Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JUNOT (Andoche), duc d’ABRANTÈS, général, l’un des plus intrépides lieutenants de Napoléon

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JUNOT (Andoche), duc d’ABRANTÈS, général, l’un des plus intrépides lieutenants de Napoléon, né à Bussy-le-Grand (Côte-d’Or) en 1771, mort par suicide le 29 juillet 1813. Il était étudiant en droit lorsqu’il partit, en 1791, comme simple grenadier dans un bataillon de volontaires de la Côte-d’Or. Sa bouillante valeur lui valut de ses camarades le surnom de La Tempête. Au siège de Toulon, où il n’avait encore que le grade de sergent, Bonaparte le prit pour secrétaire. On raconte qu’en écrivant une dépêche une bombe couvrit son papier d’une épaisse poussière, et qu’il s’écria, sans la moindre émotion : • Bien ! nous n’avions pas de sable pour sécher l’encre, en voici ! » Ce bon mot, dit avec un sang-froid héroïque, fut l’origine de sa fortune. Bonaparte le prit pour aide de camp. Junot se distingua dans la campagne d’Italie, particulièrement à Lonato, où il fut grièvement blessé à la tête. Il accompagna son chef en Égypte, y devint général de brigade, et fit preuve du plus brillant courage au combat de Nazareth, en brisant l’effort de 10,000 Turcs, à la tête de 300 cavaliers seulement, et en abattant, de sa propre main, le fils de Mourad-Bey. Ce beau fait d’armes a été immortalisé par une peinture de Gros. Dévoué à Bonaparte jusqu’au fanatisme, Junot fut blessé dans un duel qu’il eut à ce sujet avec le général Lanusse, et ne put suivre le général en chef à sa rentrée en France. De retour après la bataille de Marengo, nommé commandant de Paris, général de division, puis colonel général des hussards (1804), il ne fut point compris dans la création des maréchaux, et en conserva quelque humeur. Il remplit les fonctions d’ambassadeur à la cour de Lisbonne (1804-1805), assista à Austerlitz, fut gouverneur de Paris (1806), reçut, en novembre 1807, le commandement de l’armée de Portugal, conquit ce royaume en moins de deux mois, succès qui lui valut le titre de duc d’Abrantès, mais que l’arrivée des Anglais rendit éphémère : battu par Wellington à Vimeiro, il dut évacuer le pays le 30 août 1808, après avoir signé à Cintra une convention avec le vainqueur. Sa carrière n’offre plus rien qui soit digne de sa renommée. Mal accueilli par Napoléon à son retour, il commanda obscurément des corps d’armée en Espagne et en Autriche, fit partie de l’expédition malheureuse de Masséna en Portugal (1810), se comporta assez mollement dans la campagne de Russie, et fut relégué dans le gouvernement des provinces illyriennes. Le chagrin dérangea sa tête ; il se rendit chez son père, à Montbard, pour s’y rétablir, se précipita d’une fenêtre, dans un accès de fièvre chaude, et mourut quelques jours après. Si Junot était des plus braves au feu, il manquait des talents qui font le général en chef, et même le commandant d’un corps d’armée. On lui reproche des habitudes de faste et de dépenses auxquelles ses revenus étaient loin de pouvoir suffire, et une jalousie très-prononcée contre ses anciens camarades.