Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LABÉDOYÈRE (Charles-Angélique-François HUCHET, comte DE), général français

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 6).

LABÉDOYÈRE (Charles-Angélique-François Huchet, comte de), général français, né à Paris en 1786 d’une ancienne famille de : Bretagne, fusillé dans la même ville en 1815. Il fit les campagnes de 1806 et de 1807 comme gendarme d’ordonnance, devint aide de camp du maréchal Lannes, l’accompagna en Espagne, et fut blessé à la bataille de Tudela (1808). En Allemagne, il monta le premier à l’assaut de Ratisbonne, reçut une nouvelle blessure à Essling, et fut attaché au prince Eugène en la même qualité d’aide de camp. Les campagnes de Russie et de Saxe (1812-1813) lui fournirent de nouvelles occasions de se signaler. Nommé colonel du 112e de ligne, mais blessé grièvement au combat de Colberg (1813), il dut revenir à Paris pour se rétablir. Il épousa Mlle de Chastellux, fille d’un ancien émigré. À la chute de l’Empire, il accepta de Louis XVIII la croix de Saint-Louis et le commandement du 7e de ligne, en garnison à Grenoble. Au retour de l’île d’Elbe, le jeune colonel sortit de la ville, à la tête de son régiment, et alla rejoindre Napoléon à Vizille. « Sire, dit-il en l’abordant, les Français vont tout faire pour Votre Majesté, mais il faut qu’elle fasse tout pour eux. Plus d’ambition, plus de despotisme ; nous voulons être libres et heureux. » À cette harangue, aussi naïve que généreuse, Napoléon ne répondit rien. Le soir même, Grenoble ouvrait ses portes à Napoléon (7 mars 1815). En récompense de cet éclatant service, Labédoyère fut nommé coup sur coup général de brigade, aide de camp de l’empereur, général de division et pair de France. Il fit la courte campagne de Belgique. Après le désastre de Waterloo et l’abdication, il vint défendre à la Chambre des pairs les droits de Napoléon II. Prévoyant l’entrée prochaine des alliés dans Paris, il se demandait ce qu’allaient devenir les défenseurs de la cause nationale, et s’écriait : « Quant à moi, mon sort n’est pas douteux : je serai fusillé le premier. » L’ennemi entre dans la capitale. Labédoyère suit l’armée derrière la Loire. Son nom est inscrit des premiers dans l’ordonnance de proscription du mois de juillet. Fouché lui avait délivré d’avance un passe-port pour passer en Suisse. Arrivé à Riom, il se décide, on ne sait pourquoi, à revenir à Paris. Reconnu, en route, par un colonel de gendarmerie, il fut arrêté en arrivant à Paris, et conduit à l’Abbaye. Ses amis tentèrent, sans succès, de le faire évader. Le conseil de guerre le condamna à mort, malgré les efforts de Benjamin Constant pour le sauver. Le 19 août, il fut conduit dans la plaine de Grenelle, et fusillé. Avant de tomber, il montra au peloton d’exécution la place de son cœur, en disant : « C’est là qu’il faut frapper. » Napoléon III assigna à sa famille une pension de 74, 711 francs.