Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LÉON XII (Annibal DELLA GENGA), pape

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 371).

LÉON XII (Annibal della Genga), pape, né à Genga, près de Spolète, en 1760, mort en 1829. Il fut nonce en Allemagne, évêque de Sinigaglia, cardinal (1816), vicaire général, et succéda en 1823 à Pie VII sur le trône pontifical. Il embellit Rome, réprima les brigands qui désolaient la province, fonda des écoles, protégea les lettres, diminua les impôts et améliora la situation du trésor. Ce pape signa des concordats avec les Pays-Bas et les États-Unis, condamna dans son encyclique de 1825 les sociétés secrètes, dont il s’efforça vainement d’arrêter l’extension en Italie, et approuva en 1828 les mesures prises par le gouvernement français contre les jésuites.

Léon XII porté dans la basilique de Saint-Pierre, à Rome, tableau d’Horace Vernet. Le vieux pontife donne la bénédiction du haut de la Seggia gestatoria, que portent sur leurs épaules les gentilshommes romains. Les cardinaux lui font cortège. La gravité des physionomies, la richesse et l’éclat des costumes, la majesté de la vieillesse unie à la majesté de l’autorité religieuse, tout dans une pareille scène était de nature à inspirer un artiste. Horace Vernet s’est attaché.surtout à traduire le côté pompeux, brillant et pittoresque, et il a même poussé la vivacité du coloris au delà des limites du vrai. Cette exagération lui a été cruellement reprochée par G. Planche. « La première impression produite par le Léon XII, a dit ce critique, c’est une douleur vive aux yeux. Il y a dans les draperies et même dans les figures une profusion si indéfinie de rouge, de bleu, de violet, qu’on est presque aveuglé au bout de quelques minutes… J’ai entendu une mauvaise langue dire en parlant de ce tableau : Ah ! mon Dieu, qu’est-ce donc ? des homards et de la raie. Ceci n’est qu’une plaisanterie ; mais au fond il y a bien quelque chose de vrai. J’ajouterai que toute la toile manque d’air et de vie ; le pape est d’une vieillesse parée, adonisée, presque transparente. Quant aux têtes placées au bas, elles sont luisantes et lisses comme une porcelaine de Sèvres. » M. Ch. Lenormant a été moins sévère. Selon lui, « le tableau se distingue par une grande puissance d’effet ; la figure du pontife est remplie d’une majesté simple ; sa mitre et sa chape d’argent, modelées en pleine lumière, n’ont pas plus d’éclat que la nature n’en donne ; les premiers plans ont moins de vérité : ce qui les dépare surtout, c’est la manière uniforme dont les têtes sont construites ; mais la conduite du tableau, tout exagérée qu’elle est à certains égards, révèle dans le peintre une habileté de premier ordre. »

H. Vernet peignit ce tableau à Rome même et l’envoya au Salon de 1831.