Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN II, le Bon, roi de France

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 931).

JEAN II, le Bon, roi de France, né entre 1310 et 1320, fils et successeur de Philippe VI de Valois (1350). Des actes nombreux de despotisme, l’exécution du comte d’Eu, dix-huit ordonnances pour diminuer ou augmenter arbitrairement les monnaies au profit du trésor royal, des confiscations sur les marchands étrangers et sur les juifs, le meurtre du comte d’Harcourt et de plusieurs autres grands feudataires signalèrent les commencements de son règne, et justifient bien peu ce titre de Bon, qui ne lui fut donné que plus tard et en considération de ses malheurs. Ses violences contre Charles le Mauvais, roi de Navarre, qu’il retint prisonnier et dont il saisit l’apanage, attirèrent sur la France les plus grands malheurs. Philippe de Navarre, ligué avec Geoffroy d’Harcourt et quelques autres grands vassaux, appela les Anglais, qui se répandirent dans la Normandie et l’Aquitaine sous les ordres du prince Noir. Jean marcha à leur rencontre ; mais, malgré sa bravoure chevaleresque, il fut vaincu et fait prisonnier à la funeste bataille de Poitiers (1356), Pendant sa captivité à Londres, la France fut en proie à des dissensions intestines, que le dauphin fut impuissant à prévenir et à réprimer : soulèvements démocratiques des bourgeois de Paris et des principales villes, insurrections de paysans (v. Marcel [Étienne] et jacquerie), intrigues de Charles le Mauvais, dévastations du royaume par les bandes anglaises, etc. Las d’une captivité qui menaçait de se prolonger, le roi Jean signa une convention qui livrait la moitié de la France à l’Angleterre, mais que le régent et les États refusèrent de ratifier. Enfin, le traité de Brétigny (1360), presque aussi honteux, lui rendit la liberté et suspendit les hostilités entre les deux nations. La France dut payer l’énorme rançon de son roi, et fut écrasée d’impôts. L’acquisition de la Bourgogne, qui eut lieu à cette époque, n’eut aucune conséquence pour l’unité nationale, car l’inepte monarque se hâta de la donner en apanage à son quatrième fils, Philippe le Hardi. Tous ses actes ont le même caractère d’imprévoyance et de légèreté. C’est ainsi qu’au moment où la France était désolée par la famine et la peste, il se préparait à se joindre au roi de Chypre pour tenter l’aventure d’une croisade, quand il fut rappelé en Angleterre, par la fuite de son fils, le duc d’Anjou, qui répondait de lui en qualité d’otage. Ce scrupule chevaleresque le décida à se remettre entre les mains de ses ennemis, s’il faut en croire certains historiens. Suivant d’autres, il aurait été rappelé par l’amour de la comtesse de Salisbury. Quoi qu’il en soit, il mourut à Londres peu de temps après son retour (1364).