Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LACOMBE (Rose), héroïne de la Révolution

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 33-34).

LACOMBE (Rose), héroïne de la Révolution, née vers 1770. Elle était comédienne lors des premiers événements de 1789, et quitta le théâtre pour se mêler à tous les mouvements populaires. Elle figurait, habillée en homme, le sabre à la main, dans le cortège qui ramena de Versailles, le 6 octobre 1789, la boulanger, la boulangère et le petit mitron. Au 10 août, elle était au premier rang des combattants et se montra si vaillante qu’une couronne civique lui fut décernée par les fédérés ; elle alla la déposer à l’Assemblée législative. Au 31 mai, membre de la réunion de l’évêché, où fut préparée cette journée si funeste à la République, elle se montra plus énergique que les hommes eux-mêmes, et quels hommes ! Elle fit également partie de la manifestation populaire qui défila, le 26 août 1793, devant la Convention, réclamant la mort des traîtres, l’expulsion des nobles et l’épuration de toutes les administrations. Jusque-là, elle n’avait éprouvé aucun déboire ; en octobre 1793, lors de la mort des girondins, ayant envahi la halle aux poissons à la tête d’une bande de femmes, manifestation dirigée contre les dames de la halle accusées de modérantisme, elle fut moins heureuse qu’aux Tuileries ou à la Convention. Les poissardes, plus fortes que les assaillantes, s’emparèrent individuellement de chaque manifestante et leur appliquèrent, au grand amusement des hommes, une indécente correction.

Au dire de Prudhomme, Rose Lacombe fut dénoncée, à cette époque, comme se livrant à des menées royalistes, ce qui semble inacceptable ; il ajoute que la Convention, fatiguée de ses manifestations continuelles, lui imposa le silence, et, pour lui donner du pain, l’attacha à la police. Il paraît certain qu’elle fut compromise pour avoir aidé un suspect à fuir ; en juin 1794, elle vendait du sucre, du vin et divers comestibles à la porte des prisons. On manque de détails sur la fin de sa vie, qui fut, sans doute, obscure et misérable.