin de ce spectre mélancolique à l’élégant Précurseur de Raphaël, a dit M. Jean Rousseau ; mais la statue de Donatello me représente mieux l’ascète qui se nourrit de sauterelles, le morne apôtre dont la voix se perd dans le désert. » Outre cette sévère statue de marbre, le musée des Offices possède un autre Saint Jean-Baptiste de Donatello, taillé en bas-relief dans une sorte de pierre de touche noire et luisante. Ici, le saint, représenté en buste et de profil, n’est encore qu’un enfant ; la physionomie est naïve et des plus gracieuses, le modelé plein de souplesse et de vie.


Jean-Baptiste (STATUE DE SAINT), par M. Paul Dubois, une des meilleures productions de la statuaire contemporaine. Le Précurseur est représenté ici fort jeune, debout, entièrement nu, marchant à grands pas, levant le bras et criant : « Voici l’agneau de Dieu ! » La tête, ombragée par une abondante chevelure, a une expression des plus énergiques, tout en gardant le caractère de l’enfance ; le regard a cette indécision singulière qu’on rencontre presque toujours chez les illuminés.

Cette statue, dont le modèle en plâtre a figuré au Salon de 1863, et le bronze au Salon de 1864, a été très-applaudie par la critique. Un juge des plus sévères, W. Bürger, l’a proclamée « une œuvre parfaite, d’un caractère et d’une distinction rares. » Suivant M. Du Camp, « c’est une excellente statue, très-vivante. » Th. Gautier s’est exprimé ainsi : « Le Saint Jean de M. Paul Dubois est une œuvre d’un rare mérite... La ligne qui va du bras levé au talon présente un galbe d’une élégance austère ; le jeune torse est modelé avec une finesse sans maigreur, les jambes sont du dessin le plus pur et les pieds d’une perfection antique. »