Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS II (Othon-Frédéric-Guillaume), roi régnant de Bavière

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 720).

LOUIS II (Othon-Frédéric-Guillaume), roi régnant de Bavière, né à Nymphenbourg en 1845. Il est fils du roi Maximilien II et de la reine Marie, fille du prince Guillaume de Prusse. Il venait d’être déclaré majeur et se préparait à aller visiter les universités d’Allemagne, lorsque la mort soudaine de son père (10 mars 1864) l’appela au trône. Son avènement ne produisit aucun changement dans la politique soit extérieure, soit intérieure de la Bavière ; il n’y eut qu’une simple substitution de personnes.

La première fois que le jeune roi fit acte indépendant d’autorité, ce fut pour appeler à Munich le compositeur Richard Wagner. Lohengrin était le premier opéra de cet artiste qu’il eût entendu, alors qu’il n’était encore que prince royal, et cette œuvre fit sur lui une impression que les circonstances contribuèrent encore à rendre plus profonde ; car la légende du chevalier du Cygne est intimement liée à l’histoire du romantique château d’Hohenschwangau, où s’étaient écoulées les premières années du jeune roi. Dès son arrivée à Munich, Wagner acquit sur le roi une influence qui n’a pas cessé de s’accroître depuis cette époque. Ami de la solitude, le roi Louis n’a d’autres distractions que la musique, dite de l’avenir, et la lecture des romans. Personne ne peut se vanter d’être son confident, sauf Wagner. Dans les rares circonstances où le roi s’est mêlé de politique, il a fait preuve des idées les plus libérales. Pour ce qui est de la politique suivie par la Bavière dans le conflit austro-prussien de 1866, politique qui a abouti à la conclusion entre la Prusse et la Bavière du traité du 22 août 1866, si désavantageux pour cette dernière, on ne peut réellement pas en faire retomber la responsabilité sur le jeune roi. Il s’efforça, mais en vain, de se soustraire à l’influence prussienne, contre laquelle le pays se prononça vivement lors des élections de 1869, et laissa s’introduire plusieurs réformes libérales. Au commencement de cette année, il fonda un musée de moulages d’après les chefs-d’œuvre de l’antiquité, et fit monter, à ses frais, plusieurs opéras de Wagner.

Lors de la réunion du concile où devait être proclamée l’infaillibilité papale, son gouvernement se prononça avec énergie contre les prétentions ultramontaines, et Munich devint le centre de la résistance aux doctrines du Syllabus. Ce fut là, en effet, que se forma, à l’instigation de Doellinger, le schisme des vieux catholiques. Le 1er mars 1870, le roi Louis dut, malgré ses répugnances, appeler le comte de Bray à remplacer le prince de Hohenlohe, suspecté par les chambres de sympathies pour la Prusse. Quelques mois plus tard, une rupture éclatait entre cette puissance et la France. Le roi Louis et son gouvernement désiraient vivement rester en dehors du conflit ; mais, sous la pression du gouvernement prussien, la majorité des députés consentit à se ranger du côté de la Prusse et à envoyer un contingent au roi Guillaume. Après la prise de Metz, le roi Louis envoya ses félicitations au roi de Prusse (29 octobre 1870), négocia alors l’entrée de la Bavière dans la confédération du Nord, et, pris tout à coup d’enthousiasme pour le prince victorieux, il proposa aux princes allemands de proclamer Guillaume empereur d’Allemagne (7 décembre 1870), Depuis lors, le jeune roi se vit engrené, non sans regret, dans le système prussien, et le parti catholique, qui s’était prononcé contre l’absorption prussienne, reprit une telle influence que plusieurs de ses chefs furent appelés au ministère (août 1871). Ce ne fut pas sans peine que le roi Louis se décida à aller saluer à Ratisbonne l’empereur d’Allemagne, et au mois de septembre 1872, il refusa de se rendre à Berlin pour assister à l’entrevue des trois empereurs. Depuis lors, il s’est tenu de plus en plus sur la réserve à l’égard de la Prusse, a appelé au pouvoir le ministère Gasser, à la fois ultramontain et hostile à l’hégémonie prussienne, a fait une vive opposition à l’adoption d’un système uniforme d’organisation judiciaire mis en avant par M. de Bismark, et a adressé une vive réprimande, en janvier 1873, au bourgmestre de Fussen, pour avoir fêté le prince impérial de Prusse de passage dans cette ville.